Quatre Maliens inculpés pour trafic international de chanvre indien et associations de malfaiteurs ont comparu jeudi dernier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance. Après 5 ans et 6 mois de détention, ils ont été déclarés non coupables des faits reprochés.
Les mains levées, la louange à la bouche pour rendre grâce à Dieu, la veuve Salimata Diarra n’en revenait pas d’être acquittée jeudi dernier par la chambre criminelle du tribunal de Grande instance. En somme, ils ont été quatre accusés à être élargis de prison, après 5 ans et 6 mois de détention préventive. En boitillant et en pensant sûrement à ses six enfants laissés au Mali, elle a rejoint son box avec l’aide d’un garde où était assise Haby Traoré, également incarcérée en 2010. Outre les deux dames, leurs coïnculpés Soungolo Marico et Daouda Diarra ont également été libérés.
Leur calvaire a débuté en janvier 2010. Les deux commerçantes de banane plantain, en provenance du Mali, avaient chargé de marchandises un camion conduit par Soungolo Marico, accompagné de son apprenti Daouda Diarra. Les bananes devaient être revendues à Dakar. À hauteur de Bargny, les éléments de la brigade de Rufisque, informés de l’arrivée d’un camion contenant de la drogue, les ont interceptés. La fouille du camion avait permis de découvrir 4 blocs de drogue, ainsi que 53 cartons de banane. Les quatre passagers avaient été placés sous mandat de dépôt, le 1er février 2010.
Devant la Chambre criminelle, Soungolou Marico, 72 ans, a affirmé qu’il n’était pas concerné par le chargement qui est l’affaire des ‘coxeurs’. De ce fait, il ne connaissait pas la nature de la marchandise. Il a ajouté qu’il opère pour un Libanais qui lui avait demandé de venir à Dakar avec un camion vide. En passant par la gare de Kadi, il était tombé sur ‘’4 personnes qui désiraient acheminer des bananes et de la patate douce à Dakar’’. Il a cédé à la tentation. Daouda Diarra s’est défendu, en soutenant que son rôle est de vérifier en amont les marchandises transportées. Entendue, Haby Traoré a confié qu’il s’agissait de son premier voyage. Qu’elle devait accompagner sa tante Salimata Diarra pour apprendre le métier. Sa tante a confirmé ses dires, en expliquant qu’elles ne connaissent ni le conducteur du camion ni son apprenti. Elle a révélé au juge qu’ils étaient 6 personnes à faire le voyage.
Convaincu de l’existence du trafic, le procureur a requis 12 ans contre le chauffeur Soungolo et les deux dames et l’acquittement pour Daouda Diarra l’apprenti chauffeur. Il a ajouté que Salimata Diarra détenait un certificat phytosanitaire qui ne lui appartient pas. Les conseils des trois accusés ont à leur tour soutenu qu’il n’y a aucun élément qui permet de confirmer la propriété de la drogue. Car la drogue se trouvait dans des sacs de patates appartenant aux deux personnes qui ont pris la fuite. Ils ont aussi relevé qu’il n’y a pas eu d’entente ni d’’association de malfaiteurs, du moment qu’ils se sont rencontrés à la gare. Finalement, ils ont tous été acquittés par le juge Bara Guèye.