Le Fpdr a marché, comme il l’avait promis, en dépit de l’interdiction par l’autorité administrative. Mais les Forces de l’ordre ont dispersé le peu de monde qui voulait rallier la Place de l’Obélisque. Le Pds et ses alliés ont, à la fin, argué la mort de Doudou Ndiaye Rose pour prononcer l’annulation de leur manifestation.
Petits pas, petit nombre
Après avoir déchiré l’arrêté du préfet interdisant sa marche, le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) a encore défié l’autorité administrative hier, en se rendant à Colobane. Toutes les dispositions étaient prises pour empêcher toute manifestation à la Place de l’Obélisque. Dès les premières heures de la soirée, le périmètre était quadrillé par les Forces de l’ordre. Les quelques militants qui ont effectué le déplacement ont été repoussés jusque derrière l’ancien siège du Parti démocratique sénégalais. Malgré leur petit nombre, ils ont donné de la voix avec des slogans comme «Libérez Karim !». L’un d’entre eux, Marie Aw, conseillère municipale à la mairie de Keur Massar, tout de blanc vêtue, très en verve, chantait et dansait. Quelques minutes après, elle sera cueillie avec d’autres Libéraux. Direction, la fourgonnette de la police stationnée au milieu de la Place de l’Obélisque rebaptisée «Place de la Nation» par l’opposition.
Doudou Ndiaye Rose «annule» la marche
Les minutes passent, l’attente est longue, pas l’ombre d’un responsable du Front… au front. Soudain, une voiture stationne près des mécaniciens situés en face de l’ancienne maison du parti de Abdoulaye Wade. C’est Pape Samba Mboup qui était à son bord en compagnie de Abdoulaye Faye. A peine les pieds sur terre, il n’a pas eu le temps de constater l’ambiance et le dispositif sécuritaire mis en place, encore moins le temps de dire un mot à la presse. Il est interpellé par la police. Entouré par un groupe de Forces de l’ordre, il a été acheminé de force vers leur véhicule. Ensuite, d’autres personnes vont compléter la liste des manifestants arrêtés. A un moment, tout le monde se demandait si la marche aura lieu. C’est à cet instant que ce qui était une rumeur qui a déjà fait le tour des «grands-places», bureaux, salons et autres lieux de travail annonçant la disparation du Tambour-major a atterri à la Place de l’Obélisque. C’est finalement une information. «Doudou Ndiaye Rose n’est plus ; donc la marche n’aura plus lieu», informe un vieux. Le Front patriotique a bel et bien ajourné la marche pour «l’indépendance de la justice» pour faire le deuil du Tambour-major. Malgré l’annulation de la manifestation, Oumar Sarr a tenu à respecter sa parole. Venu jusqu’à Colobane, il n’a pas eu le temps d’accéder au lieu prévu pour le rassemblement. Pour cause, le véhicule qui le transportait a été stoppé net à quelques mètres du mur du lycée Kennedy.
«Tirez ! Tirez !»
Un groupe de jeunes à choisi ce moment pour se mettre à genou et demander à la police de tirer sur eux. La tension monte, les gardes du corps du maire de Dagana, prêts à donner leur vie, demandent à leur tour à la police de tirer. Les Forces de l’ordre barrent la route et demandent au chauffeur de faire marche arrière. L’ordre donné n’a pas servi à grand-chose, et commencent les grenades lacrymogènes. Après avoir résisté quelques minutes durant aux attaques, la voiture de Oumar Sarr prend la direction des Hlm. Au rond-point du siège du Parti socialiste, le coordonnateur du Pds, sourire aux lèvres, debout dans son véhicule en compagnie de Mayoro Faye, improvise une conférence de presse. «Nous sommes venus ici parce qu’ils avaient illégalement interdit notre marche. Nous allons exercer nos droits constitutionnels et nous l’avons montré. Malheureusement, il y a eu le décès d’une figure emblématique de la culture sénégalaise : Doudou Ndiaye Rose. C’est pourquoi nous n’avons pas voulu organiser la marche jusqu’au bout, nous avons voulu, par un acte de présence, montrer que nous sommes toujours mobilisés pour la libération de Karim Wade», lance en colère le secrétaire général adjoint du Pds sous les cris des militants «Libérez Karim !».La foule suit le véhicule à hauteur de la nouvelle station Total située derrière la mosquée Massalikoul Jinan et Oumar Sarr lance un message au président de la République : «Macky Sall doit savoir que nous n’avons pas peur. Nous allons poursuivre ce combat-là pour la libération de Karim Wade et de l’ensemble des otages politiques.»