DAKAR - Le procès de l'ancien chef d'Etat tchadien Hissène Habré qui s'ouvre lundi à Dakar sera "un évènement historique" pour l'Afrique, a déclaré dimanche le chargé en communication des Chambres africaines extraordinaires (CAE) le Sénégalais Marcel Mendy.
"Nous allons vers un évènement historique. Pour la première fois en Afrique, un chef d' Etat sera jugé. Il s' agit d' un évènement spécial qui intéresse, au-delà des Tchadiens, le monde entier", a-t-il affirmé au cours d' une conférence de presse.
Selon M. Mendy, les chefs d'inculpation de l'ancien président tchadien (crimes contre l'humanité, crimes de guerre et tortures) sont considérés comme des crimes internationaux.
L' autre enjeu du procès est que "l' Afrique doit donner la preuve qu' elle est capable de juger ses propres enfants avant que d' autres le fasse. Le procès est très important pour l' Afrique" , a-t-il ajouté.
Le chargé de la communication des CAE a affirmé d'autre part que le "potentiel risque est très important' ' parce que l' ancien président tchadien bénéficie de soutiens "très actifs" au Sénégal, citant notamment un site web.
M. Mendy a annoncé la présence d' imminentes personnalités à l' ouverture du procès, entre autres l' ambassadeur itinérant américain en charge des crimes de guerre, Stephen J. Rapp, plusieurs ministres et officiels tchadiens, des ambassadeurs accrédités à Dakar.
L'ordonnance de renvoi d'Hissène Habré qui est de 187 pages, sera lue après la cérémonie d' ouverture du procès qui est prévu pour durer trois mois.
Hissène Habré, au pouvoir entre 1982 et 1990, est en détention à Dakar où il vivait en exil depuis sa chute.
Il a été inculpé par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées au sein des juridictions sénégalaises, et chargées de le juger à la demande de l' Union africaine (UA).
M. Habré avait été renversé par l'actuel président tchadien, Idriss Deby Itno, qui était un de ses proches collaborateurs avant d' entrer en rébellion.
Selon une commission d'enquête tchadienne, le régime de M. Habré a fait plus de 40.000 morts parmi les opposants politiques et certains groupes ethniques.
Une centaine de témoins et de parties civiles, d' experts (graphologues, médecins-légistes, anthropologues, militaires) sont attendus au procès, a indiqué M. Mendy.
Plus de 200 journalistes sont accrédités pour suivre le procès dont la Radiodiffusion Télévision sénégalaise sera le diffuseur exclusif.