Plus de la moitié des Africains estiment que leurs gouvernements luttent "mal" ou "très mal" contre la corruption, selon les résultats d'un sondage présentés mercredi à Dakar par un projet de recherche indépendant, Afrobaromètre, qui a enquêté dans 34 pays.
Pour cette étude, au total 51.000 personnes ont été interrogées entre octobre 2011 et juin 2013 dans 34 pays africains, ce qui en fait "la plus grande enquête d'opinion sur les perceptions et l'expérience des peuples sur la corruption en Afrique, et c'est la première enquête du genre ayant touché plus de trois quarts des personnes qui vivent sur le continent", déclare Afrobaromètre dans un communiqué transmis à l'AFP.
Une des conclusions de son rapport "est que les citoyens des pays africains considèrent que leurs gouvernements ont failli dans leur lutte pour endiguer la corruption" car, précise-t-il, "56% des citoyens [interrogés] ont déclaré que leurs gouvernements luttent +plutôt mal+ ou +très mal+ contre la corruption, tandis que seulement 35% jugent au contraire qu'ils agissent +plutôt bien+ ou +très bien+".
De même source, "dans l'ensemble des 34 pays, la perception de la corruption est la plus forte vis-à-vis des policiers, suivis des responsables gouvernementaux et des agents du fisc. Les membres du bureau du président sont cependant perçus comme les moins corrompus".
Au Nigeria, par exemple, 78% des personnes interrogées considèrent que les policiers sont les plus corrompus, arrivant en tête devant le Kenya (69%) et la Sierra Leone (69% également).
Dans l'ensemble des pays couverts par l'enquête, une personne interrogée sur trois a indiqué "avoir versé au moins un pot-de-vin au cours de l'année passée pour obtenir un service ou éviter un problème", indique encore Afrobaromètre, qui constate aussi que "les citoyens les plus pauvres sont davantage confrontés aux pots-de-vin que ceux dont la situation financière est plus favorable".
De même source, les mauvaises perceptions des Africains sur la lutte contre la corruption dans leurs pays "persistent en dépit du fait que l'éradication de la corruption et l'amélioration de la gouvernance en Afrique ont été des priorités pour la plupart des grandes organisations internationales et pour de nombreux dirigeants politiques depuis le milieu des années 1990".
Selon une responsable d'Afrobaromètre, depuis 1999, ce projet "mène périodiquement des enquêtes d'opinion sur les attitudes des citoyens dans les pays africains" et ses sondages "sont basés sur des méthodes d'échantillonnage scientifiques représentant 84% de la population du continent".
Des organisations spécialisées dans le développement, la recherche ou l'économie politique du Ghana, du Bénin et du Kenya ont participé à la collecte des données entre 2012 et 2013.