Le "bukut", la circoncision chez les diolas, est une "école" qui prépare surtout les initiés à la gestion du foyer conjugal, a expliqué à l’APS Chérif Goudiaby, un notable du village de Diatock, dans la région de Ziguinchor (dus).
Samedi, les candidats à ce rite d’initiation sont entrés dans "le bois sacré", un endroit en dehors du village, où ils seront initiés à la vie conjugale.
La dernière édition du "bukut" de Diatock a eu lieu en 1974.
"En milieu diola, la vie comprend plusieurs étapes. D’abord la naissance, puis le mariage. Pour l’homme, le ‘bukut’ est l’étape la plus importante. La preuve : c’est à cette fête traditionnelle que les diolas consacrent plus de moyens. Ils dépensent beaucoup d’argent pour cette cérémonie", a indiqué M. Goudiaby.
Selon lui, les diolas, l’une des principales ethnies de la Casamance, organisent ce rite d’initiation une fois tous les 20 ans. Mais l’intervalle entre deux séances de "bukut" dans un village peut dépasser ce nombre d’années, car celui qui a eu lieu à Diatock, samedi, succède à une édition organisée en 1974.
"Les choses ont évolué"
Selon Chérif Goudiaby, qui a dirigé l’ancienne communauté rurale de Mangagoulack, le "bukut" est "un centre de formation qui joue un rôle non négligeable chez les diolas".
"Les jeunes n’entrent pas dans le ‘bois sacré’ pour s’amuser. On leur apprend là-bas une certaine vision du monde, notamment la gestion du foyer. Ici à Diatock, on ne pouvait pas se marier si on n’était pas d’abord passé par le ‘bois sacré’", a-t-il rappelé, précisant que cette initiation fut autrefois un parcours incontournable avant le mariage.
"Aujourd’hui, a signalé M. Goudiaby, les choses ont évolué à Diatock, puisqu’on autorise les non-initiés à se marier. Mais dans ce cas, ils se marient sans être autorisés à honorer leur mariage par une cérémonie."
Selon le chef coutumier, les femmes de ceux qui sont partis dans le "bois sacré" retournent dans leur foyer paternel et ne rejoindront le foyer conjugal qu’à la fin de l’initiation de leurs époux. "Autrefois, les diolas ne confiaient pas des responsabilités à un homme n’étant pas passé par le ‘bois sacré’. Pour exercer des responsabilités, il fallait donc faire le ‘bukut’ d’abord", a rappelé M. Goudiaby.
Cette initiation n’a lieu qu’en pays diola, selon lui. "Vous ne verrez jamais les diolas organiser un ‘bukut’ à Ziguinchor, à Bignona, à Dakar ou à Banjul. Ils l’organisent dans leur village natal", a ajouté Chérif Goudiaby.
Les membres de cette communauté accordent beaucoup d’importance à cette coutume pour laquelle ils reviennent au pays, s’ils résident ailleurs.
Le "bukut" de Diatock, organisé en grande pompe, samedi, s’est déroulé en présence de milliers de personnes. Une partie du public venait de diverses localités de la Casamance – qui comprend les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor – et même de Dakar, de la Gambie et de la Guinée-Bissau.