Les mécaniciens installés au Rond-point Nord Foire ont été déguerpis. L’opération a été menée, hier, par la préfecture de Dakar. Bulldozers et caterpillars destructeurs ont réveillé les populations. Mécontents, les mécaniciens disent n’avoir reçu ni dédommagement, ni avertissement des autorités municipales. Ce que dément l’Ageroute.
Le projet d’extension de la Voie de dégagement nord (Vdn) est dans sa phase d’exécution. Mais, la réalisation de ce projet butait sur l’implantation des mécaniciens qui avaient fini de transformer l’espace en garage à ciel ouvert. Alors, pour faire passer ce projet d’extension, les autorités préfectorales sont passées à l’acte. Elles ont, en effet, déguerpi de force les occupants des lieux. «Ce n’est pas ce que le Préfet nous avait dit. Et pourtant nous n’étions pas là de notre propre gré. Nous savions que ce n’est pas un lieu pour travailler. Parce qu’une route doit passer ici. N’empêche, nous n’attendions pas ceci du président de la République, Macky Sall. Nous attendions de lui l’émergence des artisans», explique un des mécaniciens déguerpis, Mbaye Ndiaye. Les mécaniciens déplorent l’absence de considération et le mépris des autorités étatiques qui n’encouragent pas les débrouillards. «Nous n’avons pas ailleurs où aller. Ils nous ont brutalement enlevé des lieux. S’ils nous avaient donné une place avant de nous faire quitter, on aurait compris. Aujourd’hui, nous croyons qu’on n’est plus des Sénégalais, mais des étrangers dans notre propre pays», argumente un autre déguerpi.
Sur place, les dénominateurs communs des délogés étaient : tristesse et désolation. Ils étaient manifestement abattus face à la puissance des machines. Au même moment, les mécaniciens qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer, estiment que toute la machine destructrice était déjà mise en branle pour passer à l’action. «C’est le vendredi qu’on a été averti. Et le déguerpissement a débuté dimanche. Ce délai est très court», rouspètent-ils. Les déguerpis qui disent n’être pas dans une logique de confrontation, souhaitaient rester sur ce périmètre jusqu’après le mois de Ramadan. Seulement, ils déplorent le traitement inéquitable du dossier. En effet, selon eux, certains mécaniciens, dans la même situation, établis ailleurs, ont reçu des indemnités avant de partir. Peinant à comprendre, ils exigent des autorités le même traitement.
En face, la détermination des autorités à «terminer le travail» est sans équivoque. Rien ne semble laissé au hasard. Sur le terrain, les mécaniciens continuent à faire des déclarations de dénonciation au moment où les machines œuvrent pour détruire le reste du matériel. Tandis que d’autres mécaniciens, moins réfractaires, profitent de la situation pour évacuer ce qui peut l’être.