Entourée des eaux du Delta du Saloum, au milieu de la mangrove, à 100km du district sanitaire de Foundiougne (Région de Fatick), l’île de Bassar qui fait partie des 18 villages insulaires de cette zone, manque d’eau potable avec la panne de l’unique forage et les puits qui commencent à tarir à force d’être sollicités par les populations.
En visite dans l’île pour une mission de terrain sur la santé maternelle et infantile, des journalistes membres de l’Association des journalistes en santé population et développement ont pu recueillir les doléances du chef de village, de l’Infirmier-chef de poste et de femmes en proie à ‘’d’énormes difficultés pour accéder à une eau potable’’.
C'est à la fin d'une traversée de prés de trois heures en vedette motorisée que le visiteur foule le sable fin et propre du village de Bassar relié par un pont à l’île le plus proche de Bassoul, devenue célèbre par l’ancien Roi des arènes, le lutteur Yakhya Diop Yékini.
‘’Bassoul n’est pas plus loti que Bassar en termes de disponibilité d’eau potable. Dans presque toutes les îles du Saloum, le problème d’eau se pose du fait de la panne des forages’’, renseigne le chef de village de Bassar, Doudou Diène, trouvé en train de faire le dispatching du ciment mis à la disposition des populations pour la construction de latrines.
En effet, du fait de la panne du forage, l’eau des robinets est ‘’très salée et ne peut être utilisée par les populations qui attendent des heures pour que l’eau monte des puits’’, explique le responsable.
Là où des femmes font des kilomètres à pied, à bord de charrettes au niveau du continent pour aller chercher de l’eau, les populations insulaires des îles du Saloum prennent les pirogues courriers, qui font des heures entre deux villages, pour avoir de l’eau dans des bidons de 20 litres.
Sur un pieu du débarcadère du village, un petit tableau en bois affiche les prix de la traversée vers les autres îles voisines. Mais sur cette liste on peut également lire la destination vers la capitale gambienne Banjul qui ne coûte à l’habitant de Bassar que … 500 francs Cfa, alors que pour aller à Dionwar, Diamniadio, Niodior, Baouth ou Wélingara, il faut débourser entre 1000 et 2000 francs Cfa.
C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir des pirogues chargées de bidons blanches et jaunes aller à Banjul chercher de l’eau au frais des villageois, selon le chef de village.
''Aujourd’hui, c’est très difficile d’avoir de l’eau, les femmes font le tour des puits du village. Des fois, il faut attendre jusqu’en milieu de journée pour avoir une bassine d’eau’’, souligne t-il. A quelques mètres du grand fromager qui fait office de place publique, quatre puits recouverts de différentes dimensions, sont entourés de bidons jaunes et de bassines vides.
Il y a d’autres puits dans des maisons, mais ils sont tellement sollicités maintenant qu’ils tarissent à certaines heures de la journée.
''L’eau des robinets est tellement salée qu’on ne peut l’utiliser comme boisson ou pour la cuisson'', explique Khady Ndour, habitante du village, Agent de santé communautaire, relais et matrone au niveau du Poste de santé.
''Même pour le linge, c’est très difficile parce que c’est impossible d’utiliser des morceaux de savon. Il faut avoir du savon en poudre et ce n’est pas toujours efficace'', selon Khady Ndour.
Cette situation entraine d’autres problèmes sanitaires comme les maladies diarrhéiques qui sont également récurrentes. En effet, selon l’Infirmier-chef de Poste, Elhadji Sène, les pathologies les plus récurrentes enregistrées au niveau du poste sont les maladies diarrhéiques au niveau surtout des enfants.
''La santé dépend fortement d'autres facteurs comme la disponibilité d'une eau potable, de l'assainissement, de l'environnement et à défaut d'un de ces facteurs, les populations sont exposées à des pathologies dangereuses'', signale t-il.
Outre l’eau, l’électricité est également rationnée chaque jour de 14h à 1h du matin dans le village où les constructions en dur commencent à sortir de terre pour prendre le pas sur les paillotes et les cases.