Les commerçants du populeux marché de Thiaroye Gare ont décidé d’observer une grève illimitée, à partir d’aujourd’hui. Ils refusent, à partir de maintenant, de payer la taxe municipale et attendent des autorités la réhabilitation de la route 103 qui passe devant le marché. Ils dénoncent aussi l’insalubrité et l’augmentation des taxes municipales.
‘’C’est très difficile d’accéder au marché, avec cette route cahoteuse (communément appelée route 103). Nous voulons que le maire saisisse l’Ageroute. Qu’elle vienne la construire, car elle occasionne un manque à gagner énorme. En plus, il y a les eaux de pluies qui stagnent depuis longtemps. Vous l’avez constaté, le marché est devenu inaccessible. Il est presque fermé. Les commerçants sont en faillite car ils ne voient plus de clients.’’ Cette situation leur a causé beaucoup de préjudice lors de la Korité. Ils redoutent la même chose pour la Tabaski. ‘’C’est fort de tout cela que nous allons observer une grève illimitée jusqu’à obtenir gain de cause’’, annonce Ousmane Fall, président de la section Unacois/jappo de Thiaroye Gare.
Les commerçants ont organisé hier un grand rassemblement. Arborant des brassages rouges et déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique, ils ont juré de ne plus s’acquitter de leurs taxes municipales, tant que la route qui passe devant leur marché et qui fait fuir leurs clients ne sera pas réhabilitée. ‘’Tant que nous n’aurons pas gain de cause, on ne va payer aucune taxe municipale. C’est sûr et certain. Le marché de Thiaroye pèse lourd, en matière d’investissements. C’est l’un des plus grands marchés de l’Afrique de l’ouest. En terme de taxe, les commerçants font entrer plus d’un million par jour. Les taxes ont été augmentées de 120 F à 150 F par les autorités municipales. Nous sommes des milliers de commerçants’’, a dit M. Fall.
Hormis les désagréments causés par la route, le marché a d’autres problèmes qui ont pour noms : insalubrité et insécurité. ‘’Il y a un problème d’insécurité et d’insalubrité dans ce marché. Les tas d’ordures sont un peu partout. On n’arrive plus à vivre en bonne santé. Il y a pas mal de personnes qui passent tout leur temps à tousser, à cause de la poussière. Les risques de tomber malade dans ce marché sont énormes’’, selon le responsable syndical. Qui interpelle le maire pour que les travaux de réfection de cette route démarrent le plus rapidement possible. ‘’On n’en peut plus. Ce qui est sûr, c’est que le financement a été donné. A l’époque de la gestion du maire Pape Sagna Mbaye, un accord avait été trouvé pour sa construction. Mais depuis lors, rien n’a été fait dans ce sens. Le financement de la route en question a été bloqué par le maire qui a écrit une correspondance à l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye pour dire que cette route ne doit pas être réhabilitée. Il parlait d’un plan directeur qui date de 2004.’’ Les commerçants de Thiaroye comptent ne plus participer aux recettes municipales jusqu’à obtenir gain de cause, affirme Dr Assane Ka, Président de l’Unacois du département de Pikine, venu prendre part au rassemblement.
‘’Nous allons prôner le dialogue’’
La mairie de Thiaroye Gare estime, de son côté, que les commerçants sont dans leur droit, en allant en grève. Mais elle prévient que le commerçant qui ouvrira sa boutique va payer. ‘’La route 103, depuis l’indépendance, on en parle. C’est notre principal problème, à Thiaroye. Si l’Etat nous aide à la réhabiliter, ce sera une bouffée d’oxygène pour nous’’, sollicite Aliou Sidi Ba, 1er adjoint au maire de Thiaroye. ‘’Comment une mairie qui a un budget de 800 millions peut construire une route à coup de plusieurs milliards ? Nous allons essayer néanmoins de trouver un consensus. C’est leur droit le plus absolu d’aller en grève, mais une fois qu’ils ouvrent, ils vont payer les taxes. Nous allons prôner le dialogue’’, dit-il. Concernant les autres doléances, il souligne que la mairie fait de son mieux. ‘’Nous sommes en train de trouver des solutions pour régler cette question de réfection de la route, mais aussi de régler celle de l’insalubrité. Nous demandons à l’Etat de nous aider.’’