Le tambour-major Doudou Ndiaye Rose, décédé mercredi à Dakar des suites d’un malaise, fut une figure nationale respectée dans le domaine de la culture, un artiste d’une stature internationale dont les percussions ont retenti aux quatre coins de la planète.
Né à Dakar en 1930, Doudou Ndiaye Coumba Rose de vrai nom Mamadou Ndiaye est issu d’une famille de griots. Il apprend dès l’âge de sept ans le tambour (sabar en wolof),
En 1959, à Dakar, Joséphine Baker, une chanteuse, danseuse, actrice, d’origine afro-américaine, souvent considérée comme la première star noire, lui aurait dit : ‘’Tu sera un grand batteur’’.
Le 4 avril 1959, jour de l’Indépendance du Sénégal, Doudou Ndiaye Rose a l’occasion de se produire devant le président Léopold Sédar Senghor, accompagné d’une dizaine de tambourinaires.
Enseignant le rythme à l’Institut national des arts de Dakar et tambour-major des Ballets nationaux, l’artiste sera ensuite remarqué par Maurice Béjart, de son vrai nom Maurice-Jean Berger, danseur et chorégraphe français.
Commence dés lors une carrière qui le fera sillonner le monde. Il se produit pour la première fois en France, en 1986, avec sa propre troupe composée de 50 batteurs.
Doudou Ndiaye Rose, c’est l’homme orchestre en face d’une dizaine de batteurs, hommes et femmes, dont ses enfants, qui dirige avec force et précision de véritables symphonies.
A l’actif du percussionniste, il y a les rythmes de l’hymne national, l’africanisation du défilé des majorettes lors de la célébration de la fête de l’Indépendance, un défilé sur les Champs Elysées en France à l’occasion du bicentenaire de la révolution en 1989.
Son album le plus connu est probablement Djabote, 12 titres enregistrés sur l’Ile de Gorée, en 1991. En 1993, il enregistre un disque avec Alain Stivell et d’autres artistes.
Il s’est également produit avec Dizzy Gillespie, Miles Davis, les Rolling stones, Peter Gabriel et Kodo, un groupe de percussions japonais.
Doudou Ndiaye Rose revient au cinéma en 2000. Il compose la musique du film Karmen du cinéaste sénégalais Joseph Gaye Ramaka, un long métrage inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, dans lequel il joue aussi son propre rôle.
En 2005, sa carrière est magnifiée lors du deuxième Gala de la Renaissance, à Dakar.
Celui qui confiait récemment ne pas vouloir d’hommage posthume, juste une prière, est décédé le lendemain de la disparition de son ami Vieux Sing Sing Faye, une autre grande figure du tambour sénégalais.
’’Je ne veux pas d’hommage à ma mort. Le problème au Sénégal est que le gens attendent toujours ta mort pour te rendre hommage. Quiconque me le fait, je ne lui pardonnerai pas’’, disait-il.
’’A chaque fois que je rencontre les autorités, elles me disent que je suis un exemple pour les jeunes, qu’elles sont reconnaissantes pour ce que j’ai fait pour le pays. Mais aucune d’entre elles n’a pensé me rendre hommage de mon vivant’’, soulignait-il, le 30 juillet dernier, lors d’une cérémonie d’hommage organisée à son honneur par l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique.
’’Je n’ai pas encore la chance d’être dignement célébré par mon pays. Quand je ne serai plus de ce monde, je n’attends des uns et des autres que des prières’’, relevait-il, prémonitoire.