Le parquet spécial a requis hier, mardi 30 juin, une peine d’emprisonnement de 5 ans pour Tahibou Ndiaye, assortie d’une amande de 3 milliards de F Cfa, ainsi que la saisine de tous les biens incriminés dans le dossier. Pour ses supposés complices, à savoir Ndèye Aby Ndiongue (sa femme), Ndèye Rokhaya Thiam et Mame Fatou Thiam (filles adoptives de Tahibou), le parquet spécial a demandé 2 ans de prison avec sursis, et les mêmes amandes infligées au principal prévenu. Au paravent, le procureur spécial, Antoine Diome a revisité de fond en comble la stratégie de complexification volontaire du dossier par la défense, tout comme l’apparence de la légalité et la réalité des faits, sans oublié les ressources réels du mis en cause.
Le sieur Tahibou Ndiaye, ancien directeur du Cadastre, poursuivi par la Crei pour enrichissement illicite, risque une peine d’emprisonnement ferme de 5 ans, la perte de tous ses biens incriminés dans l’arrêt de renvoi, ainsi qu’une amande de plus de 3 milliards de Fcfa. Cela, si le juge Henry Grégoire Diop suit le réquisitoire du parquet spécial d’hier, mardi 30 juin. Pour ses supposés complices, notamment Ndèye Aby Ndiongue (sa femme), Ndèye Rokhaya Thiam et Mame Fatou Thiam (filles adoptives de Tahibou), le parquet spécial a demandé à la Cour de les retenir dans les liens de la prévention pour une durée de 2 ans avec sursis, ainsi que la confiscation de tous leurs biens conformément à l’article 30, avec la peine d’amande de 3 milliards de Fcfa. Plus, le procureur spécial a estimé que la Cour doit écarter les libéralités convoquées par la défense, encore qu’elles ne soient pas prouvées, ainsi que les dépositions des témoins de celle-ci jugées «pas crédibles». Pour couronner le tout, le ministère public trouve que la licéité des coûts de construction des immeubles, tout comme les revenus locatifs, n’ont pas été prouvés par la défense.
Apparence de la légalité et la réalité des faits
Au paravent, le procureur spécial Antoine Diome, pendant pas moins de 3 tours d’horloge, a tenté de décortiquer les failles de la défense, éclairer les zone d’ombre dans le dossier, pour ainsi fournir à Henry Grégoire Diop et à sa Cour les éléments nécessaires pour assoir la culpabilité des prévenus. Pour Antoine Diome, le dossier est d’une clarté impressionnante au regard des faits de la procédure, mais que la défense a volontairement voulu la rendre complexe pour tromper la vigilance de la Cour. A l’en croire, la défense a utilisé l’apparence de la légalité en convoquant la loi pour dire que les biens mentionnés aux noms de la femme de Tahibou et de ses filles adoptives, n’appartiennent pas à Tahibou. Mieux, selon lui, le sieur Tahibou a même indiqué que lesdits biens appartiennent exclusivement aux personnes dont les noms figurent dans les papiers. Cependant, trouve-t-il, toutes ces personnes ont soutenu que les immeubles en leur nom sont des propriétés familiales. Mieux, ceux qui prétendre être les propriétaires de ces biens ne savent même pas la valeur juridique des biens en leur nom, indique-t-il. Ce qui prouve à satiété, selon lui, que tout revient à Tahibou Ndiaye et que ces derniers ne sont que des prêts noms.
Démarche de complexification de la défense
Toujours, dans une logique d’enfoncer le prévenu et ses co-accusés, Antoine Diome a décortiqué la démarche de complexification du dossier par la défense. A l’en croire, leur démarche fait ressortir des contradictions sur biens des aspects. Tout d’abord, il explique que Tahibou a lui même fait savoir que certains frères de sa femme sont peut être même plus rémunérés que lui, et que ce sont ces derniers qui se sont cotisés pour construire la maison à Hann Mariste. Toutefois, il a fait remarquer que dans l’une des requêtes déposées par la défense, Me Borso dit que Ndèye Aby Ndiongue a en charge sa mère, de même que certains membres de sa famille, dont son frère établi dans la maison familiale.
Comme autre dissonance, Antoine a relevé le fait que la famille a évalué l’ensemble de ses charges mensuelles à 4 millions. Ce qui lui fait dire que si cette somme devait être multipliée par le nombre d’année épinglés dans ce dossier (8 ans), cela suppose que Tahibou a tout faux quant il justifie son patrimoine, qu’il a en fin de compte arrêté à un peu plus de 1 milliard, par le cumul de ses revenus.
Persistant dans sa logique, Antoine explique que la défense veut extirper les biens immobiliers où le nom de Tahibou Ndiaye ne figure pas, alors que tout le processus d’acquisition des baux, tout comme la construction des immeubles, ont été faite par le prévenu.
La stratégie de la dilatation des revenus
Dans son long réquisitoire, le procureur spécial, Antoine Diome s’est aussi évertué à s’attarder sur la stratégie de gonflement des ressources opéré par le prévenu. A l’en croire, tout au début de l’enquête, le prévenu a fait savoir aux gendarmes qu’il a des revenus provenant des fonds communs du Cadastre de 16 millions. A l’en croire, c’est sur sa demande que l’enquête a retenu comme revenu un peu plus de 400 millions. Cependant, il a fait remarquer que cette somme a évolué au moment de l’enquête, pour atterrir à 821 millions, car selon Tahibou, les enquêteurs n’ont pas pris en compte certaines sources de revenus, qui sont à présent exhaustives.
Par la suite, continue-t-il, Tahibou demande de retenir comme patrimoine un peu plus de 1 milliard, car selon lui, il peut y avoir des omissions et avec le temps on peut se rattraper. Pour combler le gap, dit-t-il, le sieur Tahibou a fait appel à des libéralités, tout en sachant que c’est écarté par la loi. Toujours est-t-il, selon Antoine, que même ces dons n’ont pas été prouvés dans la mesure où beaucoup d’entre eux ont été contestés par les donateurs. Il s’agit, selon lui, du don de Fallou. Devant la barre, ce dernier a soutenu que le don en nature fait à Tahibou ne peut pas dépasser les 40 millions, alors que Tahibou soutient que c’est de l’ordre de 51 millions. Même le commerçant M. Darwiche a indiqué que le matériel de construction qu’il a remis à Tahibou pour la construction de la maison de la cité Keur Guorgui lui revient à 50 millions, au moment où le prévenu avance la somme de 80 millions. Ce qui prouve, selon Antoine, que ces ressources ont été volontairement augmentées. Qui plus, trouve-t-il, tout l’argent qui a servi le financement de ces immeubles n’est pas prouvé d’autant plus que tout proviendrait de dons, selon Tahibou.