Beaucoup de choses, pas toujours catholiques, sont racontées sur les mannequins. Les acteurs incriminés ont toujours réfuté cela à l’exception de quelques-uns d’entre eux. Et après le décès de Maty Mbodj, nombreuses ont été les supputations sur les causes de sa mort. EnQuête pose le débat sur les relations qu’entretiennent les mannequins avec l’alcool et la drogue ainsi que le sexe.
“Il fréquentations", écrivait le 8 novembre 2014 l’ancien manne- quin Sira Cissokho. C’était après qu’elle a mis le voile et quitter les podiums. Cette réflexion qu’elle a empruntée à l’un des saaba du Prophète Mouhammad (PSL) Oumar Ibn Al Khattab traduisait- elle son sentiment du moment ? Cela signifiait-il pour Sira que s’éloigner du milieu du manne- quinat équivalait à fuir les mau- vaises fréquentations.Ainsi donc serait vrai tout ce qu’on raconte sur ce milieu et les gens qui le composent ? Le décès de Maty Mbodji qui a fait les choux gras de la presse et alimenté les rumeurs les plus folles laissent aussi croire que nos modèles ne sont pas des saints. Même si les résultats définitifs de l’enquête sont encore attendus, les pre- mières conclusions notent une forte présence de “substances” dans son sang. Les plus auda- cieux avancent que ces subs- tances ne seraient autre que de l’alcool et de la cocaïne. Pourtant, de tous temps, les belles des défilés de mode ont toujours soutenu urbi et orbi qu’elles ne consommaient pas d’alcool, encore moins de drogue.
“On est dans une société hypocrite. Il y a deux ans, dans 100% people, j’avais dit que maintenant nos mannequins se droguaient. Ils ont démenti mais aujourd’hui, les faits me donnent raison”, se rappelle l’ancien ani- mateur télé à Sen Tv Tange Tandian joint par EnQuête, de la France où il se trouve actuelle- ment. Ainsi donc, ce qu’elles disent ne serait que des bali- vernes. Car comme Tange, le co- animateur de l’émission “wareef ” Ndoye Bane affirme que les “mannequins ne sont presque jamais lucides quand elles défilent. Soit elles prennent de l’alcool, fument des choses pas recommandées ou se piquent avant”.Et elles le feraient dans les coulisses, selon Tange. Nos deux interlocuteurs ont quand même tenu à préciser que tous les mannequins ne sont pas concernés par ce qu’ils disent.“Il y a des mannequins qui sont cor- rects.
Elles viennent, font leur travail et rentrent après tranquil- lement chez elles. Mais si vous prenez 100 mannequins, seuls 5 sont sans reproches”, déclarent- ils. Une analyse que ne partage pas l’un des premiers photo- graphes people du Sénégal Mamadou Gomis. “Il faut éviter de mettre tous les mannequins dans le même sac.Il y en a qui sont passionnées par ce qu’elles font et ne s’intéressent qu’à leur travail”, renchérit-il. “L’alcool et la drogue sont des réalités dans nos milieux. Il y en a parmi nous qui en usent et même en abu- sent mais ce n’est pas tout le monde”, reconnaît l’une d’entre elles qui a requis l’anonymat. Dans la même veine, le journa- liste et spécialiste en communi- cation Pa Assane Seck constate : “La drogue et l’alcool, c’est par- tout. Ce sont les mannequins qui ont bon dos.” A son avis, leur apparence favoriserait cela.“Elles ont le paraître mais cela ne veut pas dire qu’elles ont de l’argent”, explique-t-il.
“Le mannequinat ne paie pas”
C’est là tout le problème. Il y a peu de défilés au Sénégal par an et ils ne sont même pas bien payés, selon ceux qu’on a inter- viewés. “Le défilé qui paie le mieux est Siravision et à la fin, le mannequin gagne tout au plus 250 mille F Cfa. Encore que ce sont les vedettes qui ont ce cachet-là”, affirme Ndoye Bane. Tange Tandian revoie leur paie à la baisse. “Le plus gros cachet, c’est 100 ou 150 mille F Cfa”. “Moi on me paie entre 50 et 100 mille F Cfa par défilé. Cela dépend juste du créateur”, pré- cise une belle liane au teint clair sous le sceau de l’anonymat.“Le mannequinat ne paie pas”, constate pour sa part l’ancien photographe du groupe Walfadjri.
“Le mannequinat, c’est de la prostitution déguisée”
Donc, où les modèles sénéga- lais trouvent-ils de l’argent pour sortir en boîte pendant toute la semaine, avoir ce “paraître” dont parle Pa Assane Seck ou encore acheter de la drogue, du champagne ou du vin ? La ques- tion mérite d’être posée. “Ces filles n’ont pas de quoi se payer de la drogue. Ce sont des auto- rités, des politiques de ce pays et de riches hommes d’affaires qui les attire et les entraîne dans ce monde. Ce sont eux qui les détruisent. Parce que la plupart de ces filles viennent de l’inté- rieur du pays et développe un certain complexe. Elles pensent que si elles refusent à faire cer- taines choses, elles ne sont pas in”, analyse Mamadou Gomis. Son avis est partagé par Tange et Ndoye Bane.“Vu le niveau de vie de ces filles, seuls des hommes riches peuvent être avec elles”, soutient le premier.
L’animateur du Groupe Futurs Medias de renchérir :“Allez dans les appar- tements qu’occupent ces filles ! Elles paient une location dont le montant minimal est de 250 mille. Le mobilier qu’on y trouve, quand on l’évalue, coûte à peu près 3 millions et plus même des fois.” Aussi “refusent- elles d’habiter chez des parents à Dakar et elles paient tout pour ceux qu’elles ont laissé dans leurs villes d’origine, et ces der- niers savent que cet argent n’est pas le fruit du travail de leurs filles”, lance Ndoye Bane. Ce dernier, à l’instar de Tange et Gomis, considère que ce train de vie est excessif. Dès lors, il estime que les mannequins sont financés par leurs petits copains ou leurs relations d’un soir. “Une fille pauvre ne peut pas trouver à elle seule de la drogue. Les tentations sont nombreuses tout comme les propositions. La concurrence entre filles pousse certaines à faire de manière inconsciente certaines choses. Le luxe et l’ar- gent les attirent”, affirme Mamadou Gomis.
Et ce seraient des étrangers qui seraient à la base de cela, selon Tange Tandian. Gomis n’est pas de cet avis. “On disait que ce sont des étrangers qui déviaient nos filles mais aujourd’hui, force est de reconnaître que ce sont nos propres compatriotes sénéga- lais qui les pervertissent”, affirme-t-il. Il est conforté dans ses propos par Ndoye Bane. “Quand l’une de ces filles a des problèmes, vous ne pouvez ima- giner combien de personnes influentes appellent ou inter- viennent pour la sortir d’af- faire”. Et “ce sont ces mêmes gens qui paient les apparte- ments”, ajoute-t-il. C’est pour- quoi il considère que “le manne- quinat au Sénégal, c’est juste de la prostitution déguisée”.
“Le milieu du mannequinat au Sénégal est pourri”, certifie Tange. Seulement, ceux qui financent ces filles ne feraient que les utiliser. Ils ne les considé- reraient que comme des objets sexuels. “Quand une autorité couche aujourd’hui avec une de ces filles, le lendemain, il file son numéro à un de ses amis. Et lui à son tour prend le relais”, selon Bane. Tange Tandian assure pour sa part que “ceux qui les financent peuvent leur donner 500 mille ou plus en un soir. Mais dès qu’ils arrivent à les avoir dans leur lit, ils ne leur donneront pas plus de 50 mille F. C’est pourquoi elles en cherchent toujours de nou- veaux à capturer”.