Le docteur en science politique, Amadou Keita dit Kao prédit une longue stabilité au parti démocratique sénégalais (Pds) de Me Abdoulaye Wade, tant que celui-ci vivra. Joint au téléphone hier, sur le réaménagement des instances du parti, apporté par le secrétaire général national, Amadou Keita dit Kao a indiqué qu’en Afrique, comme au Sénégal, les partis sont liés à des personnes, leur fondateur. Selon lui, à travers ce remaniement, Wade est seulement en train de montrer aux membres du Pds que le parti se résume en sa personne.
Le docteur en science politique, Amadou Keita dit Kao est formel : la fronde de Fada et compagnie n’ébranlera pas le parti démocratique sénégalais (Pds). Joint au téléphone hier, sur la décision administrative portant remaniement des structures du parti, l’enseignant chercheur a indiqué que le Pds traverse une crise comme tous les autres partis politiques, une crise de démocratie interne. «En Afrique, comme au Sénégal, les partis sont liés à des personnes, leur fondateur. Et Wade lui-même l’avait dit, il y a de cela quelques années. Pour moi, il est en train de montrer aux membres du Pds que le parti se résume en sa personne. Le deuxième élément d’analyse est que cette fronde soulève même la crise de la représentation. En un mot, les élites ne se retrouvent plus dans ce parti. Il y a une absence de démocratie interne et cela rend impossible la création des courants de pensées», explique-t-il avant de rappeler.
«C’est uniquement dans l’opposition que ce parti connait des frondes et des scissions. Au temps du régime socialiste, avant l’alternance, le Pds avait été déjà confronté à ce type de problème avec notamment les départs de Serigne Diop, Jean Paul Diaz et Ousmane Ngom, même si ce dernier est retourné par la suite. Les jeunes ne se retrouvent plus dans le système de fonctionnement de ce parti qui est souvent marqué par une absence de démocratie interne totale. C’est ce qui explique ce vent de contestation».
A la question de savoir si ce remaniement est une manœuvre savamment orchestrée par Wade de museler Fada et compagnie, le docteur en science politique n’est pas allé par quatre chemins avant de rappeler qu’au Pds, c’est lui le maître du jeu. «Tout ce que je peux dire, c’est que Wade est un grand stratège en matière de calcul politique. Au Pds, c’est lui le maître du jeu. Il connait mieux que quiconque les Fada pour les avoir formé et formaté. Il sait comment s’en prendre à eux même s’il reconnait, par ailleurs, leurs revendications. L’autre élément est la question de l’alternance générationnelle parce que Karim Wade, Mamadou Lamine Keita et Fada sont presque de la même génération. En prenant cette mesure que je rappelle conservatoires, Wade cherche à maintenir la dynamique de ce groupe. Ce, d’autant plus que Fada n’a pas intérêt à quitter le Pds au risque de perdre son poste de président de groupe parlementaire ou tout simplement son mandat d’élu à l’Assemblée nationale», lance-t-il avant de poursuivre concernant les déplacements s des frondeurs à la prison de Reubeus pour rendre visite à Karim Wade.
«Pour comprendre cette démarche, il faut remonter au dernier congrès du Pds qui a entériné le choix de Karim Wade comme candidat des libéraux lors de la prochaine présidentielle. Ils avaient accepté et cautionné la candidature de Karim Wade. Ils cherchent à montrer qu’ils sont restés fidèles aux décisions de ce congrès. Fada veut prendre la direction du parti et devenir éventuellement, au cas où la candidature de Karim Wade passera, la deuxième personnalité du parti. C’est pourquoi, il demande la séparation entre le poste de candidat du parti à la présidentielle et celui de secrétaire général. Maintenant, il y’a ceux qui disent que Wade est là, et qu’on ne pourrait pas changer de secrétaire général. Mais, tant que Wade vivra, il essaiera toujours de maitriser le parti mais aussi montré qu’il est le maître du jeu et c’est lui qui distribue les cartes».
Loin de s’en tenir là, le docteur Amadou Keita a également rappelé à ceux qui prédisent la dislocation du Pds avec cette fronde que la politique est une affaire d’incertitude. «Wade a tout fait pour que tout se résume au Pds en sa personne. Il serait donc très, très difficile de mener une fronde contre lui au niveau de cette formation. Et je ne crois pas que cette révolte puisse remettre en cause le devenir et l’avenir de ce parti. En politique, on peut faire des projections mais je dis que la politique est une affaire d’incertitude. Moi, j’essaie de faire une analyse forte de la situation actuelle. Aujourd’hui, Wade est le maître du jeu au Pds. Il maitrise la sociologie et le parcours des différents militants. Mais, au-delà de cela, je dirais aussi qu’il a ses propres jeux qu’il peut sortir selon des circonstances et du moment. Tant que Wade est là, le Pds survivra».
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