A deux semaines de la fête de la Tabaski, ce n’est pas encore le grand rush au niveau des points de vente de moutons aussi bien du coté des éleveurs que des acheteurs. Les quelques vendeurs rencontrés au niveau de quelques sites visités à Dakar se disent, cependant, satisfaits des services municipaux, non sans déplorer le retard de la subvention de l’Etat central sur l’aliment du bétail.
A quelques jours de la Tabaski, de la rue 10 à Blaise diagne, précisément de «Cossane» au rond point de l’Inspection d’académie (IA) de Dakar, sise dans la commune de Grand-Dakar, est entrain de changer de visage. Le long de l’emprise de cette route principale, on «sent» la grande fête musulmane qui s’approche. Des tentes se dressent ça et là et de manière continue de Grand-Dakar à la Zone B. Il s’agit de points de vente peuplés de quelques moutons, particulièrement des béliers «high-class» qui sont hors de portée de «goorgoorlu».
Les troupeaux y sont quasiment absents et les clients se font encore désirés. Le personnel de chaque point de vente se chiffre entre 3 et 5 personnes.
En outre, le minimum de confort est assuré, les tentes sont électrifiées. Ceci pour dissuader toutes velléités des malfaiteurs. Cependant, ce n’est pas encore la grande affluence. Les éleveurs viennent au compte goûte. L’un d’eux, qui a préféré garder l’anonymat, aménage sa tente avec du sable de mer en attendant ses bêtes. A quelques encablures, des éleveurs (déjà bien installés) rencontrés avant-hier, mardi 8 septembre, tirent chapeaux aux collectivités locales qui ont respecté à la lettre les directives du Conseil interministériel sur la Tabaski, notamment à Grand-Dakar où les autorités municipales les ont «gratifiés», en plus de l’exonération des taxes municipales, de l’eau et l’électricité. C’est en tout cas l’avis de quelques éleveurs interrogés à la Zone B et Grand Dakar. Idem sur le plan de l’hygiène publique.
A en croire Ogo Mbaye, éleveur de son état spécialisé dans l’élevage des races de qualité supérieure, les services du ramassage des ordures ménagères évacuent régulièrement les déchets organiques et plastiques conditionnés à l’avance dans des sachets plastiques. Mieux, il indique que la police fait aussi des rondes, même si ce sont eux qui assurent leur propre sécurité la nuit.
Cependant, les éleveurs déplorent le retard de la subvention de l’Etat central sur le prix de l’aliment de bétail. Selon Pape Faye et Abdou Gning, le prix du sac de 40 kg de l’aliment coûte entre 8500 et 9000 francs Cfa et le sac de paille d’arachide est échangé entre 6000 et 6500 francs Cfa. Ces prix exorbitants des aliments de bétail, d’après le dernier nommé venu de Tivaouane dans la région de Thiès, entament la compétitivité de leurs produits devant la concurrence, notamment des éleveurs étrangers (les mauritaniens et les maliens). Pis encore, il soutient que, face au chômage endémique des jeunes et la saturation du secteur informel à Dakar, il (parmi tant d’autres jeunes) s’était «recyclé» dans le secteur de l’élevage afin d’en tirer de quoi entretenir sa famille. Mais l’ouverture du marché des moutons, pendant la période de la Tabaski, annihile tous ses efforts.
DES PRIX QUI VARIENT ENTRE 70 ET 400 MILLE F CFA
En plus de la cherté des aliments, les vendeurs cités ci-dessus se plaignent des frais inhérents au transport, l’entretien du personnel et l’aménagement des points de vente (location de bâches et autres). A les en croire, ces nombreuses charges déteignent sur les prix des bêtes compris entre 70 et 400 mille francs Cfa. Toutefois, la capitale sénégalaise attend encore l’afflux des moutons de Tabaski comme l’avait annoncé le ministre de l’Elevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye, qui a estimé le besoin à 742.000 tètes. Les difficultés de trouver des moyens de transport à bon prix et les hésitations de certains éleveurs encore sous le syndrome de la mévente de l’année dernière (2014) expliquent, de l’avis d’après Peul Nandité (surnom d’un éleveur) le timide convoiement des moutons de Tabaski.
De visu, les points de vente sont essentiellement peuplés de quelques têtes. Et béliers appartiennent, particulièrement, aux races «nobles» communément appelées au Sénégal ladum, azawat et balibali, etc. Des béliers qui ne sont pas à la portée du Sénégalais lambda. Les éleveurs estiment que le rythme des vente est trop faible, c'est-à-dire 1 à 2 moutons écoulés par jour parfois zéro. En atteste, il a été très difficile de voir l’ombre d’un seul acheteur durant cette visite. Les quelques clients qui passent, cherchent juste à avoir une idée des prix proposés, selon les personnes rencontrées.