Plusieurs symboles et doctrines ont dominé pendant des décennies la société chinoise traditionnelle, à travers des objets culturels, des systèmes de droit, des pensées et des conceptions du monde, a fait savoir, lundi à Pékin, l’universitaire Li Chunhua, vice directeur de l’Académie culturelle de l’Administration centrale de Chine.
‘’Dans la Chine ancienne, il existait beaucoup de doctrines comme le confucianisme dont les bases sont les rites, la loyauté et la piété filiale’’, a renseigné M. Chunhua qui présentait un cours sur le reflet de la culture chinoise sur ’’la restauration du patrimoine culturel’’ à des stagiaires de pays francophones d’Afrique.
Le confucianisme qui a existé 51 ans avant Jésus-Christ et connu son déclin en 479, avait établi une série de règles morales pour la société chinoise traditionnelle.
‘’Même aujourd’hui, les chinois sont influencés par cette doctrine’’, a indiqué le professeur.
En guise d’exemple, il évoque une citation de cette école de pensée selon laquelle : ‘’on doit aimer son prochain comme soi-même, ne pas lui faire ce qu’on n’aimerait pas que l’on nous fasse’’.
Toujours dans la société chinoise antique, le rite, une des valeurs de cette doctrine, était plus important que le système juridique. ‘’Le système de droit n’était pas très parfait alors que les valeurs confucéennes étaient fondamentales’’, a souligné Li Chunhua.
Il a ajouté que les jugements se faisaient en fonction du rite à côté duquel existe un deuxième fondement de cette école de pensée qui est la piété filiale considérée comme la valeur la plus importante.
La Chine ancienne était une société agricole et la famille constituée, une unité de production, a indiqué l’universitaire qui a rappelé que cette relation a permis de rendre stable la société pendant des millénaires.
‘’La Chine était une société renfermée sur elle même et ne recevait aucune influence du monde extérieur’’, a précisé le vice directeur.
L’autre aspect de cette piété filiale, concerne la fête du printemps qui se tient entre janvier et février où, les familles se replient dans leurs villages d’origine et restent une semaine durant avec leurs proches, a t-il expliqué.
La troisième valeur de la doctrine confucéenne est la fidélité qui est un moyen de maintenir, selon lui, le règne de l’empereur. ‘’Dans les écrits chinois, on retrouve beaucoup d’histoires d’empéreurs qui ont sacrifié leur vie pour la cour’’, a fait savoir, l’universitaire, invitant les chinois à rester honnêtes et fidèles.
D’autre part, il a indiqué que dans la société chinoise ancienne, les femmes étaient isolées, ne disposaient d’aucune liberté d’agir. ‘’Elles avaient des pieds pendus car, aux yeux des chinois, les pieds des femmes sont plus esthétiques que le reste du corps’’, a t- il rapporté.
Toutefois, tout a changé actuellement avec l’égalité des droits entre femmes et hommes, a indiqué l’universitaire qui rappelé la naissance, au début du 21ème siècle, d’un grand mouvement qui critiquait les pensées du confucianisme.
Une rupture venait ainsi d’être opérée et il était alors difficile, face à ce phénomène, de restituer la culture traditionnelle qui, pourtant ’’dispose de valeurs positives qui méritent d’être mises en valeur comme la fidélité, la loyauté’’, a indiqué le professeur.
Parlant de la culture contemporaine, l’universitaire a souligné qu’elle a beaucoup changé avec la réforme et l’ouverture de la Chine, qu’elle s’est diversifiée avec la critique et l’héritage de la culture traditionnelle mais aussi soviétique, européenne et américaine.
‘’Ces différentes cultures s’affrontent et se fusionnent pour composer un système organique ‘’, a ajouté, Li Chunhua.
Ainsi, de 1948 à 1978, le régime culturel national dominant est la pensée du père de la République populaire de Chine, Mao Zedong, dont la doctrine s’appuyait sur l’art et la littérature.
De 1978 à aujourd’hui, Deng Xiaoping continue dans le sillage de la pensée de Mao dont le règne était caractérisé par une ouverture vers le monde extérieur, a indiqué M. Chunhua relevant que l’art et la littérature sont au service du peuple, du socialisme.
La société chinoise contemporaine est caractérisée par le marxisme qui constitue sa référence de politique nationaliste et de développement social, la culture de l’élite incarnée par les penseurs, chercheurs et universitaires et la culture de masse qui correspond à l’économie du marché et à la société de consommation.
Ce stage d’un mois dans la capitale chinoise concerne 26 participants venus de huit pays d’Afrique francophone : Bénin, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Ile Maurice, Mali, Maroc, Niger et Sénégal.