Dans leur demeure, au quartier Guinaw rails où nous les avons rencontrés, les parents du jeune étudiant en Droit El hadj Diaw, arrêté après les jets de pierres sur le cortège du chef de l’Etat, sont pleins de questionnements sur ce qui s’est passé. Néanmoins, ils sollicitent la mansuétude du chef de l’Etat.
Guinaw Rails. Ici habite l’étudiant El hadj Diaw, arrêté après les jets de pierres sur le cortège du président de la République à l’UCAD. Le quartier est une crevasse perdue derrière Diaminar et Médina Courses, à l’entrée de la ville de Saint-Louis, à quelques jets du stade Mawade Wade. La famille Diaw s’y est installée depuis belle lurette. Dans la localité, tout le monde connaît désormais l’histoire de l’aîné de la famille. Après avoir eu au téléphone Arame Diop, la mère de l’étudiant, pour lui expliquer le but de notre visite, elle nous a donné un rendez-vous vers 11 heures.
Un calme plat règne dans la maison. Un des deux jeunes frères d’El hadj nous accueille et nous installe dans la chambre à coucher de sa mère. La mère Arame Diop est alitée, depuis quelque temps. « Sa tension est montée », lance son fils vêtu en tenue de sports. Dans cette maison, tous les frères sont des sportifs. C’est avec peine que la maman d’El hadj Diaw se relève de son lit au pied duquel gît une natte installée là sûrement pour recevoir les prières qu’elle ne cesse de formuler pour la relaxe de son fils aîné.
Après les salamalecs, Arame Diop révèle avec une pointe de fierté que son fils, âgé de 29 ans, suit des études en Droit et effectue actuellement un stage dans le cabinet d’un avocat de la cour. « Cela indique l’énormité de la responsabilité qui pesait sur ses épaules et lui, il en était conscient. Alors, je vois mal comment il aurait pu s’embarquer dans cette situation », se demande la dame. Toujours sur le même ton dubitatif, elle déclare que son enfant a été bien éduqué et est assez instruit pour ne pas se laisser manipuler par des politiciens. « Cette thèse est à écarter et j’insiste que, lorsqu’il était à mes côtés à Saint- Louis, je ne l’avais jamais vu faire de la politique », dit-elle.
En effet, après avoir décroché son baccalauréat, El hadj Diaw est parti poursuivre ses études supérieures à l’UCAD, en élisant domicile chez sa tante à Grand-Yoff. Aujourd’hui, la maman se montre fataliste et laisse tout entre les mains du destin. « C’est Dieu qui a tracé qu’il entrerait en prison », déclare-t-elle de manière abrupte. Puis, elle se met à réciter des versets de Coran. « Je l’ai mis au monde et je l’ai bien éduqué, avec le soutien sans cesse de son père, et El hadj a toujours témoigné du respect à ses aînés. Je vois mal qu’il jette des pierres sur le cortège du chef de l’Etat », poursuit-elle.
La voix tremblante et de plus en plus gagnée par l’émotion, Arame Diop s’adresse au président Macky Sall en ces termes : « Au nom de toutes les mamans de ces étudiants arrêtés, nous lui demandons pardon ». Du fait de son statut de chef de l’Etat et père de famille, elle lui demande de se mettre à leur place. « Dans ces conditions, nous n’arrivons plus à dormir », dit-elle.
Là, assis en face d’elle, son mari lui coupe la parole pour reprendre les propos de son épouse sur l’éducation de leur fils. « Nous l’avons bien éduqué et je suis sous le choc, depuis que sa mère m’a annoncé, depuis le Fouta où j’étais au travail, son arrestation. Des questions taraudent mon esprit pour connaître réellement ce qui s’est passé », laisse tomber Alboury Diaw.
Aussi, le chauffeur de profession demande-t-il au chef de l’Etat de faire preuve de clémence envers tous ces fils du pays arrêtés dans cette histoire.