Le procès de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et de torture s’est ouvert, lundi à Dakar, sous l’égide des Chambres africaines extraordinaires (CAE), a constaté APA.
Les audiences qui se tiennent devant la Cour d'assises des CAE, créées dans les juridictions sénégalaises par l'Union africaine (UA) pour juger Habré, devraient durer trois mois. Elles sont placées sous la présidence du magistrat burkinabé, Gberdao Gustave Kam, un ancien du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il est assisté par des Sénégalais.
Amady Diouf et Moustapha Ba sont les juges assesseurs alors que Pape Ousmane Diallo est nommé juge suppléant. Le Parquet spécial est assuré par le Sénégalais Mbacké Fall.
Hissène Habré a été arrêté fin juin 2013 à Dakar, avant d'être inculpé quelques jours plus tard de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre, et de torture.
L'instruction a duré 19 mois. Les juges ont effectué quatre commissions rogatoires au Tchad, auditionné environ 2 500 témoins et victimes et surtout exploité les archives de la DDS, la police politique de Hissène Habré.
Au procès, seront présents une centaine de victimes et plus de 60 témoins.
Le procès de Habré est qualifié d'historique car c'est la première fois dans l'histoire qu'un ancien président est jugé dans un pays qui n'est pas le sien pour des crimes liés aux droits de l'homme, au nom de la compétence universelle.
Pour en arriver là, il a fallu plus de 15 ans de bataille judiciaire acharnée, menée par les victimes et les organisations qui les accompagnent, au nom de la lutte contre l'impunité, de décisions en ajournement, d'arrêts en appel, d'appels en renvoi, jusqu'à ce que finalement le Sénégal, en accord avec l'Union africaine, se décide à mettre en place les chambres africaines extraordinaires inaugurées en février 2013.