A quelques jours de la reprise du procès de l’ancien Président du Tchad prévu le 7 septembre, l’Association des victimes de crimes du régime de Hissein Habré (Avcrhh) rappelle à l’opinion les raisons qui l’a poussée à demander justice. Sept victimes (Clément Abaifouta, président de l’Avcrhh, Fatimé, Sakiné, Ousmane, Abakar, Souleymane Guengueng et le Sénégalais Abdourahmane Guèye), parmi le 4 445 présumés victimes qui se sont constituées parties civiles, sont actuellement à Dakar pour les besoins du procès. Devant la presse hier, chaque victime a raconté «l’horreur» vécue dans les geôles du régime de Habré. Elles disent avoir perdu des époux, des mères et des frères, entre autres.
Après 25 années de lutte, elles veulent que justice leur soit rendue et restent déterminées à l’obtenir. «N’en déplaise, souligne le président de l’Association des victimes, aux souteneurs de Habré.» Faisant allusion aux propos de l’écrivain Moriba Magasouba qui a soutenu que les victimes sont une machination des organisations internationales, Clément Abaifouta soutient que «les souteneurs de Habré faussent le débat». «Ils devraient venir nous dire que Hissein Habré n’a pas été Président du Tchad et pendant son règne, la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds) n’a pas existé, la garde présidentielle non plus. Que des gens ne sont pas morts. Egalement, les 8 prisons dans la ville de Ndjamena n’ont pas existé», vocifère-t-il. «Ces gens-là, je les invite à visiter le Tchad d’abord au lieu de rester au Sénégal à écrire des livres», peste-t-il.
Quid de l’attitude de Habré qui refuse de parler devant la barre ? «On ne s’en préoccupe pas. Son refus de parler est comme une fuite en avant pour ne pas avoir à répondre de ses actes. Il dit partout qu’il est innocent et que nous sommes des victimes fabriquées. J’attends qu’il me le dise devant la barre s’il est courageux», argue le président de l’Association des victimes. Poursuivant son propos, il s’interroge : «De quoi a peur l’ex-Chef suprême des armées ? Des gens qu’il a chosifiés et pris en otage pendant 8 ans ?»