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Elargissement des compétences de l’Ofnac : Nafy Ngom traque le gré à gré
Publié le lundi 29 juin 2015  |  Le Quotidien
Nafi
© Autre presse
Nafi Ngom directrice nationale de l`Office Nationale contre la Fraude et la Corruption.




L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) n’épargnera pas le Code des marchés publics dans la lutte qu’il a engagé. Selon la présidente de l’Ofnac, Mme Nafi Ngom Keïta, les marchés de gré à gré et un certain nombre de secteurs sensibles sont dans le viseur de l’institution.

Les marchés de gré à gré vont désormais faire l’objet d’une attention particulière de la part de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Selon la présidente de cet organisme, dans une logique d’approche par les risques, il est tout à fait légitime de s’intéresser à ce segment des marchés publics. Mme Nafi Ngom Keïta, qui s’exprimait hier au cours d’une table ronde des partenaires de la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest, organisée en collaboration avec l’Office des Nations-Unies contre les drogues et les crimes (Onudc), indique que l’Ofnac va regarder de près «les gros marchés de gré à gré».
«Tout marché de gré à gré n’est pas un marché dans lequel on constate des faits de fraude et de corruption. Mais ce sont des risques et on est dans une approche par les risques. Et cela nous suggère de porter une attention particulière au gré à gré», explique Mme Keïta. Cette préoccupation est aussi celle de la Banque Mondiale. «La corruption dans la passation des marchés nous préoccupe», souligne l’économiste de la banque Philip English. Il précise que la banque a toujours essayé de convaincre les autorités d’éliminer le gré à gré du Code des marchés. «Mais nous n’avons toujours pas réussi.» Aussi, l’économiste incite l’Ofnac à garder un œil sur ce segment des marchés publics.
«On va combattre tout ce qui est corruption et tout ce qui y ressemble», insiste Mme Keïta qui assure que son institution est prête à sévir contre les auteurs avérés de faits de corruption. Dans cette guerre, plusieurs secteurs sont dans le viseur de Mme Keïta. L’agricul­ture, l’éducation, les services du permis de conduire sont aussi dans le viseur de l’Ofnac. Mme Ngom estime en effet que la distribution des intrants est un terreau fertile pour la corruption. M. English plaide pour l’utilisation de systèmes qui sécurisent la distribution, à l’image de ce qui se fait au Nigeria où l’usage de téléphones mobiles permet de s’assurer que les bénéficiaires sont bien identifiés et qu’ils reçoivent les produits qui leur sont destinés.
Dans la lutte contre la corruption, il est nécessaire de mettre l’accent aussi sur les poursuites judiciaires, estime John Marshall, ambassadeur de Grande Bretagne à Dakar. Selon le diplomate, les cas de corruption portés devant la justice et qui aboutissent à une condamnation sont encore trop peu nombreux. Mais Mme Keïta assure que les prochains jours verront des évolutions avec la transmission de dossiers déjà bouclés au procureur aux fins de poursuites judiciaires.


Synergie des actions en Afrique de l’Ouest
L’Afrique occidentale est une des régions les plus touchées par la corruption. Notamment du fait de l’importance de la petite corruption. C’est pour mieux lutter contre cette situation que des institutions de lutte de la sous-région se sont réunies autour du Réseau des institutions nationales de lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest (Rinlcao) dont Mme Keïta assure le secrétariat général. En réunion hier à Dakar avec les bailleurs de fonds, le président du Rinlcao Issoufou Boureima a estimé que «la corruption est un obstacle au développement dans la région ouest-africaine». Mais devant l’organisation des délinquants, la lutte nécessite une synergie des actions, souligne M. Issoufou. La création de ce réseau d’agences anti-corruption va permettre d’harmoniser les pratiques et d’échanger des informations. Avec l’appui de l’Organisation des Nations-Unies pour la lutte contre la drogue et la corruption (Onudc), le réseau a mis en place une académie ouest-africaine de lutte contre la corruption basée à Abuja, en plus d’une filière académique prochainement à l’Université.


Tous les ministres ont fait leur déclaration de patrimoine
Les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine avaient jusqu’au 24 juin pour s’acquitter de cette obligation auprès de l’Office national de répression de la corruption (Ofnac). Le délai dépassé, il s’avère que les ministres et les directeurs d’agence ont été de bons élèves. Selon Mme Nafi Ngom Keïta, Présidente de l’Ofnac, sur une liste qui dépasse les 600 personnes, beaucoup d’individus se sont pliés aux formalités, dont les ministres et les directeurs d’agence. Ne restent que les collaborateurs des ministres, les chefs d’institutions judiciaires et d’autres, précise Mme Keïta, qui menace d’une lettre de relance et d’une saisine du chef de l’Etat pour accélérer la cadence des retardataires.
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