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Levée du corps et inhumation de Doudou Ndiaye Rose: Les hommages mérités de la nation à un digne ambassadeur
Publié le samedi 22 aout 2015  |  Sud Quotidien
Doudou
© Autre presse par DR
Doudou Ndiaye Rose est décédé, ce mercredi, à l`âge de 85 ans




Doudou Ndiaye Rose s’en est allé! Le célèbre tambour-major a été inhumé hier, mercredi 20 août, au cimetière musulman de Yoff. A l’occasion, parents, amis et autorités étatiques ce sont mobilisés pour rendre hommage à cet ambassadeur de la Culture et l’accompagner à sa dernière demeure.

Parents, autorités religieuses, hommes politiques, acteurs culturels et sportifs, anonymes, tout le monde a voulu rendre hommage hier, mercredi 20 août, au grand tambour-major Doudou Ndiaye Rose. Ainsi de la mosquée des Hlm1, où a eu lieu la levée du corps, aux cimetières musulman de Yoff, où le défunt repose désormais, c’est une grande foule qui a accompagné ce grand monument de la culture sénégalaise.

La prière mortuaire était dirigée par Serigne Pape Malick Sy, fils de Serigne Babacar Sy. A la levée du corps, le président de la République, en vacances, a été représenté par le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, accompagné d’une forte délégation ministérielle. Le ministre d'Etat Mbaye Ndiaye, le ministre conseiller Youssou Ndour, le ministre de la gouvernance locale, Abdoulaye Diouf Sarr et celui de l’agriculture, Papa Abdoulaye Seck étaient à la cérémonie pour rendre un hommage mérité au monument qu'était le percussionniste.

Le Président de l’Assemblée nationale a tenu à faire le déplacement jusqu’aux Hlm pour assistée à la levée du corps de cet homme d’une dimension planétaire. Parmi les autres autorités politiques qui ont convergés vers la mosquée des Hlm puis aux cimetières de Yoff, il y avait entre autres, Amath Dansokho, Jean Paul Dias, Cheikh Tidiane Gadio. Ousmane Tanor Dieng étant hors du pays, le maire de Dakar, Khalifa Sall et ses frères de parti Alioune Ndoye et Abdoulaye Wilane ne pouvaient pas se permettre de ne pas venir assister aux funérailles de ce fidèle militant du Parti socialiste (PS).

Les artistes aussi ont montré qu’ils ont perdus une idole, une référence. Les plus célèbres étaient tous là. La peine et la désolation se lient facilement sur leurs visages. Certains pleuraient, d’autres sont restés attristés dans leurs coins du fait qu’ils sont orphelins d’un père qui a dignement représenté son pays un peu partout dans le monde. On pouvait voir, entre autres, Oumar Pène, Ismaël Lô, Mbaye Dieye Faye, Alioune Mbaye Nder, Sidy Samb, son homonyme Doudou Ndiaye Mbengue. Le rappeur Simon aussi était là. Les communicateurs traditionnels eux, se sont regroupés derrière El Hadji Mansour Mbaye pour venir compatir avec la famille éplorée. Ainsi, Abdoulaye Mbaye Pekh était présent à côté de Bécaye Mbaye, Khadim Samb et autres.

La chorale Julien Jougar et les majorettes du Lycée John Fitzgerald Kennedy étaient aussi représentées. Le monde sportif aussi est venu accompagner Doudou Ndiaye Rose à sa dernière demeure. Les plus connus sont Tyson, Eumeu Sène, Rock Mbalakh, mais aussi les anciennes gloires Mbaye Guèye et Toubabou Dior. Bref, c’est dans une ambiance de tristesse et de témoignages que les Hlm ont reçus un grand monde pour accompagner à sa dernière demeure cet homme dont la vie et l’œuvre resteront à jamais gravées dans les mémoires de la Culture sénégalaise.

TEMOIGNAGES… TEMOIGNAGES…

MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE, PREMIER MINISTRE : «Le président Macky Sall fera le déplacement pour présenter ses condoléances à la famille»

Le gouvernement était fortement représenté à la levée du corps de Doudou Ndiaye Rose. Le premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne a conduit la délégation composée, entre autres, de Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat, Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de l’Aménagement du territoire, Youssou Ndour, ministre-conseiller. Moustapha Niass, Président de l’Assemblé nationale et Abdoulaye Mactar Diop, député et Grand serigne de Dakar aussi étaient de la partie en plus d’autres autorités religieuses et coutumière et du monde de la Culture.
Le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, qui présentait ses condoléances à la famille de feu Doudou Ndiaye Rose, a annoncé que le président de la République, qui a décidé d’écourter ses vacances, rendra visite à la famille de feu Doudou N’diaye Rose. Le président Macky Sall «viendra lui-même au domicile du défunt Tambour-major», afin de présenter ses condoléances à la famille éplorée.

Moustapha Niass, Président de l’Assemblée nationale : «Un grand Monsieur, serviteur de son pays, de la Culture sénégalaise, est parti»
«Lorsqu’un membre de la communauté disparaît, homme ou femme, apparaît tout de suite, toute la trajectoire de sa vie, c’est-à dire, le film de la ligne de son existence. Cette existence se fonde sur la foi, les vertus et la morale. Elle se fonde aussi sur le travail et sur le ou les résultats obtenus par celui qui vient de perdre la vie. Alors prions pour Doudou Ndiaye Rose pour que Dieu, le miséricordieux, le clément, l’accueil dans son paradis. Un grand monsieur est parti, qui a servi son pays, la culture sénégalaise, les valeurs de notre pays que nous portons tous… Doudou Ndiaye Rose a été un grand artiste, un créateur, un homme connu universellement. Quand le Japon, la France, l’Allemagne l’Angleterre, l’Italie et l’Amérique lui rendent hommage, à fortiori nous autres Sénégalais qui sommes ses compatriotes. C’est la raison pour laquelle le Premier ministre et moi-même nous sommes venus ici pour rendre cet hommage au nom du chef de l’État d’abord et ensuite en notre nom».

Abdou Diouf Ancien président de la République du Sénégal :«Il a été tout au long de sa vie, un camarade et un soutien d'une grande loyauté»
Les réactions se suivent et se ressemblent après le décès du percussionniste le Tambour-major Doudou Ndiaye Rose. L’ancien président de la République, Abdou Diouf, à tavers sa page officielle Facebook rend hommage à «un camarade et un soutien d'une grande loyauté». L’ancien secrétaire général de l’OIF écrit: «Émotion et tristesse suite au rappel à Dieu de notre Tambour-major, M. Doudou Ndiaye Rose, de son vrai nom Mamadou Ndiaye. Il a été tout au long de sa vie, un camarade et un soutien d'une grande loyauté. A travers son art, ses percussions et ses chorégraphies, il a porté très haut les couleurs de notre pays et de tout un continent à travers le monde. Que le Tout-Puissant, le Miséricordieux l'accueille dans son Paradis éternel tout en veillant sur sa famille et son œuvre».

THIOUNA NDIAYE, FILS AINE DE DOUDOU NDIAYE ROSE : «Il n’a jamais eu de compte bancaire car il partageait tout ce qu’il gagnait»
«Il était un grand homme. Un homme pieux et un père exemplaire qui a beaucoup œuvré pour ses enfants. Il a aimé ses enfants, il nous a tout donné. Il n y a aucun de ses enfants qui n'a pas de maison. Tous ses enfants sont à l'aise. Maintenant, il ne reste qu'à continuer de prier pour lui. Il venait toujours en aide aux plus démunis. Il n’a jamais eu de compte bancaire. Tout ce qu’il gagnait, il le partageait avec les gens. C’était un homme fidèle à ses convictions, un homme de parole. Ce qui en témoigne plus, c’est son long compagnonnage avec le Parti socialiste (PS). Il n’a jamais connu un autre parti politique malgré toutes les manœuvres faites par des responsables politiques pour le récupérer».

MBAGNICK NDIAYE, MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION : «C’est un très grand monument culturel et un trésor vivant de l’Unesco»
«C'est un homme d'une dimension mondiale. Tout le monde sait que Doudou Ndiaye Coumba Rose était un ambassadeur de la Culture sénégalaise à travers le monde. Il a dignement représenté la communauté culturelle sénégalaise dans tous les coins du monde. C'est un très grand monument culturel. Et ce n'est pas pour rien que l’Unesco avait fait de lui un «trésor vivant» dans le cadre de son classement des sites et monuments».

YOUSSOU NDOUR, ARTISTE ET MINISTRE CONSEILLER : «Aujourd'hui, on est orphelin mais c'est là le défi de tout un peuple»
«C'était un ami, un confident. C'est une référence. Il restera à jamais le maître. Au delà des rythmes et de la culture, Doudou Ndiaye Coumba Rose est un homme qui a marqué ce pays. Il a traversé beaucoup de générations depuis Senghor jusqu'à ce jour. L'hommage que le peuple est en train de rendre à cet homme, il le mérite. Aujourd'hui, on est orphelin mais c'est là le défi de tout un peuple, tout homme de culture, tout un Etat parce qu'il nous a laissé des messages. Mais cette lumière qu'il a allumée ne va jamais s'éteindre. Il nous a montré le chemin».

SERIGNE MBACKE NDIAYE, ANCIEN MINISTRE-PORTE PAROLE DU PRESIDENT WADE : «Il appartient à cette jeune génération de s’inspirer de cet exemple»
«C’est un homme de sincérité, de générosité. Malgré son âge, à chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, quelque soit l’âge de la personne, c’est lui qui se déplace, vient vers vous, et vous salue. Et j’ai entendu quelqu’un dire et je le confirme …, il était d’une très forte personnalité, quelqu’un qui a représenté le Sénégal partout. Donc, je pense que le Sénégal lui doit tout. Et il a donné un autre exemple, c’est qu’à l’occasion de ce décès, tous les Sénégalais se sont retrouvés autour de l’essentiel, sans considération politique, ethnique, religieuse, syndicale ou autre. Cela veut dire que ce pays là est uni et indivisible, nous sommes une nation. Il appartient maintenant à cette jeune génération là de s’inspirer de cet exemple, de continuer à lutter pour que le Sénégal continue à être un exemple, une nation pour qu’on puisse continuer à vivre dans la paix et dans la solidarité».

Lamine Diack, président de l’IAAF : «Doudou Ndiaye était plus qu’un ami pour moi»
Le président de l’IAAF, Lamine Diack a confié aux Envoyés Spéciaux des organes de presse du Sénégal aux Championnats du monde Pékin 2015, que Doudou Ndiaye Coumba Rose, décédé mercredi à Dakar était plus qu’un ami pour lui.
«C’est une triste nouvelle. Doudou Ndiaye Rose était plus qu’un ami pour moi. Nous avons été à l’école ensemble. Nous avons été à Foyer France Sénégal également ensemble qui est devenu Asc Les Jaraaf. Il avait de la passion pour la percussion. Il a fait des choses remarquables non seulement au Sénégal, mais sur le plan mondial aussi. Nous ne pouvons que prier pour lui. C’était un homme bien. Le connaissant très bien, je ne doute pas que le bon Dieu l’accueillera dans son paradis.», a déclaré Lamine Diack, en marge d’une conférence de presse qu’il a animée avec les responsables du Comité local d’organisation.
Et d’ajouter : «je regrette que son rappel à Dieu soit passé à mon absence. J’aurais aimé être là pour partager la douleur avec la famille. Mais comme on dit en wolof : “Yallah du Buur, Borom le. Wakhtuko nekhé rek, jël.“»

MASSAMBA GUEYE, CONSEILLER CULTUREL DU PRSIDENT MACKY SALL : «Ce que nous regrettons, c’est qu’il n’a pu avoir son institut…»
«Ce qu’on peut retenir de Doudou Ndiaye Rose, c’est qu’entre mille choses, c’est déjà quelqu’un qui a pu se tailler une place en tant qu’artiste. Au delà d’être un griot quand-même, il a pu faire un décollage et arriver au statut d’artiste et d’un artiste de niveau international, non pas par ses prestations, mais par la qualité de ses inventions. Parce que c’est l’un des rares qui peut dire, dans ces trois cent années, avoir créé un instrument de musique qui s’appelle le «goro mbabass». Donc je pense que c’est un créateur, un inventeur mais aussi un transmetteur, un pédagogue. Et, on oublie souvent que Doudou Ndiaye Rose, au delà du Théâtre national Daniel Sorano dont il était à la création aussi, a été fondateur de ce qu’on appelle «Moudra Afrique» avec Maurice Béjart. Au delà de ça également, il a transmis à ses enfants et à plus de cent familles griottes africaines, des méthodes d’organisation, de transmission, de construction de rythmes qui, aujourd’hui, sont entrain de faire école un peu partout dans le monde. Sa disparition est extrêmement terrible parce qu’on était entrain de construire des projets surtout à la sortie du festival «Deggi Dajj» pour l’année prochaine. Nous, en tant que chercheurs, conservateurs, ce que nous regrettons, c’est qu’il n’a pas pu avoir cet institut qu’il voulait mettre sur place pour transmettre tout le savoir qu’il avait. Il faut que l’Afrique arrête de gâcher son talent, se mette définitivement à le conserver et se mette aussi à valoriser ceux qui le méritent et ne pas valoriser ceux qui ne sont que sur l’aspect superficiel».

EL HADJ MANSOUR MBAYE, PRESIDENT DES COMMUNICATEURS TRADITIONNELS : «C’est le seul Sénégalais qui s’est produit devant le président Mitterrand»
«Dieu lui a donné du bien et beaucoup d’autres choses. C’est le seul Sénégalais qui a battu devant le président François Mitterrand. Il réconciliait les gens en cas de discordance. Il a accompagné Senghor dans beaucoup de ses missions. Il m’aimait beaucoup, c’était vraiment mon ami. C’est lui qui ma présenté à Vieux Sing Faye»

KHADIM SAMB, COMMUNICATEUR TRADITIONNEL : «C’est dans sa maison natale que j’ai eu tout mon patrimoine»
«El Hadj Doudou Ndiaye, je le connais très bien parce que je l’ai accompagné pendant 40 ans. C’est dans sa maison natale que j’ai eu tout mon patrimoine, ma dibiterie. Il était une exception des griots et de la race noire. Ce qui m’a le plus marqué chez lui, c’est la passion pour sa famille. Il n’a jamais abandonné ses amis d’enfance. Un exemple, Abdou Baaba Ly, son ami d’avec qui il n’a été séparé que par la mort. C’est un griot qui n’attendait rien de personne. Il a marqué l’Afrique, l’Asie, partout. Il fait parti des premiers qui ont battu en face de Jacques Chirac à l’occasion de la fête de l’indépendance de la France. Son compagnonnage avec Vieux Sing Faye date de longtemps, c’est même son aîné qui a épousé la fille aînée de vieux Sing Faye».

BECAYE MBAYE, COMMUNICATEUR TRADITIONNEL : «Il restera inoubliable»
«Aujourd’hui, si le «Sabar» est connu internationalement, c’est grâce à lui. Il a porté haut le flambeau du son pays. Il était gentil, débrouillard et a montré la culture partout, en Chine, au Japon, en France. Il a fait de telle sorte que même après sa mort, il restera inoubliable, il a laissé un héritage à sa famille, à tous».
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