Les participants à la conférence commémorative de la journée de la justice pénale se sont tous félicités de l’ouverture hier du procès de l’ancien Président tchadien Hissein Habré. Ils ont tous salué les efforts fournis par le Sénégal pour tenir ce procès témoignant de la volonté, mais surtout de la capacité des Africains à juger leurs pairs.
Le procès de l’ancien Président tchadien a été au cœur des débats de la conférence commémorative de la justice pénale internationale hier. Les participants à cette rencontre, sous le thème «Souveraineté des Etats et justice pénale internationale», se sont félicités de l’ouverture du procès tant attendu par les victimes.
Pour le ministre de la Justice et garde des Sceaux sénégalais, «c’est l’Afrique qui juge l’Afrique», avec la tenue de ce procès. C’est aussi un signale fort qui témoigne, si besoin en est, de la capacité des Africains à juger les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des génocides ou des atrocités du genre. C’est aussi un signal à l’endroit des actuels dirigeants qui sauront désormais que quels que soient leur haute autorité ou les postes de responsabilités, ceux qui commettront des crimes répondront devant la justice. Me Kaba estime qu’un nouvel espoir pour toutes les victimes du monde est né avec l’ouverture ce procès, mais aussi pour la justice elle-même. «Le temps de celui-ci est long, mais il arrive toujours», a martelé Me Kaba. «Le procès Habré est historique et avec sa tenue, c’est l’Afrique qui juge l’Afrique», a déclaré le président de l’assemblée des Etats partie du Statut de Rome, qui cachait mal son enthousiasme. Le signal est un signal qui doit rassurer.
Selon Cheikh Sakho, ministre de la Justice de la République de la Guinée Conakry, ce procès est un bel exemple et le fait de juger les Africains ayant commis des crimes en Afrique par les Africains montre aux Africains notamment à ses dirigeants que les Africains ne sont pas des laisser pour compte. «Ce procès est symbolique. Cela montre qu’en Afrique, on est capable de juger ces types de crimes», a soutenu le ministre guinéen. Il se félicite en outre que Habré soit jugé au Sénégal et non au Tchad pour éviter la peine de mort applicable dans son pays d’origine.
La présidente de la Cpi s’est également réjouie de la coïncidence heureuse entre la tenue du procès Habré et la journée commémorative de la justice pénale internationale. Pour le juge Silvia Fernandez Gurmendi, ce procès est très important pour la justice pénale internationale et son ouverture témoigne de la montée en puissance de la justice pénale internationale. «Ce signe est un véritable exploit qui reflète l’importance du rôle joué par les tribunaux et la société civile de renforcer l’obligation de rendre compte et encourager la mise en place d’un état de droit national et international», a soutenu la juge.
La procureur de la Cpi, quant à elle, s’est plu que le Sénégal et l’Union africaine aient pris la pleine mesure d’organiser le procès contre les crimes commis au Tchad de juin 1982 à décembre 1990. Elle souligne que la Cpi ne pouvait pas connaître de cette affaire dont les faits remontent à une date antérieure à l’entrée en vigueur du Statut de Rome. «Je salue les efforts du Sénégal qui a doté son système judiciaire de capacités réelles pour rendre une justice effective», a dit la procureur de la Cpi Fatou Bensouda.