Le général Babacar Gaye, a été relevé de ses fonctions de chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Il a présenté sa démission au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à la demande de celui-ci, hier, mercredi le 12 août. Sa décision de relever le général Babacar Gaye fait également suite aux nombreuses accusations d'abus notamment sexuels contre des enfants commis par des casques bleus de la MINUSCA.
Le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), le général Babacar Gaye, a été démis de ses fonctions par Ban Ki-moon. «Babacar Gaye a présenté, le 12 août 2015 sa démission au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à la demande de celui-ci», informe un communiqué de presse de la MINUSCA daté d’hier.
Néanmoins, le Secrétaire général des Nations Unies a rendu hommage à Babacar Gaye, exprimant sa reconnaissance «pour ses efforts inlassables dans la quête de la paix, de la sécurité et de la réconciliation au cours de sa longue carrière prestigieuse et plus récemment en République centrafricaine dans des circonstances extrêmement difficiles et dans un contexte de crise sans précédent». Sous son leadership, la MINUSCA a atteint sa pleine capacité opérationnelle le 28 avril 2015, un an après sa création, précise la source.
Cette démission forcée intervient quelques jours seulement après que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la République centrafricaine, le général Babacar Gaye, a fait le point des derniers développements du processus de sortie de crise en Centrafrique, notamment après le démarrage de l’enregistrement des électeurs, devant le Conseil de sécurité, le 5 aout 2015. C’était à l’occasion de la présentation du Rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la MINUSCA.
La décision de Ban Ki-moon de relever le général Babacar Gaye fait également suite aux nombreuses accusations d'abus notamment sexuels contre des enfants commis par des casques bleus de la MINUSCA. Mais à Bangui, l’annonce de cette démission forcée du patron de la mission onusienne en Centrafrique, le général de Corps d’Armée Babacar Gaye qui a été Chef d’Etat major général des Armées sénégalaises, avant de conduire des missions les plus périlleuses de l’ONU notamment en République Démocratique du Congo (RDC), n’avait pas suscité beaucoup de réactions, ce mercredi soir.
«Du côté de la MINUSCA, le mutisme est total. On refuse de faire un commentaire sur la révocation du chef de la mission onusienne dans le pays. On refuse également de faire un lien avec la récente accusation de viol et d’homicide portée par l’Ong Amnesty International à l’encontre des casques bleus», souligne Rfi.fr.
Des cas d’abus sexuels
Il y a quelques semaines, les 2 et 3 août dernier, lors d’une opération militaire dans le quartier du PK5, un casque bleu aurait violé une fillette de douze ans. Le lendemain, des soldats auraient tiré sur deux personnes, un homme de 61 ans et son fils de 16 ans, sans raison apparente, avant de refuser d’emmener les deux blessés à l’hôpital. Ils ont tous les deux succombés à leurs blessures. Une enquête avait déjà été ouverte après l'opération militaire.
Et, la force onusienne espère pouvoir donner quelques éclaircissements dès le 16 août. C'est du moins ce qu'assure son porte-parole sur Rfi.fr.
Ce ne sont pas les seuls cas de viol décriés en Centrafrique et commis par des forces étrangères. En avril dernier, 14 soldats français de l'opération Sangaris avaient été accusés de viols par des enfants. Seuls quelques-uns de ces militaires qui auraient commis des abus sexuels sur des mineurs, âgés de 9 à 13 ans, avaient pu être identifiés. Pourtant, la justice avait dénombré six mineurs témoignant contre les soldats français, âgés de 9 à 13 ans, dont quatre se disaient victimes directes et deux des témoins de faits d'abus sexuels.
D’ailleurs, des témoignages, recueillis par le personnel de l'ONU, avaient retracé «des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014», alors que la capitale centrafricaine était alors en proie aux violences entre les miliciens chrétiens anti-Balaka et musulmans de la Séléka. Des centaines de milliers de civils étaient allés se réfugier à l'aéroport de M'Poko: c'est dans ce camp de réfugiés que les viols auraient eu lieu. Des soldats tchadiens et de Guinée équatoriale seraient également visés par les mêmes accusations, selon la co-directrice de l'Ong américaine Aids-Free World, Paula Donovan.
DEMISSION DU GENERAL BABACAR GAYE : Macky salue le «professionnalisme» du général de Corps d’Armée
Mis au courant de la démission forcée du le général de Corps d’Armée (2S), Babacar Gaye de la tête de la Mission Multidimensionnelle de Stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), le président de la République Maccky Sall et son gouvernement ont salué «le leadership et le professionnalisme» de l’homme et son «sens du devoir», informe un communiqué du Service de l’information, de la communication et des relations publiques du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
«Le président de la République tient, à la suite du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, à saluer le leadership et le professionnalisme avec lesquels le général Babacar Gaye a exercé ses fonctions à la tête de la MINUSCA qui a obtenu des résultats fort appréciables, depuis sa création par le Conseil de sécurité», note le texte. Et d’ajouter: «le gouvernement du Sénégal salue le sens du devoir du général Babacar Gaye qui a honoré son pays en travaillant au service de la Communauté internationale avec dignité, abnégation et esprit de dépassement».
Représentant spécial et Chef du Bureau intégré de l’ONU en République centrafricaine (BINUCA) depuis le 12 juin 2013, c’est dans la continuité des fonctions qu’il avait déjà occupées, que Babacar Gaye a été nommé, le 16 juillet 2014, Chef de la MINUSCA. Auparavant, le général Babacar Gaye a également eu à servir en République Démocratique du Congo (RDC), en Syrie, au Sinaï ainsi qu’au Secrétariat général des Nations Unies comme Conseiller militaire du Secrétaire général. «La décision qu’il vient de prendre s’inscrit parfaitement bien dans les traditions de dévouement et de sacrifice des Forces Armées sénégalaises qu’il a eu à diriger», relève la même source.