La traite des personnes constitue l’’’une des pires formes modernes de la négation de la dignité humaine’’ et reste ‘’une préoccupation majeure’’ pour la communauté internationale et, singulièrement, pour les pays africains, a déclaré le magistrat Abdoulaye Bâ, directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces (DACG) au ministère de la Justice.
‘’A l’instar des autres régions du monde, force est de constater que nos Etats assistent à un développement du fléau qui prend des formes diverses et souvent transfrontalières. Et la menace sécuritaire rend plus complexe le phénomène qui attend une réponse prompte de la part de nos Etats’’, a dit Mody Ngirandou Ndiaye qui soutient que la traite est ‘’une violation grave’’ des droits de l’homme en ce qu’elle porte atteinte à l’intégrité et à la dignité de l’individu.
Il s’exprimait lors d’un atelier de formation sur le système de collecte des données des actions judiciaires en matière de traite des personnes.
Cette formation qui prend fin jeudi et destinée aux procureurs et secrétaires de parquets constitue ‘’le point de départ d’une synergie d’actions’’ dans la collecte et la complétude de données statistiques, mais aussi ‘’un outil remarquable’’ pour jauger de l’efficacité du système judiciaire, a fait valoir M. Bâ.
‘’Pourtant, une appréhension pointue de la problématique de la protection des enfants par les acteurs et les autorités politiques, dans une optique de développement, passe nécessairement l’existence d’un dispositif dynamique de documentation et de collecte des données sur la traite’’, a-t-il indiqué.
C’est dans un souci d’apporter ‘’une réponse adéquate’’ à cette situation que la DACG et la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des jeunes (CNLTP), avec l’appui des partenaires comme le BIT/AECID et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ont mis en place un système de suivi dont la phase expérimentale concerne les actions judiciaires en matière de traite des personnes.
‘’Ce système de suivi de la traite va permettre de faire des collectes, de stocker des données et de faire des rapports. C’est un système qui sera déployé sur un serveur en ligne Internet sécurisée et accessible à tous les utilisateurs’’, a expliqué le magistrat, ajoutant que pour lutter contre la traite, il est important de disposer d’’’cadre juridique adéquat, opérationnalisé par des techniques et des méthodes propres’’.
D’après lui, plusieurs obstacles sont identifiés. Il s’agit notamment de la difficulté d’appliquer la loi 06-2005 du 10 mai 2005, la difficile identification des victimes de traite mais également l’absence de données statistiques fiables.
‘’Certes, le ministère de la Justice a fait des progrès notables en la matière avec des actes de poursuite, d’instruction ou de jugements collectés auprès des parquets et juridictions nationales, mais ces collectes de données demeurent parcellaires et pas toujours partagées’’, a relevé le secrétaire permanent de la CNLTP, justifiant ainsi l’importance de la mise en place d’un système informatisé qui permettra d’évaluer les performances du service public de la justice dans la prise en charge judiciaire de la traite.