La machine judiciaire des Cae est fin prête pour l’audience du 20 juillet. Des citations et des convocations sont en train d’être envoyées aux témoins, aux victimes et aux experts pour les besoins du procès qui va juger l’ancien Président du Tchad, Hissein Habré, poursuivi pour des crimes présumés de guerre, crimes contre l’humanité et torture.
L’affaire Habré prend le dernier virage. L’ordre d’extraction décernée mercredi dernier à Hissein Habré pour un interrogatoire d’identité peut être le dernier acte avant le grand oral, prévu le 20 juillet prochain. A presqu’un mois de ce procès historique, tout est fin prêt au niveau des Chambres africaines extraordinaires mises en place pour le juger. «Nous avons, à travers un calendrier, déterminé l’ordre de passage des témoins et des victimes. Nous sommes en train d’envoyer des citations et des convocations aux experts, aux témoins et aux victimes. Toutes les dispositions sont prises pour que le procès ne connaisse pas d’impair», assure une source proche du dossier.
Revenant sur l’attitude de Hissein Habré qui a opté pour le silence devant le Tribunal des Chambres africaines extraordinaires, notre source se veut clair. «Absent ou présent, nous faisons notre travail normalement. Nous avons à notre côté le statut des Chambres et le Code de procédure pénale», soutient notre interlocuteur. A la question de savoir si l’absence de débats contradictoires n’écornera pas l’image du Tribunal ou réduira la portée du verdict qui sera rendu, la source répond ceci : «C’est plutôt l’image du prévenu qui risque d’être écornée car c’est lui qui refuse de répondre aux questions des juges. Il ne faut pas oublier que ce Tribunal est une occasion pour lui de se défendre et d’apporter des preuves de son innocence», soutient-il.
Le jour de l’audience, le Président, qui a un pouvoir discrétionnaire, a deux options devant le refus de l’ex-Président du Tchad de comparaître. «Il peut, à l’aide d’un huissier, constater la non comparution et l’amener de force devant le Tribunal. Il peut aussi passer outre cette comparution et chaque jour lui faire des comptes rendus d’audiences», explique notre interlocuteur qui précise que pour le moment on en n’est pas encore à l’heure du choix.
Mercredi dernier, Hissein Habré avait été amené de force au Tribunal des Cae. Cela avait suscité un tollé. Ses avocats avaient dénoncé la «brutalité» des gardes pénitentiaires. Les robes noires avaient dit que leur client avait été porté comme un bébé pour l’extraire de sa cellule. Habré est en prison depuis plus de deux ans. Il est poursuivi pour des crimes présumés de guerre, de torture et crimes contre l’humanité. Des faits qui lui sont reprochés durant son règne au Tchad entre 1982 et 1990.