Les avocats constitués pour la défense de Habré persistent dans leur boycott. Mes Ibrahima Diawara et François Serres n’ont pas mis les pieds, hier, à l’audience. Régissant au déroulement du jugement, ils ont déclaré craindre une «mort subite» de leur client. Selon Me François Serres, l’état de santé de son client n’est pas compatible avec les servitudes et les rigueurs d’une comparution.
L’avocat a interpellé le président de la République ainsi que le ministre de la Justice qu’il tiendrait «responsable de tout ce qui arrivera à Habré». «Le président Macky Sall et le ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, sont personnellement responsables de la santé et de la vie du président Habré. Je crains qu’il meurt en pleine audience», a-t-il confié à la presse. «On nous cache le rapport médical qui a été rendu sur l’état de santé de notre client», a encore regretté Me Serres qui s’exprimait dans le hall du palais de justice Lat-Dior de Dakar.
L’avocat a estimé, en outre, que la situation sanitaire de son client est dégradante et sa vie en danger. Chose pour laquelle il en appelle à une protection de l’Etat du Sénégal. «Nous sommes en face d’une situation de violence absolue, contre laquelle la défense de Habré réagit avec beaucoup d’indignation. Le président Gberdao Gustave Kam s’est inscrit dans une logique de mensonge. Il a menti en prétendant que Habré avait été amené de son plein gré au Tribunal. C’est un pur mensonge!», a dénoncé Me Serres.
Au final, l’avocat d’indiquer que son client a été «extrait» de force, brutalisé puis malmené. «Je n’ai jamais vu ça ! Aujourd’hui, Habré est maintenu de force entre trois ou quatre gardes pendant la lecture de l’acte d’accusation. On constate que les avocats commis d’office sont aussi des complices de l’accusation, en prétendant qu’ils n’ont rien à y voir», a-t-il déploré.