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Macky Sall à la conférence internationale sur la paix: “Pas de dialogue possible avec les terroristes”
Publié le jeudi 30 juillet 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Le Khalife général de Médina Baye reçu par le président de la République
Dakar, le 5 mars 2015 - Le Président de la République, SEM Macky Sall, a reçu ce jeudi 5 mars 2015 à 17h le Khalife général de Médina Baye, El Hadj Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niasse, accompagné d’une délégation.




Le président s’est montré sur la défensive face à la montée en puissance des mouvements extrémistes, hier lors de l’ouverture de la rencontre internationale sur la “contribution de l’islam à l’avènement d’une paix mondiale durable”. Une initiative de Médina Baye qui prône un retour aux enseignements authentiques.



Macky Sall joue-t-il les Cassandre ? Après son invite à la vigilance sur des comportements douteux d’extré- mistes supposés lors de la prière de Korité, le voilà qui récidive. Le prési- dent de la République s’est montré précautionneux sur l’évolution inquiétante de l’internationale terro- riste lors de la rencontre d’hier. Il invite l’opinion sénégalaise à sortir de cette bulle idéaliste et se prémunir contre une menace ‘jihadiste’ de plus en plus prégnante. “Qui aurait pu prévoir 10 ans auparavant que la situation actuelle qui prévaut au Nigeria serait si préoccupante ? La menace terroriste est pourtant arrivée jusqu’au Mali ; et c’est un leurre de penser que le pays (Sénégal) est épargné parce que nous ne sommes pas encore frappés. Il faut s’apprêter à y faire face et ne pas penser qu’en évitant d’en parler, nous serons exemptés de terrorisme. Il ne faut pas développer de crainte, car la peur n’empêchera de mourir de toute façon”, a-t-il déclaré. “Nous pren- drons toutes les mesures adéquates car ils sont partout. Soyez vigilants sur des pratiques inhabituelles près de chez vous. De toute façon, ils vivent de ce que l’islam interdit : de vente de drogue, de prise d’otages etc. Il ne faut pas taire le problème et espérer être épargné. Ce n’est pas les terroristes qu’il faut craindre, mais Dieu”, ajoute-t-il.

Dans son discours d’inauguration de cette conférence internationale sur la paix, le président s’est voulu réaliste. La logique d’une réaction proportionnée contre les factions extrémistes se justifie d’autant plus que l’Afrique de l’ouest s’intègre dans cette militarisation mon- dialisée des groupes terroristes. Boko Haram s’est aligné sur les standards du terrorisme globalisé et est récemment devenu Etat islamique en Afrique de l’ouest. “Ces terroristes ne sont que des iconoclastes qui sont mus par un besoin pathologique de tout détruire sur leur passage. Il faut savoir qu’on ne peut pas discuter avec ces gens, il ne peut pas y avoir de dialogue possible avec les terro- ristes.

Alors veillez à prendre, dans les conclusions de vos travaux, cet aspect sécuritaire qui est de notre ressort, nous décideurs”, a lancé le président à l’atten- tion des groupes de travaux de cette ren- contre internationale qui vont se pencher sur six sous-thèmes. Même s’il a fustigé ces extrémistes qui s’acharnent à “pren- dre l’islam en otage et une islamophobie tout aussi répugnante”, le chef de l’Etat n’en estime pas moins qu’il “est temps de rendre audible la voix de la paix en poursuivant les actes authentiques du Prophète” dans le contexte actuel. Macky Sall a été d’ailleurs le premier réci- piendaire du prix Ibrahima Niass pour la paix. Pour marquer le coup, l’archevêque de Dakar Mgr Benjamin Ndiaye a décerné un prix, à titre posthume, à Ibra- hima Mahmoud Diop ; et Mamoune Ibra- him Niass a reçu le sien d’Abdoul Aziz Sy Al Amine.

Petit Jihad vs Grand Jihad

La cohabitation entre les trois grandes religions monothéistes, mise à rude épreuve par les attentats terro- ristes, a pourtant offert des exemples de coexistence et de solidarité par le passé. Des premiers exilés musulmans abrités par le roi d’Abyssinie (Ethiopie), au Pacte de Najran où les chrétiens prièrent dans la mosquée de Médine sur invite du prophète Muhammad (PSL), la situation actuelle est tout autre. Au Sénégal, cet exemple se per- pétue. Un état de fait qui doit beau coup à l’observance des principes du soufisme dont la pratique religieuse dans le pays s’inspire en grande majo- rité. Le ministre des Affaires religieuses du royaume du Maroc, Ahmed Tawfekh, estime que la sagesse prônée dans l’islam soufie est un antidote à la vision littéraliste et ‘takfiriste’ (icono- claste) qui constitue le soubassement idéologique des extrémistes. “Elle entraîne une paix intérieure car elle éduque ses disciples à une transforma- tion personnelle avec la guidance de Dieu et les avis du prophète. L’islam soufi comme choix et voie de respon- sabilité vis-à-vis des forces négatives de ce monde est à suivre. La paix doit être soutenue par la sagesse. Le petit jihad est une guerre défensive de cou- rant littéraliste qui fait son chemin dans les formations jihadistes ; alors que le courant soufi est fortement mobilisateur et pacificateur”, a plaidé le ministre marocain.

A la place, c’est le ‘grand jihad’, la bataille de l’effort personnel dirigé contre soi-même pour la perfection morale qu’a prônée le pro- fesseur de chaire Islam et Civilisations contemporaines de l’université de Harvard, Ousmane Kane. “Il est ques- tion de redoubler d’efforts. Le grand jihad, comme l’a recommandé le Prophète, ce n’est pas celui dirigé contre les autres mais contre soi- même”, déclare-t-il. Ce dernier qui a fait une dissertation sur le parcours postcolonial du Sénégal en relation avec l’islam, la tolérance et la démo- cratie, est revenu sur les acquis du pays en la matière. Le premier prési- dent Léopold Sédar Senghor, issu d’une minorité ethnique et d’une minorité religieuse, a dirigé ce pays majoritairement musulman pendant deux décennies. “Des acquis dont même les grandes démocraties ne peuvent s’enorgueillir”, dus à l’option d’une foi religieuse basée sur la tolé- rance.

Même s’il condamne fermement les attaques des groupes terroristes, Ous- mane Kane estime que la radicalisation du groupe nigérian est due à l’erreur poli- tique des autorités de ce pays qui ont pro- cédé à l’exécution extrajudiciaire de son leader, Muhamed Yusuf, en 2009. Le Khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass qui a été à l’ini- tiative de cette rencontre, a quant à lui appelé à l’union des cœurs pour mettre fin à ces exactions après un plaidoyer pour les agriculteurs.
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