Plus d’un an après sa nomination, Anna Semou Faye incarne encore l’image du renouveau de la police au regard de l’histoire de la drogue, qui a entamé la crédibilité de la corporation. Certains de ses collègues lui rendent hommage, allant même jusqu’à se demander qui après elle ?
Il y a des situations ou parfois, le malheur est vivement souhaité. En tout cas, ce n’est certainement pas dans la police qu’on dira le contraire. Qui ne se rappelle pas en effet, de la fameuse histoire de drogue, qui a rudement entamé la crédibilité de ce corps de l’Etat ? Des accusations et des contre accusations de trafic de drogue ont terni l’image des policiers et remis notre sécurité intérieure en question.
Un moment, le chef de l’Etat n’avait pas d’autre choix que de se séparer du Commissaire Abdoulaye Niang, fraîchement nommé, mais dont de forts soupçons de connivence avec des trafiquants de drogue nigérians pesaient sur lui. C’est contre toute attente, que Macky Sall a finalement porté à la tête de la police, une dame. Ce fut la première fois au Sénégal, qu’on nommait une femme en l’occurrence Anna Sémou Faye, pour présider aux destinées de ce corps, qui a pourtant ouvert ses portes aux femmes depuis 1982.
Que d’incertitudes au début ! Peu d’observateurs pariaient en effet sur la réussite de la native de Joal. Pour beaucoup d’ailleurs, Anna Sémou Faye allait tout bonnement échouer dans la mission à elle confiée, qui consiste à redorer le blason de la police. Certains lui prédestinaient un magistère très difficile, puisque devant faire face à des officiers supérieurs peu scrupuleux et à la réputation très sulfureuse. Des officiers qui feraient tout pour gérer leur business dans la police.
Mais plus d’un an après sa nomination, le commissaire Anna Semou Faye peut s’enorgueillir d’un «bon bilan». Plusieurs confidences de policiers font état d’une «dame foncièrement attachée à la justice et à la démocratie». Un camarade de promotion de la Directrice générale de la police nationale confesse : «Ceux qui ont véritablement connu cette dame, savent qu’elle va réussir sa mission. Anna Sémou Faye est juste, elle est une battante et elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds. C’est avec fermeté, qu’elle exerce toujours son autorité. A mon avis, le président de la République ne pouvait pas faire un meilleur choix que celui-là.»
Qui après Anna ?
En effet, à peine est-elle nommée, qu’elle rétablit la justice sur les missions à l’étranger. Plus personne, décide-t-elle, n’ira en mission deux fois de suite en l’espace de moins de deux ans. Un commissaire à la police explique : «C’est depuis qu’elle est là, que les missions sont réglementées. D’habitude, c’était de l’arbitraire, on voyait quelqu’un aller en mission deux fois de suite sur aucune base, alors que d’autres sont laissés en rade. Mais avec elle maintenant, c’est la transparence.» Même les auxiliaires de police vont maintenant en mission, sans compter également les femmes. Celles-ci, dit-on, n’ont jamais mis les pieds dans les missions, mais c’est avec l’avènement du Commissaire Anna Sémou qu’elles sont intégrées dans les missions. Aussi, raconte-t-on, jamais la Dgpn n’a été aussi proche de ses hommes : «Elle fait le tour des commissariats, pour être au fait des conditions de travail entre autres et cela remonte fortement le moral de la troupe.»
Ce n’est pas tout. Des confidences parlent de son «ambition» de renforcer les ressources humaines de la police et surtout de sa «détermination» à obtenir la «retraite militaire» pour les policiers. «Elle en a fait son cheval de bataille, elle mène le plaidoyer, parce que la loi existe. Elle veut vraiment faire bénéficier aux policiers, la retraite militaire plutôt que la retraite civile», se félicite un gardien de la paix.
Naturellement, ces «avancées» ne peuvent pas plaire à tout le monde. Si ce ne sont pas des peaux de banane dans le commandement, ce sont des calomnies dans la presse. Mais Anna Sémou Faye est restée imperturbable dans ses missions, nous confie-t-on.
Bien d’autres changements ont été constatés dans la police, depuis l’arrivée du commissaire Anna Sémou Faye comme la démocratie dans la gestion des effectifs ou encore dans les affectations. Ce qui lui vaut beaucoup de «félicitations» et des «encouragements» de la part de ses hommes, qui se posent anxieusement la question de savoir qui après elle ?
Peut-être bien l’autre «dame de fer» de la police : commissaire de classe exceptionnelle Joséphine Sarr, aujourd’hui détachée à l’Agence pour la sécurité de proximité (Asp). Elle jouit également de la même réputation que commissaire Anna Semou Faye. Des policiers la jugent «trop disciplinée et très rigoureuse en plus d’avoir fait de grandes écoles». Ce n’est pas pour rien d’ailleurs, qu’elle a été commissaire centrale de Dakar, directrice de l’Ecole nationale de police ou encore directrice du personnel de la police pendant une durée de trois ans.
Selon certains policiers, elle est la seule à être capable aujourd’hui, de remplacer la Dgpn pour maintenir le flambeau de la police et le préserver du…mal.