Les premières tendances des résultats des examens du Baccalauréat et du Brevet de fin d’études moyenne (Bfem) sont catastrophiques au Sénégal.
En attendant les résultats définitifs, certains enseignants, intervenus dans la presse locale, ont imputé ces mauvaises performances à l’Etat qui, ont-ils affirmé, a tardé à satisfaire leurs nombreuses revendications dont le paiement de salaires et la revalorisation de certains de leurs collègues.
"Le système éducatif sénégalais est dans une phase de turbulence. Les enseignants ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail. Les apprenants ne sont pas en situation de performance", a souligné le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), Oumar Wally Zoumarou.
"Le gouvernement privilégie la confrontation à la place du dialogue et de la concertation. Il a tardé à ouvrir les négociations pour discuter avec les enseignants, ce qui nous a valu 2 mois de grève", a-t-il déploré avant de relever que les perturbations ont contribué à ces résultats parce que le quantum horaire (900 heures) n’a pas était atteint.
"Nous sommes en droit, dès la rentrée prochaine, de mettre l’accélérateur pour pousser les autorités à respecter les engagements", menace-t-il.
Le secrétaire général de l’Education pour tous, Thierno Abass Diallo, a pour sa part, soutenu que les résultats enregistrés au Bfem et au Bac "n’honore pas le système éducatif sénégalais".
"Les problèmes entre les autorités et les enseignants persistent, il faudrait que le quantum horaire soit atteint pour de bon pour que l’école sénégalaise soit celle de la réussite et non de l’échec", a-t-il noté.
De son côté, le secrétaire d’Etat à l’alphabétisation, Youssou Touré, a considéré qu’il faut une volonté politique réelle pour sortir l’école sénégalaise de cette situation de crise permanente.
"Il faut que l’Etat apprenne à prendre ses responsabilités pour faire face à certaines obligations des enseignants parce que le développement d’un pays repose sur un système éducatif performant", a-t-il estimé.
Toutefois, "plus de quarante syndicats d’enseignants dans un pays aussi petit que le Sénégal, du point de vue démographique, cela pose problème", a-t-il fait remarquer.
"Il faut oser dire les choses telles qu’elles sont pour sortir de ce mimétisme qui retarde l’école sénégalais", a-t-il conclu.
Le système éducatif sénégalais est "instable" et les résultats scolaires sont "mitigés", a reconnu le président de la République Macky Sall, lors du Conseil présidentiel sur l’éducation et la formation qui a réuni, début août, autorités, syndicalistes, parents d’élèves et d’étudiants, etc.
"Pour une école stable, viable et de qualité, il est urgent de refonder le système, améliorer la gouvernance et consolider le dialogue social", a-t-il souligné.
"Je veillerai personnellement à ce que le comité de suivi, qui sera mis en place dans de meilleurs délais, soit le reflet de cet esprit de rupture, de dialogue et de respect de nos engagements respectifs pour une école de la réussite au Sénégal", a-t-il avancé.
Les propos du président n’ont pas cependant rassuré tous les enseignants.
Le secrétaire général du cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire, Dame Mbodj, s’est dit "très déçu par les décisions prises lors du conseil et qui n’ont rien à voir avec les réflexions menées pendant des mois".
"Les enseignants, qui constituent l’essentiel du système éducatif, ont été royalement ignorés", a-t-il déploré et de considérer que "les directives sont très aériennes et les statuts de l’enseignant et le système de rémunération ont été ignorés".
"Il ne peut y avoir d’éducation de qualité sans des enseignants motivés et qualifiés", a-t-il conclu.