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Commission d’office de trois avocats pour Habré: La défense va attaquer la décision
Publié le jeudi 23 juillet 2015  |  Enquête Plus
Hissène
© aDakar.com par DR
Hissène Habré, ancien président de la République du Tchad




Après la commission d’office de trois avocats pour Hissein Habré hier, son conseil Me Ibrahima Diawara se dit ‘‘ scandalisé ’’ par cet acharnement des Chambres africaines extraordinaires (CAE) contre son client. Il promet de s’attaquer à cette décision ‘‘dans les prochains jours’’. La nouvelle défense de Habré minimise et prend son rôle à cœur.



‘’Peut-on substituer des avocats qui ne se sont pas déportés à d’autres commis d’office ? Avez-vous déjà vu des avocats défendre quelqu’un contre sa volonté ? Si ce dernier refuse, ils vont parler au nom de qui ?’’ Les questionnements de Me Ibrahima Diawara ont fusé hier, après la suspension de l’audience jusqu’au 7 septembre. En interdisant à ses conseils Mes Ibrahima Diawara et François Serre de l’assister, Hissein Habré a poussé les CAE à commettre d’office les avocats du barreau de Dakar Mes Mbaye Sène, Mounir Ballal, Abdou Gningue comme ses nouveaux défenseurs. Une décision qui a entraîné la colère de Me Diawara son avocat constitué pour cette affaire. Il promet de mettre son veto à cette désignation. ‘‘Notre déontologie nous permet d’écrire pour s’opposer à ce qu’ils se constituent. C’est ce que nous allons faire dans les prochains jours’’, a-t-il déclaré dans les couloirs du Palais de justice, après la suspension de l’audience.

‘‘Nous sommes scandalisés et nous avons aujourd’hui la preuve que les CAE veulent viser Habré, tout en violant les droits qui lui sont reconnus. La commission d’office, c’est quand un accusé n’a pas d’avocats. Dans le cas d’espèce, le président Hissein Habré a des avocats qu’il a choisis’’, a-t-il lancé. Le conseil du prévenu se base sur le code de procédure pénale qui, d’après lui, stipule que quand le client refuse de comparaître ou ne comparaît pas, les avocats qui le défendent n’ont pas droit à la parole. ‘‘On peut retenir que ces avocats parlent au nom du président Gberdao-Gustave Kam et non celui du président Habré. Il se pose même un problème d’ordre éthique’’, déclare-t-il, assimilant tout cela à de la connivence et une comédie auxquelles il ne va pas participer.

‘‘Qu’il accepte ou pas, nous sommes obligés de le défendre’’

Les risques de récusation de l’accusé et les considérations éthiques ne semblent pas inquiéter les trois nouveaux avocats, outre mesure. Ils comptent défendre Habré bon gré mal gré, dans le souci de contribuer au bon déroulement de l’œuvre de justice. ‘‘Il n’est pas nécessaire que Hissein Habré puisse accepter que je collabore ou pas, dans la mesure où ma constitution est intervenue sur la base de l’ordonnance de commission d’office. Je n’ai pas à me préoccuper de la récusation ou pas de M. Habré’’, déclare Me Mounir Ballal qui estime le délai de 45 jours raisonnable pour s’imprégner du dossier. ‘‘Nous sommes commis d’office. Qu’il accepte ou qu’il n’accepte pas, nous sommes obligés de le défendre. La commission d’office est différente de la constitution d’avocat par l’accusé. L’essentiel, c’est de se mettre au travail. Il ne peut pas nous récuser, nous sommes devant une juridiction spéciale’’, lui emboîte son confrère Me Mbaye Sène. Me Abdou Gningue quant à lui, ne se trompe pas sur la future coexistence heurtée avec l’accusé. Il reste toutefois dans la même logique que ses deux confrères. ‘‘On risque d’instaurer un dialogue de sourds, mais nous comptons faire le travail qui nous a été assigné’’, déclare-t-il.

RÉACTIONS.....RÉACTIONS.....RÉACTIONS

Me Assane Dioma, avocat des victimes

‘’Un lion blessé’’

‘‘C’est un sentiment de relative déception, parce qu’on aurait aimé que l’envol déjà pris soit définitif. De l’autre côté, tout sera mis en œuvre pour que justice ne se fasse pas. Nous savons que la personnalité de l’homme nous pousse à être très prudents, car c’est un guerrier, un homme d’honneur qui ne s’avoue jamais vaincu. Nous nous attendions à ces soubresauts d’un lion blessé. Il a dit à ses avocats de ne pas comparaître, c’est une stratégie. Il savait qu’en cas de carence, la cour désignerait des avocats pour leur permettre de s’imprégner du dossier. C’est une manière de paralyser cette affaire. C’est une stratégie qui avait été arrêtée, dès le début. Les victimes ne s’attendaient pas à ce scénario. Accordons ce délai pour ces avocats, pas dans l’intérêt de Hissein Habré, mais dans l’intérêt de la justice. On peut s’attendre donc à un débat contradictoire, loyal, qui puisse évacuer toutes supputations par rapport à un procès qui ne soit pas équitable.’’

Etudiant tchadien à Dakar

‘’Habré est un vrai lion, un combattant’’

‘‘Le président Habré est un vrai lion, un combattant. Ce ne sont pas des pantins qui vont lui faire peur. Nous sommes à 100% derrière lui. La cour commence déjà à cafouiller devant son silence qui en dit long sur son mépris pour cette farce judiciaire. Nous voyons tous qu’ils tiennent à le juger par tous les moyens. Pourquoi cet empressement d’en finir avec lui ? Dans 45 jours, il va revenir plus fort, et plus sûr de lui, bien que nous, ses partisans, ne nous fassions pas d’illusions sur l’issue du procès.’’

Souleymane Guengueng (initiateur de l’association des victimes de Habré)

‘’45 jours, ce n’est rien du tout’’

‘‘45 jours, ce n’est rien du tout, vu la longueur de cette procédure. Nous ne trouvons pas que ce délai soit plus long que les 25 années durant lesquelles Habré est resté impuni. Nous sommes obligés de supporter cette parenthèse. Nous n’avons pas besoin de parler, les avocats sont là, ce sont eux nos conseillers, ils savent ce qu’ils font. Ils sont les porteurs de nos voix auprès des Chambres.’’
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