Dakar (Sénégal) - L’Ong Oxfam et le Forum civil (section sénégalaise de Transparency international) ont réclamé, mardi à Dakar, la tenue d’un sommet mondial sur la fiscalité qui permettra aux gouvernements des pays en développement d’avoir l’occasion de discuter des règles fiscales internationales dont ils ne tirent pas profit.
"Le sommet permettra aux gouvernements d’avoir la voix au chapitre en matière de définition de politiques fiscales. Il sera inclusif et va regrouper tous les acteurs notamment les représentants des gouvernements et des entreprises, les élites, les citoyens et la société civile", a expliqué Mouhamadou Mbodj, coordonnateur du Forum civil
Il s’exprimait à l’ouverture d’un atelier de sensibilisation et de mobilisation des acteurs pour la création d’un organisme mondial sur la fiscalité dans le cadre de la semaine globale d’action sur la fiscalité qui se tient du 16-23 juin.
Parmi les raisons qui poussent Oxfam et ses partenaires à réclamer un sommet mondial sur la fiscalité, il y a le non paiement par les multinationales de leur part d’impôts à cause des politiques d’exonération fiscale, de l’évasion et de l’évitement fiscaux, du transfert de fonds dans les paradis fiscaux. Les statistiques d’Oxfam montrent que les pays perdent 100 millions de dollars par an en raison de l’évasion fiscales des entreprises.
"Les pays qui tirent le plus profit de l’évasion fiscale des entreprises sont également ceux qui influencent le plus de règles fiscales internationales contrairement aux pays en développement qui n’ont pas droit au chapitre et qui subissent le plus le fardeau de l’évasion. L’injustice des règles fiscales renforce davantage les inégalités et la pauvreté des pays en développement parce qu’elle prive de fonds essentiels qui pourraient être consacrés au financement des services sociaux de base comme la construction des écoles, des hôpitaux...", a poursuivi Mouhamadou Mbodj.
Selon lui, la procédure entamée par le G20 et l’Ocde pour réécrire les règles fiscales internationales exclut la plupart des pays en développement et que les rares pays qui ont été récemment invités à ces discussions de l’Ocde ne peuvent plus influencer la procédure ni changer les règles à leur faveur.
"Ce sommet devra nous assister dans l’élaboration et la définition de règles fiscales justes pour les pays en développement dont les économies ne sont pas protégées pour faire face à l’évasion fiscale. Certaines pratiques comme l’évasion et l’évitement fiscaux et les paradis fiscaux ne protègent pas nos économies. Or, avec la crise que traverse beaucoup de pays, la fiscalité connaît un regain d’intérêts", a dit pour sa part, Birima Mangara, ministre sénégalais du Budget.
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