En léthargie depuis un bon moment, la coalition Macky 2012 sort de sa torpeur. Aujourd’hui, elle se réunit dans le cadre d’un séminaire organisé à Thiès. Et Selon le président de la Commission orientation et stratégie de ladite coalition, ‘’cette rencontre axée sur le recentrage stratégique va lancer la mobilisation des troupes pour la réélection de Macky Sall en 2017’’. Dans cet entretien avec EnQuête, Abdoulaye Faye revient sur les objectifs de ce séminaire avant de disserter sur la situation du pays qu’il juge difficile.
Macky 2012 organise aujourd’hui un séminaire à Thiès. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à cette rencontre ?
La coalition Macky 2012 a décidé d’organiser ce séminaire de recentrage stratégique pour d’abord remobiliser les troupes pour la réélection du président Macky Sall en 2017, ensuite reconstituer l’état-major politique, partager l’état d’exécution du Programme Sénégal émergent (Pse) et des grandes orientations des réformes institutionnelles et enfin valider le plan d’action pré référendum qui est déjà élaboré et validé par le bureau. C’est l’occasion pour tous les leaders de la coalition ainsi que les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) de se retrouver à Thiès pour discuter des questions stratégiques et d’orientation de la coalition, des axes à définir et surtout valider le plan d’action que nous allons mettre en œuvre juste après le séminaire.
Quel est le contenu de ce plan d’action ?
Pour le moment, je ne peux entrer dans les détails de ce plan d’action qui fera l’objet de discussions et de validation lors de ce séminaire. Mais d’une manière globale, retenez que les grands axes de ce plan d’action s’articulent autour de la mobilisation des troupes et de la reconstitution de l’état-major politique de la coalition. C’est cela qui est aujourd’hui l’objectif de la coalition.
Un nouveau bureau a été mis en place au sein de la coalition. Pourquoi cette réorganisation ?
Depuis le 30 juillet dernier, un nouveau bureau a été mis en place avec la présence de tous les leaders. Parce que nous avons jugé à un certain moment donné qu’il fallait revoir l’état d’organisation de la coalition. Le contexte politique et l’immobilisme de la coalition sur beaucoup de questions a poussé certains leaders à penser qu’il fallait revoir l’orientation et l’organisation de la coalition afin de lui donner un souffle nouveau, pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle. C'est-à-dire accompagner le président de la République. Mais accompagner le président de la République ne signifie pas applaudir à tout rompre, mais d’apporter des éléments de réponse sur certaines questions, et faire des propositions et aider à ce que les populations puissent s’approprier le Pse.
Pensez-vous que Macky 2012 a toujours un poids électoral à même de soutenir Macky Sall ?
Bien évidemment. Macky 2012 reste toujours une coalition forte qui a un poids politique. Maintenant les gens sont libres de penser, à un certain moment de leur compagnonnage avec l’Apr, de trouver un protocole de fusion qui est un choix légitime. Mais ce n’est pas un impact négatif puisque l’objectif de la coalition, c’est d’élargir la base de la mouvance présidentielle.
A ce rythme est-ce que la coalition ne risque pas de se vider de sa substance ?
Non je ne pense pas. Le nombre d’organisations qui sont allées à l’Apr ne fait pas plus de 10. La coalition regroupe plus de 42 organisations composées de partis politiques et de mouvements citoyens. L’écrasante majorité des composantes sont encore au niveau de la coalition et continue encore à jouer un rôle positif. Qu’ils soient partis ou pas, l’objectif reste le même : la réélection du président Macky Sall en 2017. Malgré ces cinq ou six organisations qui sont allées rejoindre l’Apr, la coalition reste forte. Et l’une des questions que nous allons d’ailleurs discuter au séminaire de Thiès, c’est la question de l’ouverture parce qu’il y a énormément de partis et d’organisations citoyennes qui se bousculent aux portes de Macky 2012. Donc on va régler la question de l’ouverture pour recevoir toutes ces organisations qui veulent venir accompagner le président de la République.
Certaines franges de la coalition dénoncent un manque de considération de la part du président Macky Sall. Est-ce toujours le cas ?
La coalition par rapport à cette question a eu, dans le passé, à prendre des positions. Depuis la dernière réunion avec le président de la République, il y a un recentrage par rapport à cette question. Depuis lors, le président a désigné son conseiller politique pour qu’il le représente dans les réunions de Macky 2012. Nous avons désormais une connexion directe et permanente avec le président de la République. D’ailleurs, c’est lui qui a validé le séminaire qu’on tient aujourd’hui. On a dépassé cette étape parce que le président a toujours compris que Macky 2012 est le socle sur lequel il va s’appuyer pour mettre en place un vaste rassemblement en 2017 pour sa réélection.
Le parti Model qui est membre de votre coalition pense que Bby est une alliance de façade qui fait la promotion de la transhumance. Partagez-vous le même avis ?
Je ne partage pas cet avis du Model que je respecte beaucoup. C’est un parti souverain qui a le droit de prendre des positions politiques légitimes et justifiées. Je ne peux pas porter un jugement de valeur sur Bby. Je ne veux pas orienter le débat sur cette coalition. Je refuse même de parler de cette structure parce que c’est lui faire une publicité gratuite. Tout ce que je peux dire concernant la question de la transhumance, c’est qu’on est arrivé à un point où il faut bien analyser le phénomène. C’est un problème que les acteurs politiques doivent avoir le courage de discuter. Ce qu’on appelle aujourd’hui la transhumance doit être revu parce que je ne peux pas comprendre que quand quelqu’un de la mouvance présidentielle décide de rallier l’opposition, on juge que c’est tout à fait normal. Maintenant si quelqu’un de l’opposition rejoint la mouvance présidentielle, on dit qu’il est un transhumant. Il faut qu’on revoie la terminologie de la transhumance. Parce que si la transhumance, c’est quitter un lieu pour aller à un autre, celui qui quitte la mouvance présidentielle pour aller dans l’opposition doit être appelé transhumant.
Quel commentaire faites-vous de l’alliance signée entre Macky Sall et Djibo Leyti Kâ ?
Je me préserve d’apporter des éléments de réponse sur des sujets que je ne maîtrise pas. Je ne sais pas dans quel contexte et dans quelles conditions cette alliance a été nouée. Mais ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui, on a une population très mature qui a apporté des éléments de rupture en 2012. Le contexte d’aujourd’hui n’est pas celui d’Abdoulaye Wade ou d’Abdou Diouf. Cet aspect, les gouvernants doivent l’intégrer dans leur analyse. Si le président de la République pense que Djibo Leyti Kâ peut lui apporter une contribution positive pour la réussite du Pse, pour l’intérêt du Sénégal, rien ne doit l’empêcher de nouer une alliance avec lui.
Quel est votre avis sur la situation du pays ?
Il faut dire les choses telles qu’elles sont. La situation du pays est très difficile parce que nous avons hérité d’un pouvoir qui a été caractérisé par la mal gouvernance dans tous les domaines. Que ce soit dans le domaine social avec la question de l’emploi, les inondations, la crise de l’éducation et autres ou le domaine économique. Il y a des difficultés et il faut oser le dire. Mais il faut oser également dire que le gouvernement, depuis son installation, est en train de mettre en œuvre, dans chaque domaine, un vaste programme pour trouver des solutions durables. Mais il faut avoir le courage de dire aux Sénégalais que ces problèmes ne peuvent pas se régler en cinq ans.