Rendu tristement célèbre par le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, l’adjudant de police Tombong Oualy savoure le goût de la liberté, depuis sa sortie de prison ce mercredi 26 août. Le Doyen des juges a ordonné sa libération le 20 août dernier. Il revient sur son incarcération.
Enfin libre ! Parents et voisins du célèbre détenu Tombong Oualy ont exulté, hier, suite à la libération tant attendue du jeune homme, en détention préventive depuis octobre 2015. Il avait été placé sous mandat de dépôt, après avoir été désigné comme le meurtrier du l’étudiant Bassirou Faye. Hier, de retour chez lui, Tombong Oualy s’est évertué à faire preuve de sérénité, malgré l’euphorie qui a accompagné sa libération. L’allégresse était bien au rendez-vous chez sa mère, à l’immeuble Momar Marième Diop, sis à la rue 44x49 à Colobane, un quartier de Dakar.
‘’J’ai été rendu tristement célèbre par ce dossier judiciaire. Je rends grâce à Dieu d’avoir pu recouvrer la liberté. Je pense qu’il faut, à présent, savoir raison garder, faire preuve d’humilité et de retenue, car l’affaire n’a pas encore connu son épilogue’’, souligne Tombong Oualy alias Thomas Sankara, du nom de l’ancien président Burkinabé assassiné en 1987. ‘’J’ai beaucoup d’admiration pour cet homme, mais si j’ai rêvé de célébrité, c’était dans le bon sens. Je ne pensais aucunement friser la popularité de cette manière. Mais vu qu’on ne peut infléchir le destin, je trouve que cette expérience est une épreuve de la foi. La prison a raffermi ma foi en Dieu.’’
C’est un jeune homme d’une forte corpulence, ragaillardi par les retrouvailles familiales, avec un visage rayonnant, qui s’est prêté, très à l’aise, aux questions des journalistes. Le discours est limpide avec un français châtié, mais les phrases sont souvent très brèves. Avec un regard très perçant, ce jeune homme de caractère réfléchi évite de glisser sur un terrain sinueux. Il n’est pas prolixe sur certaines questions. ‘’C’est vrai que beaucoup d’informations contradictoires ont circulé mais j’ai toujours accepté les choses avec philosophie’’, se contente-t-il de dire. A la question pourquoi le choix porté sur sa personne comme étant le meurtrier de l’étudiant en Mathématiques, sa réponse a été cette fois encore brève. ‘’Je ne saurais y répondre. Il y a eu beaucoup d’émotions, mais l’essentiel est que la vérité puisse triompher.’’
‘’Voir ma mère souffrir me déchirait le cœur’’
Pour autant, Tombong Oualy a souffert en prison, à l’idée de la souffrance intense que sa situation infligeait à sa mère qui s’est sacrifiée pour réussir leur éducation. Mais, poursuit-il : ‘’J’ai toujours cru en la justice de mon pays. J’étais convaincu que la vérité finirait par jaillir. Voir ma mère souffrir me déchirait le cœur. Sinon, j’étais persuadé que j’allais être, tôt ou tard, libéré et blanchi, car jamais je n’ai tiré sur l’étudiant Bassirou Faye. J’ai profité de mon séjour en prison pour apprendre l’arabe et raffermir ma pratique religieuse, soutenu par l’imam de la Mosquée du Camp pénal.’’
Pour Tombong Oualy, le séjour en prison n’a été, en aucun moment, déstabilisant. ‘’Je ne sentais même pas que j’étais en prison. J’ai eu droit à des moments de spiritualité très intenses.’’ Il s’y ajoute qu’il n’a jamais fait l’objet de maltraitance ou de pression. Quid du silence de sa hiérarchie, suite à son arrestation ? ‘’Rien à dire’’, a été sa réponse. Pour l’heure, le jeune homme dit se projeter vers l’avenir, avec plus d’optimisme. ‘’Je rêve de servir ma nation à des degrés très élevés. La première chose que je compte faire, c’est de renforcer mes capacités intellectuelles et professionnelles, en vue de contribuer au développement de mon pays.’’
Une page qui se renferme pour cet ancien étudiant en Droit à l’Ucad qui a payé cher sa présence sur les lieux, le 14 août dernier, alors qu’il n’était pas de service, ce jour-là. ‘’Sa passion pour la police est très grande’’, nous confie son oncle Moussa Mbaye, heureux de constater, comme d’autres, que le jeune natif de Colobane n’a pas dépéri en prison.
Sa maman : ‘’Il a essayé d’être courageux, mais…’’
Soulagée, sa maman, Marième Sy, reste constante dans ses propos. ‘’Je m’en suis toujours remise à Dieu. Je ne peux que Lui rendre Grâce. Justice nous a été rendue par la Grâce de Dieu. J’ai toujours encouragé mon fils à prier, à faire preuve de rectitude et à placer toute sa confiance en Allah. Cela a été très dur. Il a essayé d’être courageux, mais il a perdu des kilos lorsqu’on a voulu le renvoyer devant la chambre criminelle d’assise.’’
A Colobane, un grand ouf de soulagement est poussé, suite à la libération du policier qui a toujours été innocenté par le témoin oculaire Sette Diagne, mais aussi par la famille de la victime.