Au total 1971 cas de grossesses précoces ont été enregistrés en milieu scolaire au Sénégal de 2011 à 2013, selon une étude sur les grossesses précoces en milieu scolaire, restituée jeudi à Dakar.
Selon l'étude, 49% des cas sont l'œuvre des élèves eux-mêmes, contre 11, 12% commis par des étudiants, 8, 6 % sont commis par des jeunes des villages et 2, 02% par des enseignants.
La région de Sédhiou (Sud) occupe la tête du peloton avec 30%, suivie de Ziguinchor (Sud) avec 19% des cas de grossesses précoces scolaires enregistrés.
Suivent les régions de Kolda (Sud) avec 9% cas et Matam (Nord) avec 6%, a expliqué Mamadou Khouma, inspecteur de l'enseignement moyen secondaire qui a réalisé cette étude commanditée par le Groupe pour l'Etude et l'Enseignement de la Population (GEEP) avec l'appui du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
Selon M. Khouma, le phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire est mal cerné au Sénégal et souvent traité comme un sujet de fait divers dans la presse à cause de l'absence d'étude précise
Cette lacune a-t-il dit, rend impossible de mesurer son ampleur et d'analyser son impact sur la performance scolaire.
Selon l'étude, 71, 9% des filles enceintes recensées sont inscrites entre les classes de 6eme et de 3eme secondaire, 45% parmi elles sont âgées entre 16 et 17 ans, 31% de 13 à 15 ans, 24% de 18 à 19 ans, et 60, 8% des victimes sont des filles célibataires.
"Contrairement aux idées reçues qui attribuent les grossesses précoces en milieu scolaire aux enseignants, 49% sont l'œuvre des élèves, 11, 12% d'étudiants, 8, 6% de jeunes du village, et 2, 02% d'enseignants'', note l'étude.
Parmi les victimes, 54, 43% redoublent, 39, 39% abandonnent les études, et 15, 16% poursuivent les études après l'accouchement", ajoute le document soulignant que la vulnérabilité et l'absence d'éducation sexuelle sont les principales causes de ces grossesses.
Au ministère de l'éducation nationale, on recommande la collecte des données sur les grossesses précoces et leur intégration dans les statistiques scolaires.
Concernant l'aspect prévention, l'étude recommande l'élaboration d'une stratégie nationale de promotion de la santé à l'école (Snpse).
"Il y a une grande vulnérabilité des jeunes en milieu scolaire'', reconnait Babacar Fall, coordonnateur du GEEP, selon qui les grossesses précoces risquent d'affecter les investissements et les efforts de maintien des filles à l'école.
Affirmant que ces grossesses précoces deviennent récurrentes en milieu scolaire sans que les causes réelles soient connues, le coordonnateur du GEEP souligne que les résultats de l'étude serviront comme un indicateur pour la mise en place d'un dispositif national pour la maîtrise du phénomène.
‘'Ils constituent la première étape d'un processus devant mener à une éducation de qualité", affirme-t-il.
Pour la représentante résidente de UNFPA, Andréa Diagne, il s'agit d'une étude ‘'innovante et exploratoire'' visant à mieux comprendre le phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire pour l'élaboration d'une politique de prévention et de remédiation.
"L'étude offre des preuves palpables permettant de rompre avec nos idées préconçues sur le phénomène et de bâtir une stratégie efficace de lutte", a-t-elle dit.