Le mont des Oliviers culmine à 800 mètres au moins et donne une vue presque panoramique sur la vieille ville de Jérusalem. Tous les jours, des visiteurs venus du monde entier s’y rendent pour une plongée dans le temps.
Parmi eux, ce matin, se trouvait un groupe de Sénégalais comprenant notamment des responsables d’agences de voyages. Ils sont invités par la compagnie aérienne Brussels Airlines, soucieuse de renforcer sa desserte de la liaison Dakar/Tel-Aviv, dans le cadre d’un partenariat avec l’ambassade d’Israël au Sénégal.
Une chorale juive répète sur les lieux. Le mont des Oliviers tire son nom des arbres qui y poussent depuis des millénaires. A partir de ce relief, Jérusalem offre aux visiteurs ses trésors religieux : l’arche de David, le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.
Sur les flancs du mont se trouve un cimetière juif. A son pied, on distingue plusieurs sites chrétiens. Il s’agit, entre autres, de la grotte de Gethsémani qui, dans la tradition chrétienne, rappelle l’agonie et l’arrestation de Jésus-Christ. Elle se trouve à côté d’un endroit encore plus symbolique : la tombe de la Vierge Marie. Dans ce même espace se trouvent encore le jardin des oliviers et la basilique de l’Agonie connue également sous l’appellation de l'église de Toutes-les-Nations.
C’est non loin de Jérusalem que commence la vie de Jésus-Christ, à Bethléem précisément, avec l’église de la nativité. Au sein de l’édifice, aujourd’hui en restauration, se trouve la grotte où, selon les Evangiles, naquit le Christ.
Pour suivre les pas de Jésus-Christ, on peut aussi se rendre au nord-est, sur les rives du Jourdain. En ce milieu de journée, la scène est devenue un véritable spectacle pour les visiteurs sénégalais. Depuis le territoire israélien, ils ont été presque impressionnés par l’image de cet homme dans les eaux du Jourdain. Ils répètent les gestes du baptême chrétien, avec un groupe de touristes de l’autre côté de la frontière, en territoire jordanien.
Dans cette partie de Jourdain très rétrécie – la largeur ne fait pas plus de 20 mètres - l’homme dans l’eau, jusqu’à la hauteur du bassin, "baptise" à tour de rôle des hommes et des femmes sous l’œil vigilant d’un soldat jordanien. Posant sa main sur la tête du candidat au "baptême", il prononce la formule consacrée, et le reste du groupe applaudit.
C’est dans les eaux de ce fleuve, le Jourdain, que Jésus-Christ s’est fait baptiser par Jean-Baptiste. Et du coup, cet endroit est devenu l’un des nombreux points de passage des visiteurs en terre sainte. Parmi ces lieux fréquentés par Jésus-Christ, non loin du Jourdain, se trouve Jéricho, "la plus vieille du monde restée habitée depuis sa fondation", selon le père Kamal Farah, prêtre et enseignant à la Faculté théologique de Jérusalem.
--- Une ville palestinienne où Israël assure la sécurité ---
C’est dans cette ville de Jéricho que Jésus-Christ a guéri un aveugle et converti une personne du nom de Zachée, présentée comme un mauvais riche. "Lorsque Jésus-Christ est rentré dans la ville, et que la foule l’acclamait, Zachée était perché sur un sycomore", explique le père Kamal. Un sycomore se trouve aujourd’hui dans la ville.
Les récits bibliques rapportent la prise de la ville et comment, au septième jour, après l’arrivée des Hébreux, les murailles de Jéricho s’effondrèrent par la volonté de Dieu, de l’arche de l’Alliance et de sept prêtres, qui soufflèrent des trompettes. A côté des ces ruines de Jéricho se dresse un hôtel bien connu des touristes, dans cette ville palestinienne où Israël assure la sécurité et prélève l’impôt.
Pour suivre les pas du Christ, le visiteur peut s’orienter vers le nord et emprunter une route, au milieu d’une chaîne de montagne et de terres propices à l’agriculture. "Contrairement à la partie nord de la Galilée, cette région est très arrosée", explique le père Kamal Farah. Après Jéricho, Beit Shé’an, En Harod, Afula et d’autres localités, voici, au bout de presque deux heures de route, la ville arabe israélienne de Nazareth, située dans une vallée entourée de montagnes.
C’est ici que l’archange Gabriel est apparu à Marie pour lui annoncer la naissance de Jésus- Christ, selon la tradition chrétienne. Et le père Kamal, en fin connaisseur de l’islam, de relever la version musulmane de ce récit à travers la sourate Mariam et ses versets : "Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient. Elle mit entre elle et eux un voile."
Le texte coranique poursuit : "Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit : +Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m’approche point]+. Il dit : +Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur+. Elle dit : +Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et que je ne suis pas prostituée ?+ Il dit: +Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée+. Elle devint donc enceinte [de l’enfant], et elle se retira avec lui en un lieu éloigné."
A Nazareth, ce récit biblique est aujourd’hui symbolisé par la basilique de l’Annonciation, qui est bâtie à l’endroit où se dressait la maison de Marie et de Joseph. Sur place, au premier niveau, les guides peuvent encore montrer aux visiteurs une grotte où aurait vécu cette famille, à l’étroit avec leurs animaux. Cette basilique située à l’étage est un véritable joyau décoré de fresques offertes par de nombreux pays.
Cette odyssée biblique mène sur les rives du lac de Tibériade, à Cana, une ville arabe israélienne où, selon la tradition, le Christ réalisa son premier miracle en transformant l’eau en vin pendant une noce. Actuellement, une église grecque orthodoxe et une église catholique romaine commémorent le miracle de la noce de Cana. Toujours sur les rives du lac de Tibériade se trouve la ville de Capharnaüm, où Jésus soigna des malades et prêcha dans une synagogue, dont les ruines sont encore visibles. C’est "la synagogue de Jésus".
--- "Une joie immense, le sentiment qui m'habite" ---
Après quatre jours sur les pas du Christ, l’abbé Alphonse Diomaye Niane, prêtre à l’archidiocèse de Dakar, dit éprouver "une joie" qui s’est intensifiée "au fur et à mesure". "Que pourrait bien ressentir le chrétien qui arrive sur la terre de Jésus, la terre sainte ? Bien évidemment une joie immense. C’est le sentiment qui m’habite depuis que nous sommes arrivés en terre israélo-palestinienne, et au fur et à mesure que se poursuivent nos visites et nos découvertes, je sens ce sentiment s’intensifier de plus en plus", confesse-t-il.
"Depuis ma tendre enfance, à travers la liturgie catholique et le catéchisme, des lieux m’étaient devenus familiers tout en demeurant totalement inconnus pour moi : Bethléem, Nazareth, le Jourdain, le Temple de Jérusalem, Jérusalem lui-même, le mont des Oliviers, le Thabor", souligne l’abbé Alphonse Diomaye Niane.
"Voir ces sites et connaître ces lieux apportent quelque chose de plus à mon désir de voir et de suivre Jésus. Jamais je n’aurais cru qu’une expérience si exaltante et enrichissante me serait donnée…" poursuit-il.
Ce prêtre, qui a demandé au Seigneur "abondance de grâces et de bénédictions" pour ses supérieurs et les organisateurs de ce voyage, n’oublie pas "la réalité de la terre sainte, caractérisée à ce jour par la division, l’isolement et la violence".
Devant tout cela, une prière : "Vienne ton règne Seigneur Jésus, règne de justice et de paix, règne d’amour et de pardon !"