Le nouveau ministre de la Gouvernance locale, Abdoulaye Diouf Sarr, chargé de mener l’évaluation de l’Acte III de la décentralisation, tout comme l’échéance donnée à cette évaluation, suscitent des doutes quant à la qualité du diagnostic qui est en train d’être. C’est du moins la conviction de Malick Diagne, expert en décentralisation, invité de l’émission politique Objection de la radio Sud Fm, diffusée ce dimanche 09 août 2015.
Même si la volonté du chef de l’Etat, Macky Sall, d’évaluer l’Acte III de la décentralisation, après seulement une année de mise en œuvre, est salutaire, il n’en demeure pas moins que certains actes posés ne militent pas à un diagnostic de qualité. C’est la conviction de Malick Diagne, expert en décentralisation, non moins observateur politique, qui s’exprimait au micro de Baye Oumar Gueye hier, dimanche 09 août. L’invité de l’émission politique de la radio Sud Fm, Objection, a en effet émis des réserves quant à la qualité du diagnostic qui est en train d’être fait sur la réforme phare de Macky Sall.
Pour cause, M. Diagne estime d’abord que le nouveau ministre de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement du territoire, Abdoulaye Diouf Sarr, qui a mis en place un comité, «n’a pas une certaine sensibilité appuyée sur cette question». De l’avis du consultant en décentralisation, l’autre aspect qui ne milite pas en faveur d’une bonne évaluation de la réforme est le délai très court d’exécution de cet audit, fixé au début au 31 juillet, selon un communiqué des conseils des ministres. A l’en croire, «pour une évaluation, il faut prendre du temps. Il faut des études approfondies, qualitatives».
Invité à se prononcer sur les axes autour desquels doit être orienté le diagnostic, l’expert en décentralisation a indiqué que tout d’abord, il faut qu’un regard soit jeté sur le personnel affecté aux collectivités locales, alors que celles n’ont pas les moyens de supporter cette masse salariale. L’autre aspect à tenir en compte dans l’évaluation, selon M. Diagne, est aussi la clarification du statut de la ville. Sur ce point, Malick Diagne a trouvé «qu’on ne peut pas décider d’affaiblir la ville, d’en faire toujours une collectivité locale, et d’avoir un statut hybride». Dans la même dynamique, il a estimé qu’il faut revoir la vocation d’une collectivité locale.
A l’en croire, ces communes ne peuvent pas fonctionner comme elles le faisaient, il y a de cela quelques décennies. Un autre point, et pas des moindres, a trait à la répartition de la fiscalité et des taxes supplémentaires. Pour M. Diagne, «dans la règlementation du régime financier des collectivités locales, il faut dépoussiérer certains textes». Comme solution, il trouve que pour la distribution des fonds de dotations aux communes, il est préférable de tailler la part belle aux collectivités locales dépourvues de ressources.