L’ancien ministre tchadien Faustin Facho Balaame a affirmé, jeudi à Dakar, que la répression du régime de Hissein Habré concernait tous les groupe ethniques du Tchad, car l’accusé avait selon lui opéré ‘’une fracture sociale’’ entre le nord et le sud du pays.
‘’La répression concernait tout le monde, Habré régnait par la violence, on a tué dans tous les groupes ethniques, même les Arabes dont certains faisaient partie de l’opposition’’, a t-il dit devant les juges des chambres africaines extraordinaire (CAE).
Selon ce témoin, qui fut ministre du Transport et secrétaire d’Etat du Plan en 1989 sous le régime de Habré, ‘’la répression s’est abattue sur les populations du sud’’.
Il parle de ‘’septembre noir’’ et indique qu’il s’est agi d’un ‘’nettoyage ethnique qui concernait les responsables sudistes’’. ‘’On était devant une situation de terre brulée’’, déclare-t-il encore.
‘’Le régime de Habré était pour nous un régime rebelle, car le gouvernement légal était le Gunt (Gouvernement d’Union nationale de transition)’’, a expliqué Faustin Facho Balaame, 68 ans, avant d’ajouter : ‘’J’ai vécu un régime tribal ethnique’’.
Interpellé sur ses postes ministériels, M. Balaame a indiqué avoir appris sa nomination comme secrétaire d’Etat à la radio, pendant qu’il était à l’étranger.
‘’Je n’avais jamais assisté à un débat du gouvernement de Habré, j’étais un halogène qui a été parachuté’’, explique ce diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, en 1974.
Il a en outre laissé entendre qu’il a fini par accepter ses postes dans le gouvernement pour ‘’travailler à libérer les prisonnier dont ses amis et membres de sa famille’’.
Le témoin, qui se décrit comme un tchadien ’’sudiste’’, a fait 12 ans au Sénégal dans le cadre de sa formation et de son métier d’enseignant et a été un membre actif de la vie politique du Tchad, de 1979 à 1990.
Habré est jugé par les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises pour crimes contre l’humanité, torture et crimes de guerre. Il est inculpé pour des atrocités qu’il aurait commises en dirigeant le Tchad, entre 1982 et 1990.
Quelque 40 mille personnes - dont des opposants - auraient été tuées par son régime, selon des organisations de défense des droits de l’homme.
Hissein Habré, qui a adopté la stratégie du silence, dit ne pas reconnaître les chambres africaines extraordinaires.