Le porte-parole du gouvernement dénonce la sortie de Amath Dansokho qui a déclaré, samedi, que «notre pays est en danger». Pour Oumar Youm, il y a une «tentative concertée de destruction» des actions du gouvernement.
«C’est une violation du principe de l’obligation de réserve»
Ça va grincer encore au sein de Benno bokk yaakaar (Bby). La réplique de Oumar Youm, hier, à Amath Dansokho qui a fait une sortie au vitriol dans L’observateur de samedi, a été cinglante. Le ministre d’Etat auprès du président de la République dit : «Je sais que, de toute façon, notre pays est en danger ; tout le prouve. C’est très grave ce qui se passe. Nous n’avons pas résolu les problèmes pour lesquels nous nous sommes rassemblés.» Et voilà qui a mis le ministre en charge des Collectivités locales en colère. «Dieu sait qu’il ne se prive pas de parole au Conseil des ministres pour se prononcer sur la marche du gouvernement. Et le chef de l’Etat lui prête une oreille attentive. C’est donc avec beaucoup de surprise que j’ai lu dans la presse son interview où il peint le Sénégal comme un pays en danger ; ce qui est en contradiction avec ses propos tenus en Conseil des ministres où il ne tarit pas d’éloges pour le président de la République et le travail remarquable que le gouvernement est en train de faire. Ce double langage est à mon avis incompréhensible», a dit Oumar Youm en marge de la clôture du Séminaire d’échanges, de partage sur la place et les capacités d’action de la Direction de l’appui au développement local (Dadl) dans la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation et du Pse. Le porte-parole du gouvernement se dit «étonné» par ces propos venant surtout de quelqu’un qui, à la table du Conseil des ministres, s’assoit «juste à côté du chef de l’Etat». C’est, selon M. Youm, à la limite une «violation du principe de l’obligation de réserve», car le ministre d’Etat avait un «cadre propice» pour parler à Macky Sall.
«Il faudrait voir les conditions dans lesquelles Dansokho a fait cet entretien»
Le ministre d’ajouter : «Il faudrait voir les conditions dans lesquelles (Dansokho) a fait cet entretien et dans quel état il se trouvait. Vous savez, c’est une personne âgée et les coups de fatigue peuvent le faire. C’est une rumination qui trouverait sa source dans une prise en charge non satisfaite de desiderata, mais le Peuple sénégalais ne devrait en souffrir ; le gouvernement et le chef de l’Etat non plus.» Le responsable du parti présidentiel à Mbour qualifie la sortie du président d’honneur du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) contre certains directeurs généraux de «faute inexcusable» et estime, par conséquent, qu’«il doit prendre ses responsabilités».
«Il y a une stratégie concertée derrière cette tentative de destruction»
Oumar Youm va plus loin et accuse : «Je crois qu’il y a une stratégie concertée derrière cette tentative de destruction de ce que nous sommes en train de faire. Au-delà de cette maladresse, il y a une volonté d’imploser le Benno et de l’imputer à l’Apr. Mais nous sommes sereins et, peut-être, les prochains jours nous révélerons les tenants et les aboutissants de cette stratégie.» Fait-il allusion à l’appel du Parti socialiste à une coalition des forces de Gauche ? En tous les cas, le responsable de l’Apr ne s’explique pas ce «deux poids deux mesures» de Dansokho qui «voue un respect énorme» au Parti socialiste au point de ne pas commenter ses ambitions présidentielles, mais qui «se donne une liberté de ton pour qualifier les membres de l’Apr et sa jeunesse». Oumar Youm raille tout de même le Pit : «Il (Dansokho) doit se souvenir que l’Apr est certes jeune, mais c’est un parti qui gagne des élections contrairement à d’autres qui, depuis 1962, participent aux élections et ne gagnent rien.»