La situation pluviométrique, globalement déficitaire sur une bonne partie du territoire national, avec une installation tardive des pluies par rapport à la normale, est conforme aux prévisions saisonnières de la météo. Ces dernières annoncent une période pluvieuse pour les mois d’août, septembre et octobre, notamment au Sud et au Centre du pays. Seulement, en conséquence du retard dans l’installation de l’hivernage, dans les zones où il n’a pas encore plu (Saint-Louga, Louga, Linguère, etc.) il est déconseillé aux producteurs de cultiver des variétés ayant un cycle de 90 jours. Par contre, dans les zones centre et sud où l’on note un retour à la normale de la pluviométrie, il n’y pas péril en la demeure, puisqu’ici les spéculations mûrissent entre 90 et 120 jours. D’ailleurs, dans ces zones, les producteurs ont déjà porté leurs graines en terre et l’on constate beaucoup de levées, surtout en fin juin et début de la seconde quinzaine du mois de juillet où les quelques pluies enregistrées ont été effectives. Même si en Casamance, le non positionnement d’une unité mobile au niveau de la Base de Surveillance et d’Avertissement Agricole de Kolda pour une intervention rapide et efficace dans les trois régions et le retard dans la mise en place des dotations en produits phytosanitaires pour une prise en charge efficaces des infestations, inquiètent les producteurs qui ont déjà commencé à nourrir espoir avec la répartition spatio-temporelle des pluies, jugée bonne.
DIABEL NDIAYE, INGENIEUR AGROMETEOROLOGUE A L’ANACIM : «La pluviométrie est globalement déficitaire sur une bonne partie du pays»
Dans de nombreuses zones du pays, les quantités de pluies enregistrées sont inférieures à la normale. Une situation qui résulte de l’installation tardive de l’hivernage. L’analyse est de l’ingénieur agro-météorologue à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), Diabel Ndiaye. Dans cet entretien, il fait le point sur situation pluviométrique, sur l’étendue du territoire national, qui selon lui est conforme aux prévisions saisonnières.
Quelle est la situation pluviométrique au Sénégal ?
L’installation de l’hivernage est tardive par rapport à la normale. Mais, elle est conforme aux prévisions saisonnières. On avait prévu un début tardif de la saison des pluies. Il en est ainsi dans beaucoup de zones. Cette année, dans la zone sud, on a eu des pluies en juin alors que dans la normale, l’installation de l’hivernage c’était en fin mai ou début juin. S’agissant de la zone centre, elle a connu ses premières pluies en mi-juillet, ce qui est assez tardif.
Jusqu’à présent, on n’a pas encore de précipitations dans la région de Louga, notamment à Keur Momar Sarr et quelque part aussi dans la région de Saint-Louis et dans certaines parties du département de Linguère. Dans ce département, pas plus tard qu’hier, jeudi 30 juillet, j’ai eu des échos venant de Dealy, il n’a pas encore plu là-bas. Dans la zone de Keur Momar Sarr aussi, vers Pottou et dans des zones de la région de Saint-Louis, il y a des parties qui n’ont enregistré aucun millimètre de pluie. La zone de Louga, d’habitude reçoit ses premières pluies en fin juillet début août, une situation tardive.
Qu’est-ce qui est à l’origine de ce retard ?
On est dans une période de réchauffement du pacifique qui ne va pas avec un bon hivernage. Avec ce réchauffement, il n’y pas assez de convections pour qu’il y ait assez de pluies. Il y a beaucoup de perturbations. Il n’y a pas assez d’humidité pouvant créer la pluie.
Si la situation persiste, peut-on craindre un déficit pluviométrique ?
Le déficit est déjà là. Dans la zone nord et peu dans certaines parties du centre, les précipitations sont faibles. En faisant la comparaison avec l’année dernière, on a connu la même situation. L’hivernage dernier était très déficitaire et malheureusement c’est presque la même physiologie qui est en train de se reproduire dans beaucoup de localités. La situation est globalement déficitaire sur une bonne partie du pays. Surtout dans les zones concernant Louga, Linguère et Podor. Les pluies enregistrées sont aussi faibles dans le bassin arachidier, Dakar et une partie du département de Thiès, notamment au Nord de Tivaouane. Matam aussi a reçu une quantité de pluie très en dessous de la normale. Par contre, au fin fond de Thiès et à Goudiry on a une situation excédentaire. A Kédougou, Bakel, Vélingara et Ziguinchor la situation est normale.
Les pluies provoquées ne peuvent-elles pas être la solution ?
C’est un autre volet que nous ne gérons pas au niveau du suivi mais, quand même, le programme des «pluies provoquées» est là pour palier ce déficit pluviométrique. Mais si on est dans les moments de phases sèches, c’est difficile de faire des pluies provoquées. Les pluies provoquées ne sont possibles qu’avec une humidité de l’atmosphère.
Qu’elles sont les quantités des précipitations enregistrées ?
En cette période, ce sont des cumuls qui varient du Nord au Sud. Plus on évolue vers le Sud du pays, plus on constate une augmentation. Les zones les plus pluvieuses sont au Sud du pays. A Ziguinchor on a enregistré 433 millimètres. Il y a aussi Kédougou (382 millimètres). Donc le Sud et le Sud-est sont actuellement bien arrosés. En comparaison à la tendance de l’année dernière, la situation est bonne dans ces zones.
Pour le Centre, les quantités les plus importantes sont recueillies à Kaffrine où on a 212 millimètres. Des quantités assez faibles sont recueillies à Kaolack (57 millimètres). Dans le Centre ce sont des quantités qui varient entre 50 et 100 millimètres qui sont enregistrées. Les cumuls les plus faibles sont enregistrés au Nord où des fois c’est zéro millimètre. Dakar aussi a un très faible cumul (31millimètres). Rufisque a enregistré plus de 42,5 millimètres.
Quelles peuvent en être les conséquences sur les cultures?
Les conséquences, c’est le retard de l’installation des cultures. Par exemple, la culture de l’arachide devient de plus en plus risquée. Si on a des pluies qui commencent au delà du 10 août, c’est difficile de mettre des variétés qui mûrissent à temps. La conséquence de l’installation tardive de l’hivernage dans les zones où il n’a pas encore plu est qu’on ne peut plus cultiver des variétés ayant un cycle de 90 jours. Dans les zones centre et sud, il n’y pas de problèmes parce qu’elles ont des variétés qui mûrissent entre 90 et 120 jours. Vue l’installation normale de la pluviométrie, il n’y pas d’inquiétudes à se faire. Ce qu’on recommande, par contre, aux agriculteurs de Louga et ceux de Saint-Louis, c’est de cultiver des variétés à cycle court comme le niébé si d’ici le 10 août on n’a pas de pluies dans ces zones là.
LONGUE PAUSE PLUVIOMETRIQUE : Les pluies attendues les 3 prochains mois
La pause pluviométrique qui sévit actuellement au Sénégal pourrait être rompue. Selon l’ingénieur prévisionniste et responsable du service prévision générale météorologie aéronautique à l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (Anacim), Pape Ngor Ndiaye, des précipitations sont attendues dans de nombreuses zones du pays, ces jours-ci.
«Depuis le week-end passé, on a une probabilité de pluies. Elle s’est manifestée dans les régions sud, centre et dans certaines zones du Centre-ouest. Actuellement, on aborde une phase humide particuliemrent marquée par une situation qui peut nous valoir des pluies sur les régions sud et centre-ouest. Les pluies sont attendues à Dakar Thiès, Mbour, Diourbel, Kaolack et Fatick. Des pluies peuvent aussi s’abattre à Podor, Linguère, Bakel, Tambacounda et Dakar». Cependant, précise-t-il, les prévisions n’excluent pas des précipitations à intensité modérée.
A la question de savoir, si on peut s’attendre à de très fortes précipitations en ce mois d’août, période la plus pluvieuse de l’année, le prévisionniste fait remarquer qu’il est encore très tôt pour faire des prévisions générales et les données dont il dispose concernent seulement ces trois jours. Toutefois, indique-t-il, des prévisions saisonnières ont été faites et mises à jour. Ces dernières prévoient une période pluvieuse pour les mois d’août septembre et octobre. Les pluies sont plus attendues au Sud et le Centre du pays. Actuellement, à Dakar, les quelques millimètres de pluies obtenus sont enregistrés au niveau des stations de Dalifort, Mbao, Rufisque et Bel Air.