Interpellé sur la procédure à suivre au cas où Hissein Habré refuserait de se présenter devant la barre, le procureur a précisé que le président de la Chambre d’assises a deux options.
La première option : «C’est de commettre un huissier pour lui faire une sommation à comparaître.» Dans ce cas, précise Mbacké Fall, si l’accusé n’obtempère pas, l’huissier constate sa résistance et fait un Procès-verbal (Pv) au président de la Chambre d’assises». Le second volet de cette comparution : «A la suite de ce Pv, le président de la Chambre décide soit de contraindre l’accusé à venir comparaître ou bien il peut passer outre cette comparution forcée. Mais la loi fait obligation au greffier de l’audience de faire des comptes rendus d’audience. Il se déplace à la prison pour lire ces comptes rendus, s’il y a des actes qui ont été pris, ces actes doivent être signifiés à l’accusé en prison. Toutes les décisions sont rendues comme s’il était à l’audience. On verra quelle option sera utilisée», a-t-il fait savoir. Dans la même veine, M. Mbacké Fall a précisé que si l’accusé refuse de parler, ses avocats «ont l’obligation de le défendre».
Etat de santé de Habré après son attaque cardiaque
«Il est suivi de très près», selon le procureur
L’état de santé de Hissein Habré, qui a été victime d’une attaque cardiaque, il y a quelques mois, cristallise la rancœur des avocats de l’ex-chef de l’Etat tchadien. Le Procureur près les Cae soutient par contre que son état est suivi de très près. «Des rapports nous sont donnés par le personnel médical. Il est suivi mais, il a un caractère un peu difficile qui consiste à rabrouer certaines infirmières, manquer de respect aux médecins. Mais son état est suivi à la lettre parce que nous y tenons», a-t-il dit.
Me Assane Dioma Ndiaye sur l’absence de poursuites contre Deby
«Il faut partir de l’idée des crimes dont la commission suppose l’intervention du plus grand chef»
Lors de cette rencontre, Me Assane Dioma Ndiaye a été encore interpellé sur le fait que les victimes n’aient pas ciblé Idriss Deby pour les mêmes crimes que Habré, vu qu’il était à un moment donné son bras droit. Selon l’avocat des présumées victimes, «de façon générale, l’objectif de la justice pénale internationale n’est pas de juger tous les coupables». «La justice pénale internationale repose d’abord sur l’exemplarité, il faut poser des actes forts. Et il faut partir de l’idée des crimes dont la commission suppose l’intervention, la connaissance active ou passive du plus grand chef, c’est-à-dire celui qui est la clé de voûte des actions», a-t-il expliqué. D’après lui ce qui importe, c’est que ceux qui sont au plus haut niveau sachent désormais où ils se trouvent et quel que soit l’écoulement du temps, ils pourront répondre devant la justice. «Ce ne sont pas des poursuites ciblées, l’objectivité aujourd’hui commande qu’on puisse déterminer qui a eu la plus grande responsabilité», a-t-il souligné.