Il y a quelques jours, le chef de l'Etat soulignait que le processus d'externalisation, engagé par les opérateurs de téléphonie, doit être "maitrisé". Il les avait surtout invités à engager la discussion avec les pouvoirs publics et les salariés. Mais, ces mots du Président Macky Sall, ne semblent être tombés dans l'oreille d'un sourd. La preuve, ce samedi, le collectif des travailleurs des télécommunications est monté au créneau pour alerter! Le pocessus d'externalisation que déroulent toujours Sonatel et Sentel risque d'avoir des effets dangereux, soutiennent les travailleurs des télécommunications.
"Depuis 2 ans, l'opinion publique nationale et internationale est informée sur les inquiétudes par rapport aux menaces qui planent sur le secteur porteur des télécommunications en Afrique et plus particulièrement au Sénégal. Ces projets qui ont pour noms externalisation, mutualisation, délocalisation, transformation, ne sont motivés que par une recherche effrénée de profit au détriment de la responsabilité sociale et de la souveraineté", dénoncent ces travailleurs, face à la presse. Papa Tamsir Seck du Snts, qui lisait les propos liminaires, signale qu'aujourd'hui ces opérateurs veulent "se départir de leur coeur de métier". Ce, alors que dans leurs cahiers de charge, l'objet général de la concession de la licence d'exploitation est de "construire, installer, entretenir, faire fonctionner, exploiter des réseaux de télécommunication ouverts au public et fournir des services de télécommunications".
Pour les travailleurs, cette externalisation causera, à coup sûr, une précarité de l'emploi. "Dans une logique de mutualisation des ressources qui sous-tend ces projets d'externalisation, les emplois sont de plus en plus délocalisées vers d'autres pays où l'environnement de travail est beaucoup plus vulnérable. Corrélativement à ces délocalisations, notre pays risque de perdre le savoir-faire dans ce domaine de pointe très porteur des télécommunications. A ce rythme, la fracture numérique n'a aucune chance de se résorber vis à vis du nord", disent-ils.
Déjà à Tigo, 91 personnes avaient été concernées par un transfert vers Ericsson qui, disent-ils, n'a qu'un contrat de 5 ans avec Sentel. Donc, qui ne peut offrir des contrats de durées indéterminées pour sécuriser leur emploi. Face à leur refus, disent-ils, la direction de Tigo brandit la menace du licenciement pour cause économique. La Sonatel, elle, voulait que le travailleur quitte l'entreprise et signe un nouveau contrat avec le fournisseur. Ce que les travailleurs ont refusé. La direction a finalement reculé.
De plus, si ces entreprises de télécoms ne font plus de télécommunication et délèguent leur coeur de métier à des fournisseurs qui délocalisent les emplois à l'étranger pour des objectifs d'économie d'échelle, les futurs diplômés en télécom risquent de peiner à trouver du travail ici chez nous. Aussi, cela posera la problématique de la sécurisation des données personnelles des clients avec des possibilités de fraude et d'espionnage et même de menace de notre souveraineté nationale. Car, des données sensibles seront gérées et manipulées à partir de l'extérieur.