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Sidiki Kaba sur la non-comparution de Idriss Deby : «C’est toujours les plus hauts responsables qui sont poursuivis»
Publié le lundi 27 juillet 2015  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DF
Un rapport sur les conditions des femmes enceintes dans les prisons publié
Dakar, le 08 Mars 2015 - Un rapport note l`inadéquation des prisons sénégalaises pour l`accueil des femmes enceintes ou allaitantes. Photo: Sidiki Kaba, garde des sceaux, ministre de la justice




La question de la comparution de Deby ne cesse de revenir lors des débats sur le procès de l’ancien Président tchadien Hissein Habré, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures. Très souvent, l’on se demande pourquoi Deby n’est pas poursuivi au même titre que Habré, vu qu’il était le chef d’Etat-major des Armées à l’époque des faits. Pour trancher le débat, Me Sidiki Kaba ministre sénégalais de la Justice, informe que la Justice internationale poursuit toujours les premiers responsables.

«Dans les mécanismes de la Justice internationale, ce sont toujours les plus hauts responsables qui sont poursuivis». Ce sont les propos du ministre sénégalais de la Justice interpellé sur la non-comparution de Idriss Deby. Selon Me Sidiki Kaba, la Justice internationale fonctionne avec des règles qui consistent à poursuivre les premiers responsables. Prenant l’exemple de la violence du nazisme qui, lors de la deuxième Guerre mondiale, a fait 60 millions de victimes, le Garde des sceaux sénégalais soutient que seules 22 personnes ont fait l’objet de poursuites. Ces dernières étaient les plus hauts responsables de l’Allemagne nazie. «Ceux qui ont préparé, ceux qui ont planifié, il y a le menu fretin ; la justice va continuer de les juger. C’est comme ça que ça se passe au niveau de la Justice internationale. Il y a aussi l’exemple de Charles Taylor, on l’a poursuivi pour des crimes qui se sont passés au niveau de la Sierra Leone. Pourtant, il était le chef d’Etat libérien, si on devait le poursuivre pour les crimes commis au Liberia on dira que c’est de l’acharnement. En fait, la poursuite pour des crimes graves, c’est le plus haut responsable», a-t-il expliqué.

Reed Brody : La fixation sur Deby montre l’efficacité de la communication de Habré
Abordant cette question, Reed Brody, conseiller juridique et porte-parole de Human rights watch (Hrw), estime que la fixation sur le Président Idriss Deby montre l’efficacité de la communication de Habré. D’après lui, si Idriss Deby n’était pas en ce moment le Président du Tchad on ne parlerait pas de lui. «C’est une manière pour Hissein Habré de déplacer le débat. Il a publié un document de 119 pages récemment, dans lequel il a cité Human rights watch 142 fois, Reed Brody 57 fois, Sidiki Kaba 6 fois, Aminata Touré 13 fois, la piscine 0 fois, les faits aussi 0 fois. On veut déplacer le débat et regarder ailleurs. Je suis accusé de plusieurs crimes, mais on ne va pas parler de ça, on va parler de tout sauf des faits», a-t-il souligné. D’après lui, «ça se passe toujours comme ça avec tous les grands tortionnaires quand la justice finit par les rattraper». «Ils n’engagent jamais le débat sur le fond ; la stratégie c’est de dire : ‘’C’est moi la victime, je suis malmené par la justice’’», a-t-il dit.
Me Sidiki Kaba qui s’exprimait lors du séminaire organisé par l’Institut d’étude et de sécurité sur le thème : «Promouvoir la justice internationale en Afrique de l’Ouest : Consolider les réussites», a soutenu que l’un des défis majeurs du procès de Habré, c’est qu’il soit «juste et équitable». D’après le ministre sénégalais de la Justice, c’est dans ce sens que «le juge a désigné 3 avocats et leur a donné 45 jours pour étudier le dossier». «Pour faire en sorte que l’on sache que même si l’accusé refuse la défense, il a droit à la défense. C’est une façon de montrer que la justice sénégalaise est prête à rendre une justice aux normes internationales», a-t-il déclaré.
S’agissant de la décision de Habré, qui a choisi de ne pas se défendre, il estime que c’est un droit qui est reconnu à l’accusé. Mais d’après lui, «la gravité des crimes exige au Sénégal, au niveau de la loi que malgré tout on vous affecte des avocats pour que vous ne soyez pas seul».
Parlant de ce procès jugé «historique», Me Sidiki Kaba soutient que «l’enseignement fondamental, c’est que c’est une alternative à une critique qui est souvent formulée à l’endroit de la Cpi» qu’on accuse de ne juger que des Africains. Me Kaba a toutefois précisé que presque toutes les autorités africaines jugées à la Cpi ont été traînées par des Etats africains devant cette Cour.
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