L‘appropriation nécessaire pour porter la portabilité des numéros de téléphone au Sénégal ne peut avoir lieu, car il n’y a pas eu de préparation et de campagne sociale nécessaire pour cela, fustige Cicodev.
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) procède au lancement de la portabilité des numéros de téléphone aujourd’hui. Une innovation longtemps attendue par les consommateurs. Mais de l’avis des responsables de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique), c’est une «opportunité ratée». Mieux, explique l’organisation que dirige Dr Amadou Kanouté, «l’appropriation nécessaire pour porter ce genre d’innovation ne peut avoir lieu, car il n’y a pas eu de préparation et de campagne sociale nécessaire pour cela. L’Artp n’a prévu qu’une réunion avec les consommateurs et à la veille du lancement de la portabilité au Sénégal, avec comme objet les informer des ‘’enjeux de la portabilité, les différentes étapes du projet et du lancement’’». Le directeur exécutif s’interroge sur la «stratégie de communication mise en place pour les consommateurs prépayés qui constituent 90% des usagers pour les informer de ce qu’est la portabilité, comment y recourir, les pièges à éviter, les convaincre de sa pertinence et les préparer à son utilisation effective. En un mot, les pousser à s’approprier la portabilité». Pour lui, «c‘est un travail de proximité, d’information et d’éducation sur les enjeux de la portabilité qu’il aurait fallu faire, au moins un mois avant le lancement, comme ce fut le cas pour l’identification des numéros».
Ils relèvent tout de même «quelques panneaux publicitaires ici et là sur les grandes artères et dans les quartiers huppés, quelques bandeaux à la Une des journaux et les sites web, un article sur le site de l’Artp». Mais, juge Cicodev, cela n’est ni «suffisant» ni «efficace», encore moins «efficient». En effet, argue l’organisation, «ces supports s’adresseraient peut-être plus aux usagers du post payé. Cela risque de faire paraître et de réduire la mise en place de la portabilité à un artifice juridique pour attirer un autre opérateur sur le marché et faciliter ainsi la vente d’une quatrième licence. Ce serait dommage, car nous voulons un vrai environnement concurrentiel, une portabilité portée par les consommateurs. C’est comme ça que nous pourrons contrecarrer l’argument que ne manqueront d’utiliser les critiques de la portabilité en réduisant l’innovation au nombre de numéros portés».
L’objet de la portabilité, renseigne-t-elle, «c’est de donner la possibilité à l’usager de se savoir libre de migrer vers un autre opérateur quand il sait que l’autre fait mieux. C’est l’opérateur qui lui ‘’court après’’ et non plus le contraire. Il n’est plus un client captif d’un opérateur». Aussi, mentionne le communiqué, «la portabilité est une fonctionnalité qui rend le marché plus compétitif et renverse la logique et la stratégie de l’opérateur en l’obligeant à mettre l’accent autant sur le ’’recrutement’’ que sur la ’’rétention du client”. Donc, sa stratégie sera basée plus sur un meilleur service : la qualité, les tarifs et la couverture du territoire deviennent les leviers pour attirer et retenir les clients. Sous cette perspective, même si c’est un seul usager qui a effectivement fait le portage de son numéro, c’est un succès, car cela pourrait signifier que les opérateurs ont fait les efforts nécessaires pour retenir leurs clients».