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Emmanuel Sanchez, auteur du drame de Ngor : Les bonnes affaires d’un conquistador
Publié le vendredi 21 aout 2015  |  Le Quotidien




On retiendra la violence de l’acte qu’il a commis le 14 août dernier. Ce jour-là, Emmanuel Sanchez, père de quatre enfants, a tué sa femme avant de se suicider devant ses filles âgées de 5 et 7 ans. Ça c’est le côté sombre de l’Espagnol. Mais il est aussi connu comme un homme d’affaires réputé qui a construit sa fortune dans l’immobilier et l’exploitation aurifère. A Kédougou où il disposait d’un permis, son volume d’investissement tournerait autour de 1,5 milliard de F Cfa. Depuis son décès, son entreprise tourne au ralenti et ses employés n’arrivent pas à expliquer son acte.

Il y a une semaine il mettait fin à la vie de sa femme de nationalité sénégalaise, Fatima Diop, avant de retourner l’arme contre lui-même. Longtemps dans l’ombre, Emma­nuel Sanchez mettait en lumière le 14 août 2015 cette partie sombre de son personnage. Pourtant, il était connu comme un homme affable et généreux.

A Kédougou, les collaborateurs et proches de Emmanuel Sanchez maudissent encore cette matinée du 14 août quand il s’est mis une balle après avoir arrondi la durée de vie de son épouse Fatima Diop. Dans cette région, il est connu comme un businessman «intègre» et «calme». En partenariat avec le Groupement d’intérêt économique «Walygnima» de Kédougou, il a investi dans la recherche de l’or dans le village de Bantako sis à 35 km de la commune de Kédougou et dans l’arrondissement de Banda­fassi depuis près de 4 ans. Le défunt n’aura pas le temps de faire ses adieux à ses partenaires d’affaires.
Président dudit groupement, Sory Diakhaby arrive à peine à sortir les mots de sa bouche pour s’expliquer la disparition de son partenaire d’affaires. «C’est un coup dur», dit-il. Surpris par ce drame familial sur fond de scène de ménage où il perdit son associé, Sory Diakhaby explique que le travail sur le site de Bantako où ils ont un permis d’exploration de 50 ha dans le périmètre de Fadoumara était très avancé. «On était en exploration et on vient d’entrer en test de production», confie notre interlocuteur. Cependant, il y a eu un changement de situation et la donne vient de connaître une autre tournure. Depuis le décès du Pdg de Ypsos exploitation management construction (Yemc), Emmanuel Sanchez, Sory Diakhaby n’arrive pas à faire le deuil : «Tout est calme sur le terrain. Les activités ont cessé.»
Depuis l’annonce de la nouvelle, le site de Fadoumara affiche une triste mine. Seuls les gardiens sont sur le site pour surveiller les matériels, engins et autres travaux laissés pour le moment en instance. Le temps de recevoir une commission qui devrait incessamment venir de Dakar et composée des responsables de l’entreprise pour voir la suite à donner aux activités. L’inves­tissement consenti par ce dernier et ses associés est énorme et visible sur le terrain. Malheu­reusement, il n’aura pas vécu longtemps pour profiter des retombées de son action et de ses peines.
Des sources proches nous renseignent sur le sceau de l’anonymat qu’il a dépensé plus de 1 milliard 500 millions dans la petite mine de Bantako. La masse salariale tournerait autour de 15 millions de F Cfa. Les engins, le nombre d’employés tant journaliers que permanents témoignent de l’importance de son investissement. Aujour­d’hui, son frère Michel Sanchez qu’il avait nommé comme directeur pour gérer les affaires au niveau opérationnel a sans doute un défi à relever pour la sauvegarde de l’entreprise de son défunt frère.

Emmanuel, de l’immobilier à l’orpaillage
Résident en suisse, Emmanuel Sanchez, 53 ans, est de nationalité espagnole et père de quatre enfants. A Kédougou où on l’identifie par son imposant véhicule de marque Hummer, tout de noir teinté, il avait su se faire des amis dans le cadre professionnel. Un de ses proches collaborateurs avec qui il a eu à faire beaucoup de missions de terrain dans le cadre de son business dans cette région témoigne : «L’homme était d’abord dans l’immobilier.» La même source nous révèle que de son vivant, Emmanuel lui aurait confié qu’il avait eu à faire beaucoup de réalisations dans l’immobilier dans certains pays africains comme le Maroc. Où il eut à mener des opérations de construction. Et notre source de nous raconter qu’au départ de sa visite à Kédougou, le Sieur Sanchez avait pour ambition d’établir un comptoir d’or.
Après avoir tâté le terrain et fait des études de marché, il s’est rendu compte que ce business était entre les mains des Maliens. Cela ne l’avait pas découragé en investissant dans le secteur de l’or. Il a pris son mal en patience jusqu’au jour où il fit la découverte proprement dite de l’orpaillage par le biais du papa adoptif de sa défunte femme, Fatima Diop. D’après nos sources, c’est ce dernier qui l’a convaincu à venir s’implanter à Kédougou avec son entreprise Yemc qu’il partage non seulement avec des actionnaires suisses, mais aussi avec le père adoptif de son épouse. Celui-ci serait enseignant en Economie dans le supérieur.
Il a d’abord obtenu son premier permis d’exploration dans le site de Santanfara dans le département de Saraya par arrêté numéro 000068 du 6 janvier 2012. Pour­tant, quelque temps après il se détourna de ce site au profit de Bantako qui offrait plus d’avantages et où la distance est moindre. Pour mener à bien son activité d’exploration, il noua des partenariats avec des groupements locaux. Il s’agit d’abord du groupement d’intérêt économique Walygnima de Kédougou sur le site de Fadoumara, ensuite le Groupe­ment des orpailleurs de Bantako sur le site de Banta sud.
Dans cette zone de fortes potentialités en réserves d’or, Emmanuel Sanchez avait misé gros avant de se donner la mort. Il avait même loué un campement dans lequel bossait le frère de sa défunte femme. Ce dernier a fini par rejoindre les équipes sur le terrain. «L’erreur ou le problème devait être très sérieux, voire irréparable pour que ce monsieur n’arrive à la conclusion d’ôter la vie à sa femme et la sienne sous le regard impuissant et innocent de leurs enfants. Quoi qu’il en soit, le suicide était-il la solution ?», s’interroge une connaissance de Sanchez. Ce jour-là, il n’avait pas bonne mine...
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