Un atelier sur «l'étude diagnostique des cadres de concertation sur les changements climatiques, la pêche et l'environnement marin et côtier au Sénégal» a réuni hier, vendredi 14 février , à Dakar, tous les acteurs de la pêche et du changement climatique. Lors de cette rencontre consacrée au partage des résultats de cette étude, un expert a mis en garde sur les menaces négatives que présentent les effets du changement climatique sur le futur de ce secteur de la pêche au Sénégal.
Le secteur de la pêche est parti pour vivre la pire crise qu’il n’ait jamais traversée. Si rien n’est fait, d’ici quelques années, le phénomène de changement climatique va impacter négativement la production de ce secteur nourricier de plus 77% de la population sénégalaise. D’après les résultats de «l’étude diagnostique des cadres de concertation sur les changements climatiques, la pêche et l’environnement marin et côtier au Sénégal», la menace climatique sur l’avenir de ce secteur de la pêche est réelle.
Ces conclusions présagent même une accentuation de la crise de raréfaction de la ressource à laquelle fait face non seulement les acteurs de ce secteur mais aussi les ménages. Présentant sa communication sur les changements climatiques dans ce secteur à l’atelier consacré au partage des résultats de cette étude avec l’ensemble des acteurs de la pêche et du changement climatiques au Sénégal hier, vendredi 14 février, dans les locaux de la Direction de l’environnement et des établissements classée (Deec), Gabriel Sarr, expert au Comnacc, a mis en garde contre les effets du changement climatique sur l’avenir de ce secteur de la pêche au Sénégal.
Persuadé que ce phénomène représentera un grand défi pour le Sénégal dans les prochaines années, Gabriel Sarr a indiqué que les conséquences seront globales. Hausse des températures marines, augmentation du taux de salinisation des eaux marines, accroissement de l’érosion marine et avancée du niveau de la mer, baisse du niveau des fleuves et des ressources halieutiques, tels sont entre autres : risques qui pèsent sur l’avenir de la pêche sénégalaise dans les prochaine cinquante ans d’après cet expert du Comnacc.
«Si rien n’est fait pour amoindrir les effets de ce phénomène, le changement climatique va favoriser la hausse des températures marines qui, elles entraineront la baisse de la production de phytoplancton, aliment de base des espèces halieutiques) au large des côtes sénégalaise. Cette situation aura pour conséquence l’éloignement des poissons de nos côtes.
L’autre risque que représente ce phénomène est la modification des courants marins dont la conséquence sera sans doute la salinisation des eaux mais aussi les perturbations du régime fluvial par envasement et ensablement des cours d’eau avec baisse début fleuve comme c’est le cas au fleuve Sénégal. Il faut aussi noter que la disparition bande de sable à la pointe de Sangomar au niveau des iles du Saloum d’ici quelques années n’est pas écartée, prévient-il.
Confortant cette thèse, Wack Ndiaye, spécialiste des pêches au niveau du projet Usaid Confish assure que les changements climatiques ont un impact négatif sur les populations des zones côtières mais aussi sur la ressource. «On sent une baisse drastique des captures au niveau des débarquements. On a plus des espèces qu’il faut. Et cela oblige des pêcheurs à déployer beaucoup d’efforts (financiers et matériaux) pour pouvoir trouver les rares poissons qui sont localisés très loin».
Pour conjurer ce mauvais sort, Madeleine Diouf Sarr, coordonnatrice de la division changement climatique à la direction de l’environnement préconise un recensement du stock disponible et l’instaurer du repos biologique ainsi que des aires marines protégées à l’échelle national voire sous régional pour préserver la ressource.
Financée par le projet Usaid/Comfish, cette étude est réalisée par le Comité national de changement climatique (Comnacc) et porte sur l’ensemble des pêcheries établis le long des 700 km de côtes sénégalaises.