A moins d’une année et demie de la prochaine présidentielle, si le calendrier électoral consacre février 2017, le débat sur la candidature du Ps prend de plus en plus de l’ampleur dans le landerneau politique sans que le citoyen lambda, voire même le militant socialiste, du sommet à la base, ne soit réellement édifié. Sous prétexte d’attendre l’arrêt définitif, par Macky Sall, de la date de la présidentielle pour poser cette question en débat, tant au niveau interne que national, le Ps d’Ousmane Tanor Dieng sans candidat déclaré tarde à prendre son envol vers…2017. Qui plus est, à positionner dans la tête des suffragants un candidat dont personne ne connait d’ailleurs l’identité à moins de s’adonner à des supputations sans emprise avérée avec la réalité.
Seule interrogation : le Parti socialiste ne risque-t-il pas d’être largué en chemin par un maître du jeu qui connait bien la date de sa présidentielle (dixit la sociologue Fatou Sow Sarr), et qui semble jouer à cache-cache avec ses adversaires, déclarés ou potentiels, tout en s’investissant dans une précampagne électorale qui ne dit pas son nom, en débauchant à gauche et à droite ( avec Djibo Kâ comme dernière prise dans la besace) et en massifiant au forceps par le biais des Conseils des ministres décentralisés et des tournées économiques ? A moins qu’un deal entre Macky Sall et le patron du Ps, que certains ne manquent d’ailleurs pas de conjecturer dans le secret des chaumières, n’ait été concocté… en catimini !
De tous les grands partis qui ont dominé le champ politique au cours de ces quinze dernières années, le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng reste la seule formation dont la candidature à la présidentielle de 2017 pose encore problème. Alors que l’Apr (Macky Sall), le Pds (Karim Wade), Rewmi (Idrissa Seck), l’Afp (Moustapha Niasse ayant voté Macky Sall), des partis qui se partagent avec le Ps le quinté gagnant des élections depuis la première alternance politique, ont déjà affiché leur position et choisi leur choix de candidature, les «Verts de Colobane» tardent à se déterminer et à donner le nom de leur porte-étendard. Malgré les professions de foi répétées de ses responsables attestant que l’objectif du parti, comme de toute formation politique, est de conquérir le pouvoir, le Ps d’Ousmane Tanor Dieng tarde à prendre définitivement son envol vers…2017. La raison invoquée par le parti dirigé par le maire de Nguéniène (Petite Côte), pour trancher pour de bon est d’attendre l’arrêt définitif de la date de la présidentielle, par Macky Sall lui-même, pour que cette question de la candidature soit posée en débat, en interne et au niveau national.
Dans la foulée de leur secrétariat exécutif de mercredi dernier, Abdoulaye Wilane et cie ont tenu à faire remarquer que « tant que le calendrier républicain ne nous impose pas de traiter de ces questions qui relèvent des questions partisanes ou de conquête du pouvoir, le minimum de loyauté, de décence, de respect au peuple sénégalais, c’est de s’éloigner de la campagne électorale». Respect de l’esprit républicain et/ou solidarité gouvernementale, volonté diffuse de préserver le plus longtemps possible la plus-value des Socialistes dans le compagnonnage avec Macky Sall (deux ministères avec Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Ndiaye, une vingtaine de députés et autres postes de direction) ou simple jeu de dupes ? En tout cas, force est de noter que cette lenteur affichée par les «Verts» pour positionner leur candidat à la présidentielle de 2017 a fini de susciter des vocations de francs-tireurs contre l’appareil du parti, et plus particulièrement contre Ousmane Tanor Dieng. A l’instar de la député Aminata Diallo, des maires Bamba Fall (Médina) ou autre Idrissa Diallo (Dalifort) qui se sont insurgés contre la posture du parti concernant sa candidature, voire celle de Khalifa Sall considérée par certains comme la meilleure chance du Ps à la prochaine présidentielle.
CANDIDATURE A DEBOURS
Au-delà des bisbilles internes que draine cette candidature, la question à se poser nous semble de savoir si le Parti socialiste ne risque pas, en tardant davantage à positionner son porte-étendard, d’être largué en chemin par un maître du jeu, en l’occurrence Macky Sall, qui connait bien la date de sa présidentielle et qui semble jouer à cache-cache avec ses adversaires, déclarés ou potentiels, tout en s’investissant dans une précampagne électorale qui ne dit pas son nom ? Alors que la question de la réduction du mandat présidentiel est en stand-by au niveau du Conseil constitutionnel, Macky Sall sillonne le Sénégal à travers ses Conseils des ministres décentralisés et ses tournées économiques, tisse langue avec les populations, mobilise ses troupes et débauche à gauche et à droite. En témoigne le ralliement de Djibo Kâ de l’Urd au Macky avant-hier, seulement ! L’air de rien, le chef de file de l’Apr (parti au pouvoir) ratisse de plus en plus large tout en confinant ses potentiels adversaires dans les circonvolutions d’un calendrier républicain déjà arrêté dans sa tête (comme le subodore la sociologue Fatou Sow Sarr de l’Ifan), mais savamment brouillé. Ce que ses adversaires de l’opposition qui le marquent à la culotte (comme Idrissa Seck de Rewmi) ont bien compris en entamant, eux aussi, leurs tournées nationales de mobilisation des troupes et de positionnement de l’image de leur candidat dans la conscience des citoyens.
Dans ce tour de passe-passe et d’ombres chinoises, le Parti socialiste s’emploie à jouer encore les prolongations, lui dont le militant lambda comme le responsable politique ignore jusqu’aujourd’hui encore le nom de son candidat. Ousmane Tanor Dieng, Khalifa Sall, Mamadou Lamine Loum ou même Aissata Tall Sall ? Comme si les «Verts de Colobane», devenus néophytes de la politique politicienne le temps d’un bref retour aux affaires, s’activaient, sous prétexte d’attendre l’arrêt définitif du calendrier républicain, à une partie de cache-cache de mauvais aloi avec eux-mêmes, les acteurs politiques et les citoyens tout court ! A leur corps défendant ! Pour ne pas dire à une sorte de double jeu dont serait l’instigateur le patron du Ps lui-même, que certains soupçonnent d’être à même de « subordonner» le Ps à Macky Sall. Avec, en prime, la direction du futur Haut Conseil des Collectivités Locales (Hccl) et la conduite de la liste législative de la majorité, en cas de couplage des élections en 2017. Au risque de susciter une énième crise interne, une crise de tous les dangers au sein des « Verts de Colobane » !