Le comptable Emanuel Louis Pierre Carvalho a comparu hier pour coups et blessures, devant le tribunal des flagrants délits. Ivre de jalousie, il s’est défoulé sur son ami Sémou Diallo.
C’est vrai, l’ivresse, c’est le dérèglement de tous les sens. Cette assertion d’Arthur Rimbaud a trouvé hier son sens au tribunal des flagrants délits, lorsqu’un homme de 62 ans a comparu pour coups et blessures volontaires. Ivre, il a piqué une crise de jalousie et infligé de graves blessures à son ex-meilleur ami qui a comparu avec des béquilles. Cette violence lui vaut un mois de prison. Tout est parti d’une fête d’anniversaire à laquelle Sémou Diallo a convié Emanuel Louis Pierre Carvalho, puisqu’ils sont amis depuis une vingtaine d’années. Ce dernier s’est présenté à la fête en compagnie de son épouse Mame Astou Guèye.
Au moment de prendre quelques amuse-gueules, cette dernière a commencé par servir l’ami de son époux, Sémou Diallo. Mais Carvalho qui avait déjà forcé sur la boisson alcoolisée, a vu rouge à cause de ce geste. Il s’est mis à traiter sa femme de tous les noms d’oiseaux, en l’accusant d’entretenir une relation amoureuse avec son ami. Cette première crise de jalousie a failli gâcher la fête, mais les autres convives ont réussi à le calmer. Toutefois, c’était sans compter avec la détermination du comptable qui a attendu la fin pour passer ses nerfs sur son ami. Il l’a fauché devant la porte. Cette chute a entraîné de graves blessures qui obligent, depuis lors, la victime à se déplacer avec des béquilles.
Hier devant le tribunal, le prévenu a soutenu qu’il a mal agi sous le coup de l’ivresse. Que le seul souvenir qu’il a gardé de cet épisode est qu’il l’a poussé devant la porte de la maison. Mais la victime s’est inscrite en faux contre cette assertion. ‘’Il m’a fauché par derrière et m’a suivi jusque chez moi’’, a déclaré Sémou Diallo. Il a été conforté par le témoignage d’Aïda Sanou, témoin de l’altercation. ‘’Il a commencé par attaquer sa femme, en lui disant que Sémou la draguait. Cependant, on était loin de se douter qu’il allait agresser son ami pour une histoire aussi banale’’, a laissé entendre la dame.
Ensuite, le juge a demandé au prévenu s’il s’était effectivement querellé avec sa femme. Il a tout nié en bloc et sollicité sa comparution. Madame Carvalho a alors, comme on s’y attendait, défendu son mari à la barre. ‘’Ce n’était pas une dispute, mais un petit échange entre mari et femme qui ne devait pas être aggravé. D’ailleurs, c’est pour qu’il reste calme que j’ai pris le soin de rentrer tranquillement. C’est pourquoi l’altercation ne s’est pas déroulée sous mes yeux’’. Mais sans la laisser poursuivre ses explications, le procureur lui a rétorqué que le tribunal comprend nettement sa position. Qu’elle devait toutefois dire la vérité.
Ainsi, le maître des poursuites a soutenu que le prévenu ne pouvait pas se cacher derrière son état d’ivresse pour tenter de statuer son acte, puisqu’il s’est rendu ivre volontairement. Il a requis deux mois ferme. Mais son conseil Me Michel Ndong a rétorqué au procureur qu’on ne se rend pas volontairement ivre : ‘’L’ivresse nous rattrape’’, a-t-il clamé. L’avocat a ajouté qu’il s’agit d’un simple incident et que les deux protagonistes sont de véritables amis. Pour terminer, il a demandé une application bienveillante de la loi.
Finalement, son ivresse lui a causé un mois de tristesse à la maison d’arrêt de Reubeuss, sans compter le montant d’un million 500 mille F CFA à payer pour toutes causes et préjudices confondus…