La bataille continue toujours pour la libération de Karim Wade. Ses partisans ont initié une pétition en ce sens. Ils ont en même temps fait appel à la société civile pour la réussite de leur combat.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a déterré l’avis émis par le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) des Nations unies sur l’affaire Karim Wade. Cette fois-ci, c’est Aïda Mbodji qui est montée au créneau en lançant hier la signature d’une pétition pour lutter contre les détentions arbitraires au Sénégal.
Selon la présidente du Conseil départemental de Bambey, cette initiative vise à inciter l’Etat à se plier à la volonté de l’instance onusienne. Laquelle appelle les autorités sénégalaises à ‘’prendre les mesures nécessaires pour remédier au préjudice subi par Monsieur Karim Wade et prévoir une réparation intégrale conformément à l’article 9 alinéa 5 du Pacte international relatif aux Droits civils et Politiques (PIDC)’’.
‘’Je suis la digne fille d’Abdoulaye Wade. Je ne vais pas rester là à attendre. C’est le début d’un combat. La lutte ne va s’arrêter que quand l’avis du Groupe de travail sera appliqué’’, lance la députée libérale. Elle demande également que tous ceux qui sont victimes d’une détention arbitraire soient réhabilités à la hauteur du préjudice subi. Et que l’interdiction de sortie du territoire de personnalités politiques soit levée. Parce que, dit Aïda Mbodj, ‘’elles vivent dans une prison à ciel ouvert. Poursuivant son exposé, la responsable du mouvement And/Saxal Ligey est d’avis que la non-application de l’avis du Groupe de travail des Nations unies par l’Etat va porter préjudice aux Sénégalais désirant occuper des postes au sein de l’ONU. Parce que, précise-t-elle, l’organisation internationale ne donne pas de suite favorable à la demande des citoyens d’un pays qui viole les règles qu’elle a établies. C’est pourquoi elle appelle tout le monde à faire reculer le régime dans cette affaire.
Le lancement de la signature de la pétition a enregistré la participation de membres de la société civile que l’on considérait comme hostiles au pouvoir quand Abdoulaye Wade présidait aux destinées du Sénégal. ‘’Il faut dire au Groupe de travail que notre espoir réside en eux. Parce que c’est grâce à leur avis qu’un prisonnier qui avait subi le même sort que Karim Wade a été libéré au Cameroun. Notre camarade n’a pas besoin de grâce. Il veut que Justice soit faite’’, dit Aïda Mbodji en guise d’interpellation au Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la Défense des droits de l’Homme, Aboubacry Mbodj. Ce dernier de donner une suite favorable à la demande de l’ancienne mairesse de Bambey. Selon le patron de la Raddho, le combat du Pds s’inscrit en droite ligne avec celui de son organisme dont l’une des missions est le respect de la dignité humaine.
‘’Nous avons eu à manifester notre combat contre la détention arbitraire dans différents pays africains. Nous avons eu à défendre Alpha Condé en Guinée, jusqu’à ce qu’il soit libéré de prison. Nous étions les premiers à démontrer les irrégularités de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI) dans l’affaire Karim Wade. Nous avions dit que les procédures de cette juridiction étaient attentatoires au droit à un procès équitable. Nous avons porté ce combat non seulement au niveau national mais aussi dans les instances africaines pour dire que la détention de l’ancien ministre de l’Energie est arbitraire’’, renseigne Aboubacry Mbodj.
D’après le défenseur des droits de l’Homme, l’affaire Karim Wade est similaire à celle de Michel Atangana du Cameroun. Ce dernier a été arrêté par le gouvernement camerounais et emprisonné, mais c’est grâce à l’avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies qu’il a été libéré. C’est le même cas pour les Pays-Bas où ses autorités ont eu à se plier à un avis émis par l’instance onusienne.
‘’Sanctions contre le Sénégal’’
M. Mbodji explique que le Sénégal ne peut pas se ‘’cacher derrière sa souveraineté’’ pour ne pas suivre le GTDA. Parce que notre pays est Etat partie des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Donc cette ‘’souveraineté n’existe pas’’, résume-t-il. Et d’ajouter : ‘’Nous continuerons ce combat parce que si le Sénégal ne s’exécute pas, le Groupe de travail va rendre compte au Conseil des droits de l’Homme et cette instance prendra toutes les dispositions. Pour n’importe quel poste qu’un Sénégalais aura à briguer au niveau des instances des Nations unies, on y mettra un véto. C'est-à-dire : on prive les Sénégalais des opportunités qui s’offrent à eux. C’est des sanctions extrêmement graves. Nos autorités doivent revenir à la raison et s’exécuter pour le respect de l’Etat de droit’’, avertit-il.
C’est dans cette même logique que s’est inscrit Malick Ndiaye, coordonnateur du Cercle des intellectuels du Sénégal. L’auteur du tout nouveau livre : ‘’La seconde alternance sénégalaise à l’épreuve de l’impunité : Equations Karim Wade et Hissein Habré, CREI ET CAE’’, estime que nos valeurs traditionnelles ne permettent pas la détention du fils de l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade. C’est pourquoi le sociologue compte faire un plaidoyer au niveau des universités du Sénégal pour que la pétition soit signée afin que le candidat du Pds à la prochaine présidentielle soit tiré d’affaire.
Présent à la manifestation, le journaliste et politologue Babacar Justin Ndiaye affirme lui que c’est la défense de ses principes qui l’a poussé à participer à la rencontre. A l’en croire, les hommes ne sont pas importants mais ce sont plutôt les idées qui comptent.
A noter que la rencontre a enregistré la présence des députés Mamadou Diagne Fada, Oumar Sarr (Pds) Mamadou Diop Decroix (Aj/Pads) et Thierno Bocoum du parti Rewmi.