Ceux qui s’inquiétaient de perdre leur numéro de téléphone mobile en changeant d’opérateur peuvent se rassurer. La portabilité est en vigueur depuis hier. Elle permet aux abonnés de se mouvoir à l’envi dans différents réseaux de téléphonie en conservant leurs identifiants. Un paramètre qui va doper la concurrence chez les prestataires de services.
70 pour Expresso, 76 pour Tigo, 77 et 78 pour Orange. Depuis hier, ces préfixes des numéros de téléphone ne servent plus à indiquer l’appartenance à tel ou tel opérateur. La portabilité est passée par là. Les quelques 15 millions d’abonnés aux services de téléphonie mobile sont désormais propriétaires de leurs numéros de téléphone. Mieux, la portabilité leur offre la possibilité de migrer d’un opérateur à un autre tout en conservant leur identifiant. Initiée en octobre 2013 avec le lancement officiel du processus de mise en œuvre, la portabilité est entrée en vigueur depuis hier. La procédure est très simple.
‘‘Le consommateur qui souhaite porter son numéro devra juste se rendre dans une agence de l’opérateur vers lequel il veut s’abonner (opérateur receveur). Il devra remplir le formulaire nécessaire à cet effet et une nouvelle puce lui sera remise. Son nouvel opérateur, dans les 24 heures qui suivent l’acceptation de sa demande, s’occupera de toute la procédure gratuitement’’, explique le directeur de l’Agence de régulation des télécommunications et postes (ARTP), Abdou Karim Sall, lors de la cérémonie de lancement de la portabilité hier à Dakar.
Le client au centre du jeu
Cette décision offre une marge de manœuvre conséquente au client, et dope une concurrence, surtout dans l’offre d’un service de qualité. Le consommateur, après une première opération de portage, peut en faire une autre vers un autre opérateur, mais dans un délai de trois mois suivant le dernier changement. ‘‘Aujourd’hui le consommateur est roi. Nous allons lancer ‘l’opération Tokhou’ (Ndlr : migration) sur l’ensemble du territoire national. Celui qui ne voyage pas ne saura pas si là où il habite est agréable ou pas. C’est pourquoi nous y invitons tous les consommateurs pour pouvoir découvrir des services améliorés, une concurrence plus saine. Nous avons reçu tellement de plaintes des Sénégalais sur la durée de validité du crédit. Les consommateurs doivent pouvoir migrer vers un autre opérateur qui va leur proposer un crédit qui dure indéfiniment.
Après ils pourront juger par eux-mêmes quelle est la meilleure qualité de service’’, lance le président de l’association des consommateurs sénégalais (Ascosen), Momar Ndao. Son homologue de la Ligue des consommateurs sénégalais, El hadji Niang, prône la préservation totale de cette mesure : ‘‘Ceci est une décision salutaire qu’il faudrait protéger. C’est l’aboutissement d’un grand combat pour défendre la liberté individuelle du consommateur. La protection de la portabilité doit être une condition inviolable pour que les opérateurs ne puissent suspendre le numéro en guise de sanction. Il faut que se pérennise ce droit fondamental’’, a-t-il déclaré. Mais pour le président de l’Ascosen, tout dépend du consommateur et de la vigilance de l’ARTP à contrôler les règles du jeu. ‘‘La force revient au consommateur qui est au début, au centre et à la fin de toute opération économique. Le gendarme c’est l’ARTP, tous les opérateurs sont d’accord. Ceux qui ne le seront pas seront mis sur le droit chemin. Force reste à la décision de l’ARTP’’, prévient-il.
Offres de service variées
Si dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Nigeria, L’Egypte, le Ghana, la portabilité s’est faite avec une expertise étrangère ; au Sénégal, c’est l’expertise locale qui a réussi le pari. Le passage à la portabilité s’est fait avec la jonction de tous les acteurs du secteur de la télécommunication. A côté du comité de pilotage de l’ARTP, les quatre sous-comités (juridique, technique, économique, ‘‘Process et parcours client’’) ont été répartis entre les différents opérateurs. Ces derniers estiment que la portabilité va redéfinir les termes de la concurrence. Une opportunité dans un marché en pleine croissance.
A la date du 31 décembre 2014, le parc mobile du Sénégal est estimé à 147 millions 273 mille 269 de lignes pour un taux de pénétration de 106,45%. Le DG de Sentel GSM (Tigo), Diego Camberos, a déclaré que la portabilité les ‘‘oblige à une plus grande qualité de service’’ face à une liberté du client de se mouvoir librement. Même son de cloche chez le directeur général adjoint de la Sonatel M. Marini pour qui tout utilisateur a le loisir, en se basant sur la qualité des services offerts, de déterminer son opérateur de choix. ‘‘Nous sommes ravis que les clients puissent bénéficier de ce service. Maintenant il sera question d’une concurrence saine et efficace’’, a-t-il conclu.