Accéder au village de Widou Thiengholy, situé au milieu d’une immense forêt, est un vrai parcours du combattant. Les usagers de la piste qui relie la ville de Dahra à cette localité est un véritable calvaire.
Un calvaire vécu par les membres de la caravane du ministère de l’Environnement et du Développement durable, en provenance de Dakar, jeudi soir, pour le lancement d’une campagne de reboisement, dans le cadre de la mise en œuvre de la Grande muraille verte.
Rejoindre cette localité du département de Linguère (nord), à partir de Louga, la capitale régionale, semble être plus simple, dit-on. Mais la réalité est tout autre, surtout, en période d’hivernage. Ce qui oblige la caravane à passer par Dahra. Une longue déviation est ainsi entamée.
Au début, la route semble normale. Soudain, au bout de quelques minutes, c’est une voie aux nombreux nids de poule remplis de flaques d’eau de pluie que découvrent les caravaniers. Les véhicules slaloment entre les nombreux nids de poule.
Sur le long de la route s’étale un paysage verdoyant. Partout, les arbres reprennent vie. Un tapis herbacé recouvre le sable, sur des centaines d’hectares, au grand bonheur des vaches, chèvres, moutons et chameaux.
On les voit brouter et arracher les feuilles d’arbre. L’odeur fraîche de l’herbe envahit l’immense forêt de Linguère. Le paysage accidenté de la zone crée un effet de dégradation de couleur entre le vert foncé des arbres et buissons, et le vert clair des herbes.
Sous une fine pluie, éleveurs et cultivateurs vaquent à leurs occupations. La nature dévoile toute sa beauté. D’où, d’ailleurs la campagne de reboisement, dans le cadre de la mise en œuvre de la Grande muraille verte.
Avant de voir des groupes de peulhs nomades, qui rentrent d’un séjour à l’est du pays, il faut passer par les villages de Coki, Thiamène et Boulal, avec leurs maisons en paille et en terre battue, et parfois de belles constructions en dur.
Après plus d’une heure de route, la ville de Dahra surgit de l’horizon. Ici, il a cessé de pleuvoir. Le soleil est un peu chaud, mais il promet une forte chaleur.
Le trajet le plus difficile du voyage commence par Dahra. Engagées sur une piste argileuse et humide, les voitures s’embourbent sur ce parcours périlleux, où il faut user
de finesse et d’une bonne maîtrise du volant pour atteindre Yang-Yang, ensuite Mbeuleukhé.
Le trajet semble interminable. A 12 heures 40, la caravane arrive dans la commune de Tessékéré. Aujourd’hui, c’est jour de marché hebdomadaire. Plusieurs habitants des villages environnants se sont donné rendez-vous ici. Certains viennent vendre, d’autres pour acheter.
Sur les étals, on retrouve du savon, du thé, du sucre, des biscuits, des sandales, etc. Après une brève escale, la caravane reprend la route. A 60 km de Widou Thiengholy, la piste est encore plus difficile.
En plus des secousses violentes et répétitives, il faut faire des allers-retours pour retrouver le bon chemin au milieu d’une forêt où les arbres s’étendent à perte de vue. Il faut slalomer entre les arbres et éviter en même temps les profondes flaques d’eau.
Dispersées ou alignées pour mieux progresser, les voitures s’engouffrent dans une piste marécageuse. Elles roulent lentement, pendant plus de deux heures.
Il est 14h10 lorsque le cortège atteint Widou Thiengholy, qui ressemble par son architecture aux nombreuses localités traversées depuis le matin. Un détail près, le marché hebdomadaire fermé de Widou Thiengholy est plus vaste que ceux des autres localités.
Les deux ou trois bâtiments tenant lieu de dispensaire, l’école et le lieu d’habitation des membres de la direction de l’Agence nationale de la Grande muraille verte contrastent avec les maisons en paille et en terre cuite d’à côté. Ils se distinguent nettement des dizaines de tentes servant d’abri aux agents de reboisement volontaires et aux étudiants venus de France, dans le cadre d’une "université d’été".
Widou Thiengholy est habité par des peulhs, dont les activités se concentrent autour de l’élevage et des travaux saisonniers engendrés par la campagne de reboisement de la Grande muraille verte.
Après le lancement de la campagne de reboisement, aux environs de 19 heures, officiels et journalistes quittent le village et se dirigent vers Louga, en empruntant cette fois une autre route tout aussi cahoteuse que celle de l’aller.
Les voitures se perdent quelquefois dans la forêt noire ou s’enlisent. Elles progressent lentement.