Mahamath Cissé, coordonnateur du programme social de l’association allemande de lutte contre la lèpre (DAHW), a appelé, lundi à Kaolack (centre), les pouvoirs publics sénégalais à prendre des mesures pouvant permettre un renforcement de la surveillance épidémiologique de cette maladie dans les localités et villages sociaux de reclassement.
"A ce niveau, les gens ont baissé les bras et la démobilisation est telle que, ces dernières années, on assiste à une résurgence de la maladie dans certaines localités", a-t-il souligné dans un entretien avec l’APS.
"Dans certains villages, a fait savoir Mahamath Cissé, on a de plus en plus de nouveaux malades de la lèpre, donc les risques d’une résurgence de la maladie sont bien réels alors qu’elle a été déclarée éradiquée en 1995 par le Sénégal".
"Au-delà des risques de résurgence, nous invitons les autorités à faciliter l’accès aux soins des populations malades âgées, qui parfois sont abandonnées à leur sort dans les centres d’hébergement des villages de reclassement", a dit le coordonnateur de la DAHW.
Selon Mahamath Cissé, l’accès aux soins demeure coûteux pour ces populations démunies, "dont certains ont des plaies au niveau de la plante des pieds et sont donc obligés de se soigner à vie, d’avoir des médicaments, parfois sans le soutien de membres de leurs familles ou autres".
Si l’on en croit le coordonnateur de la DAHW, 300 anciens malades de la lèpre "ont besoin d’une aide constante pour leurs soins et autres’’, dans la région de Kaolack. "C’est une maladie à soins coûteux et de longue durée", a-t-il rappelé.
La région de Kaolack a enregistré quatre nouveaux cas de lèpre au cours du premier trimestre 2015, a indiqué à l’APS une source médicale ayant requis l’anonymat.
C’est dire si cette maladie est en train de gagner du terrain "de plus en plus", selon Abdoulaye Ndiaye, chef du village de reclassement social de Koutal.
"Très souvent, des cas nous sont signalés et nous prenons toutes les dispositions pour informer les autorités sanitaires qui se chargent de la suite", a expliqué M. Ndiaye.
Selon les dernières statistiques de la DAHW, la population vivant dans les neufs villages de reclassement sociaux du Sénégal est estimée à un peu plus de 11.000 habitants. Il s’y ajoute que 900 anciens malades dont 300 ont encore besoin d’un soutien continu de la part des autorités publiques.
La DAHW est une association allemande de lutte contre la lèpre et la tuberculose. Elle est présente au Sénégal depuis 36 ans.