Le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Abdoulaye Wade, a convoqué les membres du comité directeur pour ce jour à la permanence Omar Lamine Badji. Cette rencontre se tient dans un contexte tout particulier marqué par la sortie de la bande à Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj qui a plaidé, le 1er juin dernier, pour une réforme des instances du parti. Me Wade fait ainsi face à son premier mouvement interne de protestation posant la question de l’alternance générationnelle à la tête du pds.
La journée du 1er juin est partie pour rester dans les annales du Parti démocratique sénégalais (Pds). Fondé en 1974, le Pds et son secrétaire générale nationale, ont, en effet, vécu, ce jour-là, un événement tout particulier. Un groupe de responsables et militants libéraux, conduits par les députés libéraux, Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj, a plaidé publiquement, lors d’une conférence de presse, pour une réforme des instances du Pds.
Posant du coup le problème d’une alternance générationnelle à la tête du parti. «Il est temps de mettre à la tête des sections et des fédérations les frères et sœurs qui se battent pour maintenir le Pds débout, de restructurer la direction nationale autour de ceux dont l’effort continue à apporter des satisfactions au parti», ont ainsi lancé le groupe du «réformateurs» dans un mémorandum lu à cette occasion et dont une copie serait même remise, peu avant le face à face avec la presse, à Me Wade.
Il s’agit là, d’une situation inédite, pour ne pas dire, une équation à plusieurs inconnues à laquelle Wade père, âgé de plus quatre-vingt ans, est appelé à faire face. Après 26 d’opposition et 12 ans de règne, le pape du sopi va donc devoir pour une première donner une suite à un mouvement contestant son autorité à la tête du Pds. Et, c’est justement au lendemain de cette sortie surmédiatisée de la bande à Fada et Aïda Mbdoj que Wade dont l’expérience n’est plus à démontrer, décide pourtant de convoquer une réunion du comité directeur du Pds, prévue pour ce soir. Quelle décision le vieux politicien va-t-il prendre ? Va-t-il réserver à la bande à Fada et Aïda la même sanction que celle affligée à Idy et Macky ?
Cependant, il faut juste souligner que, Abdoulaye Wade semble ne plus détenir toutes les cartes de son destin. Pour cause, son espoir de voir son fils, Karim Wade le succéder à la tête de l’État et du Pds se trouve aujourd’hui, hypothéqué par un verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui a condamné ce dernier (Karim) à six ans de prison (il lui reste 4 ans) dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Abdoulaye Wade, pour avoir perdu le pouvoir en 2012, n’est plus en position de force comme ce fut le cas, quand il débarquait Idrissa Seck et Macky Sall respectivement de la Primature et du perchoir de l’Assemblée nationale, les poussant ainsi à prendre leur destin en main.
À cela, s’ajoute le fait que le groupe des frondeurs est constitué en grand partie de quelques rares responsables libéraux qui ont gagné ou conservé leur poste à la suite des locales de juin 2014. Quid de Modou Diagne Fada, Aïda Mbodj et Mamadou Lamine Keita ? Tous ont conforté leur leadership au sein du Pds pour avoir obtenu une victoire dans leur localité lors des dernières compétitions électorales. Ce, au moment, comme ils disent dans leur mémorandum, la plus part de ceux qui constituent l’entourage de Wade, mis à part l’actuel coordonnateur du Pds, Oumar Sarr, Iba Der Thiam et Ousmane Ngom ont été dépouillés de leur base par la coalition au pouvoir. Et dans ces conditions, prendre une décision de suspendre du Pds tous ceux qui ont pris part à cette fronde comme le suggère, par ailleurs, l’ex président du Conseil régional de Kolda, cela va certainement anéantir à jamais le peu d’espoir d’un retour aux affaires pour ce parti.